30 décembre 2008

Fumeurs de Pipe est sur Facebook

Depuis quelques temps, je recevais des messages du genre : Luc Piélouche voudrait être ton ami, ou Martina a de gros lanlères et elle voudrait être ton amie. C'est que nous sommes en plein dans la mode des sites dits associatifs. Untel vous connaît, devient votre ami sur un site, et vous signale que vous pourriez être amis avec Arthur, Paul, Pierre, Jacques, que vous ne connaissez ni d'Eve ni d'Adam.
Vous viviez très bien jusqu'à présent sans les connaître, sans même savoir qu'ils existent. Vous vous abstenez donc.
Mais voilà qu'Untel a également prévenu Arthur, Paul, Pierre, Jacques, qu'ils devraient être votre ami.
Il se trouve qu'ils n'ont pas la même pudeur que vous : ils ne vous connaissent pas, n'ont jamais entendu parler de vous, mais ils s'empressent de vous contacter pour devenir "votre ami".
Comme vous ne voulez pas leur faire de peine, ni faire de la peine à Untel, qui s'est donné du mal, vous acceptez.
Vous voilà donc avec plein d'amis que vous ne verrez jamais.
J'ai vu un type s'enorgueillir parce qu'il a 600 amis, au dernier comptage.
Il semblerait que plus on a d'amis, plus on devient un type intéressant.
Bon.
Je dois dire que tout cela m'échappe un peu. Je ne suis pas très à l'aise là-dedans.
J'ai fini par m'inscrire - mais sur un seul site de ce style, ils sont quelques uns maintenant, et j'ai déjà du mal, j'évite de m'éparpiller.
Je me suis donc inscrit sur Facebook, il y a quelques temps.
Et je dois dire qu'il y a plus de bonnes surprises que de mauvaises. Bien sur, il y a la personne dont vous pensiez être débarassé, et qui vous envoie, je crois, un "poke". Je ne sais ce qu'est un poke exactement. Je sais simplement que cette personne, que je m'étais juré de ne plus revoir, a trouvé le moyen de m'emm..... même par le net ! Elle a certainement trouvé très rigolo de m'envoyer un "poke".
Nos jeunes générations, qui zappent quand elles voient un film en noir et blanc, et qui ne comprennent pas tout ce qu'il y a dans Molière, qui ne parlait pas en verlan, savent au moins ce qu'est un "poke". Elles ont donc sur moi un net avantage.
Et puis il y a des gens qui vous retrouvent, et qu'on est ravi de retrouver. C'est le bon côté des choses.
Il y a aussi tout un tas de groupes sur Facebook, et bien sur, des groupes consacrés à la pipe. Je tombe un jour sur un groupe, Fumeurs de Pipes, groupe créé par le neveu d'un pipier français. Je trouve cela sympathique, m'inscris, signale l'existence d'un groupe homonyme. C'est sympathique et détendu, même si le mot groupe ou forum comme on l'entend habituellement ne s'applique pas. Il y a plein de non-fumeurs sur ces groupes, ils s'inscrivent parce qu'ils trouvent la pipe sympathique.
Je découvre un autre groupe homonyme, Fumeur de Pipe, cette fois sans aucun "s".
Comme un malintentionné avait déjà créé des groupes "Fumeurdepipe" sur Yahoo et Google, afin de les rediriger vers son groupe à lui, je prends les devants, et crée à mon tour le groupe Facebook Fumeurs (avec un s) de Pipe (sans s).
C'est que le nom Fumeurs de Pipe était semble-t-il bien trouvé, puisqu'outre les deux faux groupes dont je viens de parler, il existe aussi un nouveau groupe, sous-titré "le monde de la pipe et du tabac", mais qui affiche, sur la barre de titre de votre explorateur : "le forum des fumeurs de pipes".
C'est ce qui s'appelle ratisser large.
Pour revenir au sujet, me voilà donc avec plein d'amis, dont certains pensent que je parle anglais ou italiens couramment. Le bât blesse un peu, mais les échanges restent cordiaux, je n'ai pas du écrire trop de bêtises.
J'ai eu la surprise d'être nommé "représentant pour la France" du groupe "Stanwell Pipes". Certains ont pensé que j'allais recevoir régulièrement des pipes de cette maison, mais il ne s'agit pas de la maison Stanwell, simplement des amateurs de cette marque. Ca me fait très plaisir. Voilà quelque chose à mettre sur ma carte de visite.
On trouve des pages consacrées à Stanwell, Peterson, Savinelli. Simplement, si on y voit parfois de forts belles photos et documents, cela me semble un peu réducteur. Pour s'inscrire à ces groupes, ou "devenir fan", il faut bien sur être assez passionné. Mais une fois qu'on aura dit tout le bien qu'on en pense ?
Heureusement, il y a des gens comme Trever Talbert, David Enrique, Thierry Melan, Rad Davis, simplement, si cela m'amuse de savoir ce qu'ils font à un moment précis, je me rends compte que je n'avais pas besoin de cela pour correspondre avec eux. Il y a aussi des membres du groupe, mais on s'écrivait aussi bien sans ça. Nul besoin pour avoir une correspondance personnelle de passer par Facebook. Mais grâce à Facebook, je sais que Trever prépare une mise à jour, que David va encore manger, que Thierry va ranger ses décorations de Noël, Je sais aussi que Neill Archer Roan boit un bon café et qu'il est content. Neil Flancbaum a photographié le plat qu'il fait mijoter sur sa cuisinière. C'est merveilleux, l'internet.
Pour cela, il faut utiliser la fonction : Que faites-vous en ce moment ? Par exemple, si je marque "Guillaume prend un bain de pieds", cette information capitale va être connue de mes nombreux amis, qui pourront réagir et m'envoyer un petit message.
Et c'est sans fin :
Guillaume
- se fait un Nespresso
- engueule les pigeons qui empêchent les moineaux de venir dans son jardin
- essaie de dresser son chat à faire un saut périlleux
- essaie de calmer son chat qui est monté sur l'armoire et ne veut plus descendre
- s'est vu dans la glace et a sursauté
- devrait gagner au loto, s'il y avait une justice

Tout cela pour dire que je ne sais pas très bien ce qu'il va advenir de ce groupe sur Facebook !
Mais qu'il faut être de sont temps, une fois publié ce billet, je n'oublierai pas d'avertir tous mes amis.

10 décembre 2008

Animateur de forum, et une belle affiche de pipes


Etre animateur d'un forum n'est pas toujours facile. Disons que l'exercice relève de l'équilibre. De quoi se compose un forum ? D'une multitude de lecteurs. De quelques participants, au coup par coup. Et de ce que l'on appelle un noyau dur.

Les lecteurs adressent parfois un mail à l'animateur du forum, pour lui dire qu'ils suivent toujours le groupe, avec attention, et beaucoup de plaisir.

Certains travaillent, et n'ont pas accès au forum de leur bureau. Quand ils rentrent, les réponses qu'ils auraient pu apporter l'ont déjà été par d'autres; Ils ne voient rien à ajouter, et je les comprends.

Les quelques participants au coup par coup interviennent parfois pour poser une question. Elle est parfois pertinente. D'autre fois, ils se contentent de lire le titre du fil, et pose une question qui a déjà été longuement abordée. (En fait, la réponse est là, trois messages plus haut).

Le noyau dur est toujours présent, même s'il a parfois des absences. Le noyau dur est parfois un noyau mou. Normal, ils ont l'impression d'être les seuls à répondre à des questions parfois simples. Ils se demandent parfois pourquoi personne ne prend le relais. Et mine de rien, si l'on regarde, ils ont eux aussi un travail.

Il y a parfois des périodes où les conversations à bâtons rompues s'enchainent sans discontinuer. Ce sont de bons moments pour l'animateur. Il a l'esprit tranquille. Même s'il est occupé à autre chose, il entend le bruit caractéristique des mails qui arrivent - enfin, s'il utilise un programme de mail, type outlook. Le choix du signal sonore est assez large : couinement de dauphin, meuh de vache, henissement (le cheval), braiement (l'âne), piaulement (l'albatros), croutement (la bécasse), miaulement (la buse)*, grincement (la chauve-souris), etc. ...
Bien sur il y a aussi le sifflet de locomotive, ou la sirène du transatlantique, mais c'est assez pénible au bout d'un moment.

Il y a aussi des périodes creuses, les pires pour l'animateur. Il se lève le matin, nourrit son chat, se cogne dans la chaise, regarde ses messages : rien ! Ou plutôt si, les pubs habituelles pour le viagra (j'ai plein d'adresses), et des tas de trucs qui n'ont rien à voir avec son forum.

Surpris, il va vérifier directement sur son forum : rien. Les dernières pipes d'Untel, tout le monde s'en fout. Un nouveau site ? Bof. Une question d'un des membres : c'est quoi culottage? Silence.

Bon. L'animateur sent déjà que son groupe entre dans une période calme. Il va falloir tenter de relancer un peu tout ça. Il va se faire un café, et bourre sa première pipe.

Ici, l'animateur a deux possibilités :
il a l'habitude de laisser la bride sur le cou à ses membres, et il sait qu'en balançant une ou deux vannes de bon goût, du genre :
-qu'est-ce qui est vert et qui sent le cochon ?
Réponse : le doigt de Kermit
il va relancer l'intérêt de ses membres.
On peut alors se laisser à balancer des recettes de cuisine, s'extasier sur le côté convivial de la chose, parler de ses vancances, etc. ...
C'est reparti, il va y avoir plein de messages, signe d'un groupe vivant.

Ou il évite depuis si longtemps ce genre de débordements que ses membres, quand ils se laissent aller, une fois n'est pas coutume, décident d'eux-mêmes de s'arrêter là, parce qu'ils vont "se faire taper sur les doigts".
Il va donc lui être un peu plus difficile de faire quelque chose.
Il regarde ce qui se passe sur les blogs : en période d'élections, les américains parlent d'Obama, après c'est Thanksgiving, ils se reposent.
Les blogs français, voyons, ils vont bien avoir un sujet d'actualité : le tabac gris à travers les âges. Bon, tant pis.
Bien sur, il y a la solution de facilité, qui consiste à lancer un ou plusieurs sondages. En règle générale, les Français adorent être consultés. Mais lorsqu'on choisit le sondage comme solution de secours, la question est généralement assez bateau, et n'intéresse pas grand monde.

Bon, déjà, commencer par répondre aux messages de la veille. C'est vite fait, et ça n'est souvent aussi qu'une redite des réponses déjà apportées.
Ah si, tiens, hier, il y en a un qui a promis de raconter un truc, mais pas tout de suite. On va essayer de le relancer.
Ah, dommage, il y avait une discussion intéressante, mais elle s'est arrêtée là. L'animateur était pourtant persuadé qu'il y aurait quelques avis sur la question.
Ah tiens, chouette, ça hennit (ou aboie, meugle, etc. ... rayez la mention inutile). Allons voir. Chic, un membre du Groupe ! Ah flute ! un message perso ! Que dit-il : je trouve bien ta réponse à Fourneau 412, mais je pense que tu exagères un peu, tu aurais du dire ça :....
Super ! Mais pourquoi me l'écrit-il à moi, ça ?? Pourquoi pas sur le groupe ?
Bon, on reste aux aguets, ça va bien se décoincer ?
Hihan ! encore un mail, voyons... OUI ! C'est bien passé sur le groupe ! Chic, chic, chic ! Précipitons-nous !
Le titre : Messages
Le texte : JE RECOIS TROP DE MESSAGES MERCI DE ME DESABONNER
Là, vous poussez un soupir, vous allez vous refaire un café.
Vous écrivez à la personne pour lui demander si vraiment elle pense qu'elle a fait une erreur, ou si c'est seulement le nombre de messages qui l'ennuie, auquel cas ça peut s'arranger. Tout en vous demandant pourquoi ce genre de truc arrive justement les jours où il ne se passe rien.
Le temps passe...
Vous allez jeter un oeil sur votre site, et vous tombez sur une coquille, une faute de frappe, énorme. Vous corrigez. Vous vous rendez compte que certaines pages, plus anciennes, n'ont pas exactement la même mise en page que les autres. Vous commencez à corriger.
Meuh ! vite, mes mails !
La personne vous répond que si il y a moyen de ne plus recevoir tous les messages, elle préfère rester. Vous lui assurez que vous allez faire la modification, et vous lui redonnez le lien qu'elle a reçu lors de son inscription, et qui détaille ce genre de choses.
Troisième café
Ah un message : quelqu'un est content de telle rubrique, et trouve que c'est une très bonne idée. Il demande depuis quand elle existe. Depuis trois jours, comme indiqué sur la newsletter qu'il n'a pas lue, mais ça fait plaisir.
Comme vous trouvez le temps long, vous cherchez des raisons. Vous vous rendez compte au bout d'un moment que celles qui vous viennent à l'esprit sont les mêmes que celles qu'inventent les directeurs de théâtre pour se rassurer : la pluie et le beau temps.
Les premiers froids sont là, et les premiers rhumes, angines, toux, arrivent.
Ou alors ce sont les premiers beaux jours, et les gens préfèrent sortir que de s'enfermer.

Ces explications ne sont pas fausses d'ailleurs. Mais il y en a une autre toute simple. Je l'avais écrit il y a un bon moment à mes membres (mes membres, ça fait prétentieux d'écrire ça !) et j'ai du le redire une ou deux fois : Ce groupe est ce que vous en faites.
Comme la situation que je décris est inhérente à tout forum, j'ai d'ailleurs constaté que la phrase a été reprise - bizarrement par quelqu'un qui n'appécie pas ma façon de faire. Il a écrit : Ce groupe est ce que les membres en font.

Tout simplement. Alors parfois, on ronge son frein. Mais les gens ont une vie. C'est vous qui perdez la votre à vous inquiéter. Tenez, faites un rapide compte des messages du jour. Vous vous rendrez compte que ça n'est pas si mal.
Les gens ne sont pas FORCES d'écrire. C'est vous qui vous forcez à passer la journée devant votre écran dans ces cas-là.

Alors détendez-vous. Et buvez moins de café. C'est mauvais pour le coeur.

Heureusement, parfois, vous vous sentez moins seul. Il y a des initiatives. Récemment, pour les 6 ans du groupe, David Enrique a eu la gentillesse d'arranger une galerie pour les Fumeurs de Pipe. Ils peuvent y exposer leurs pipes.
Et puis la semaine dernière, un nouvel arrivant s'est lancé dans un truc qui lui a demandé pas mal d'heures de boulot : une affiche "Pipe Shapes". Merlu s'est donné beaucoup de mal. La lithographie est superbe. Il en demande 50 euros, ce qui n'est rien pour la somme de travail. Il a même eu la bonne idée de proposer un échange : lithographie contre pipe(s).

Alors, si vous n'avez plus beaucoup de sous, voilà un moyen de vous faire plaisir, et d'améliorer votre décoration intérieure. Il n'y en a que 99 exemplaires.

Et ceux qui suivent ce blog, même ceux qui ne m'apprécient pas, pourront se faire plaisir.

*eh oui, ça m'a surpris aussi, la buse miaule. Depuis que je l'ai dit à mon chat, nous sommes en froid. Et la bécasse croûte. Je sais bien que j'ai l'air de faire un mauvais jeu de mot mais c'est vrai !


27 novembre 2008

La Boutique Cadeaux de Trever et Emily Talbert


Fumer n'est plus seulement interdit, c'est en plus mal vu. Nombre de mes camarades fumeurs de pipe, au bureau, sont obligés de tenir cachée l'arme du crime, leur pipe. Certains les laissent dans leur tiroir, celui qui ferme à clef. Comme ils ne goûtent pas le fait de sortir vite fait dans la rue, histoire de tirer quelques bouffées, ils préfèrent s'abstenir. Néanmoins, le contact et la présence de leur chères pipes leur manquent.

Le bureau du fumeur de pipe doit absolument ressembler à celui d'un non-fumeur. Une vision aseptisée qui plaît aux chefs, aux sous-chefs, aux responsables de la com et de l'image. Plus de vieille bruyère patinée par les ans. Surtout pas de pipe extravagantes. Les maïs font paysan.

Il n'y a donc plus moyen pour un fumeur de pipe de se souvenir, et de rappeler discrêtement que le fumeur n'est pas seulement celui que l'on croise sur le trottoir, sous la pluie.

Eh bien, Trever et Emily Talbert ont trouvé une solution.

Le travailleur a besoin d'un calendrier : il peut maintenant afficher un calendrier s'ornant de photo des Goblins de Trever.
Le travailleur est autorisé à boire du café, il n'en sera que plus vif au travail : Trever propose des mugs ornés de ses pipes.
Le travailleur, s'il a un bureau personnel, ne pourra malgré tout pas se voir refuser d'avoir une horloge murale : une belle horloge murale, avec le logo des pipes Talbert, existe.
Le travailleur a besoin d'un tapis de souris : le mousepad Goblin est là.

Et je ne parle pas du nounours en peluche, de la toque du chef de cuisine, des magnets, des cartes postales, de la chope de bière, toutes choses plus difficiles à arborer sur son lieu de travail, à moins d'être cuisinier dans une taverne alsacienne.

Je vous vois déjà, les larmes aux yeux vous empêchant de lire ce billet, qui ne sera pas long cette fois-ci, posant à voix haute cette question : Mais où ? Où ? C'est où ? Ouuuuuuù ?

Voyons, reprenez-vous, vous allez vous faire repérer !

Trever et Emily ont ouvert leur boutique sur le site Cafepress, il suffit de cliquer sur le titre de ce fil, vous allez pouvoir vous faire plaisir à peu de frais.

Même devant vos chefs, vos collègues, votre femme, vous pourrez marcher la tête haute !

20 novembre 2008

Une écume de Fikri Baki, et plus de 1 000 membres


L'écume rend-elle fou ?

J'aurais pu titrer ce billet : ma première écume, tant il est clair qu'elle n'a rien à voir avec celles que j'ai pu fumer avant. Mais c'est une vraie découverte. Voilà longtemps qu' Erwin Van Hove nous parle des écume de Fikri Baki. Et lors du choix du pipier du Groupe, cette année, David Enrique n'étant pas disponible, il a proposé une écume. L'idée semble-t-il a plu, puisque c'est 65 pipes qui ont été commandées.

Je dois dire que j'ai été surpris du côté "solide" de cette pipe. Pas de vis à tourner, un perçage large, une écume qui se fume ! Jusqu'alors, je dois avouer que ces histoires d'écume m'ennuyaient, malheureux que j'étais ! Je regrette de n'avoir pu choisir, non pas une pipe, mais deux ou trois. Mais ça n'est que partie remise.

La pipe du groupe Fumeurs de Pipe arrive chez ses heureux propriétaires à un rythme soutenu. Et voilà qu'il est curieux d'observer les réactions des nouveaux possesseurs d'une pipe en écume. Nous avons tous en tête de très belles images de pipes en écume, merveilleusement colorées. Et voilà qu'arrive une pipe immaculée. On prend de bonnes résolutions, comme pour le Nouvel An : cette année, j'arrêterai de parler à ma chatte en disant "t'as faim la grosse ?"...On se dit qu'on va prendre soin de cette pipe. La traiter avec douceur. On se repenche sur tous les trucs données ici et là. On prendra garde à ne pas toucher l'écume, seulement le tuyau. On mettra des gants. On y fumera du latakia, pour qu'elle se colore plus vite. On se lavera les mains. On se mouchera. Certains y vont même de leur truc maison : on enferme la pipe dans un récipient quelconque, et on souffle dessus de la fumée. On se promet de la fumer tous les jours. Attention aux soixante premières fois. Attention aux cinquante premières fois. Attention aux trente premières fois.

On finit avec tout ça par perdre de vue qu'une pipe est faite pour être fumée. Que ça doit être un bon moment de passé. On se met plein de bâtons dans les roues. Le plus important n'est-il pas de se satisfaire de sa pipe, et d'en profiter ?

A ce sujet, je ne peux m'empêcher de noter avec amusement que, sur un blog qui se voulait personnel, mais qui se veut maintenant corporatif - après qu' Erwin Van Hove ait appelé les membres de Fumeurs de Pipe à prendre la plume - on peut lire, sur deux lignes, "l'artisan Pierre Morel", et "le turc Fikri Baki". Pauvre Fikri Baki ! Il aurait pu être artisan, mais pas de chance pour lui, il est turc, n'est-ce pas. Ca n'est donc pas un artisan. Il faut dire qu'il n'a pas forcément droit au même traitement que ceux qui revendent des écumes à 500 euros. Ses prix sont honnêtes. Allez, Fikri, un petit effort, tu n'es pas assez cher pour être pris au sérieux par certains.

Il serait tout de même curieux que je n'aborde pas le sujet, d'autant que d'autres ne s'en priveraient pas. Le groupe de discussion Fumeurs de Pipe vient de dépasser les 1 000 membres. On m'a écrit plein de choses très gentilles à ce sujet. Même si ça n'est qu'un chiffre, ça fait tout de même plaisir. Bon, maintenant il faut passer à la suite. David Enrique a écrit fort justement : "ce n'est pas la quantité de membres qui compte mais la qualité des interventions et le fait d'avoir toujours un noyau actif qui ne se lasse pas. Donc bravo à Guillaume et bravo à toutes les personnes qui font fonctionner ce groupe."

Je n'aurais pas dit mieux. Certains ont dit que j'avais changé leur vie pipière, je n'y suis finalement pas pour grand chose. Ce sont ceux qui expriment bien mieux que moi des opinions, qui mettent en avant tel ou tel pipier, ceux qui répondent aux questions, ceux qui en posent, ceux qui ne sont pas d'accord et qui savent dire calmement, de façon circonstanciée pourquoi, ce sont ceux là qui font qu'après avoir eu envie de nous rejoindre, on peut avoir envie de rester.

Je disais qu'il faut passer à autre chose, en fait il faut maintenant continuer. Les faits ont voulu que je manque de temps cette année pour concrétiser tout ce que je voulais faire. Des rubriques du site à refaire, certaines à mettre en veilleuse, faute de temps je ne peux tout faire. Certaines aides promises m'ont fait défaut, et je ne peux non plus en demander plus à certains ! Mais enfin certains projets verront je l'espère le jour.

Je dois dire que j'ai pensé parfois que cela ne durerait pas autant que cela, six ans cette année ! Mais finalement, il y aura toujours des fumeurs de pipe débutants, ils se poseront toujours les mêmes questions, et attendront toujours autant de conseils.

Tout compte fait, cette longévité me laisse penser que je n'ai pas fait autant d'erreurs qu'on a bien voulu me le dire parfois. M'expliquer comment il faut faire est devenu un sport. Que de conseils ! Je note avec amusement que mes idées, ou celles de membres du Groupe, sont reprises avec entrain pourtant - et sans vergogne aucune.

Cela va même assez loin parfois : sur une encyclopédie en ligne, je trouve des articles sur la pipe et les tabacs. J'y lis un résumé des informations que l'on peut trouver depuis longtemps sur le site - normal, on a rien inventé, mais la contrefaçon est assez flagrante. Ca n'est pas la première, ni la dernière. Mais, curieusement, au chapitre des liens, je vois seulement un blog et un forum. Un seul forum. Alors qu'il y en a maintenant quatre. Je comprendrais cela très bien sur un blog personnel. Mais quand on se veut encyclopédique, il faut donc être exhaustif. Outre les liens, le lecteur est invité plusieurs fois, dans le texte, à visiter le forum en question. On peut noter l'élégance du procédé.

A l'occasion de la dernière mise à jour du site, je me suis amusé à compter les liens disponibles : 570. Et tous les forums français y sont affichés. Certainement encore une preuve d'intolérance de ma part.

19 octobre 2008

Une pipe Goblin de Trever Talbert

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On a parfois de mauvaises surprises, et il faut se résoudre à vendre certaines de ses pipes. Je ne parle pas des pipes que l'on a de bonnes raisons de ne pas aimer, et que du coup l'on sait d'emblée qu'on n'osera pas les revendre un jour. Je parle de bonnes pipes, de fidèles compagnes, auxquelles sont rattachées de bons moments et de bons souvenirs. C'est donc toujours difficile. Déjà, il faut faire un choix. Ce choix est motivé par la somme que l'on a besoin d'obtenir, pour de mauvaises raisons forcément, et par le fait que si l'on a plusieurs pipes d'un même pipier, on essaie d'en garder quelques unes. Mais parfois, cette seule pipe, qui nous plaisait tant, il faut la vendre. Moche.

Tant qu'à faire, il faut dès lors essayer de les vendre à des personnes à qui elles feront plaisir, et dont on sait qu'elles les apprécieront. Cela peut se faire de visu, et là il est toujours plaisant de voir la personne hésiter, calculer, les yeux brillants. C'est une consolation.

Ou alors cela se fait à distance. On ne connaît pas toujours les acheteurs, ou alors par échange de mails interposés. Il en est même que finalement on a l'impression de bien connaître, puisqu'on les côtoie par écrit depuis quelques années parfois.

Dans ces deux cas, on est rassuré. Là où ça se gâte, c'est quand on vend à quelqu'un qu'on ne connait pas. Ce peut être un passionné, ou un amateur qui a craqué, pour la forme et la beauté de l'objet. Ca peut être quelqu'un qui n'en prendra pas soin. Quelqu'un qui la laissera dans un coin parce que finalement elle ne lui convient pas. Quelqu'un qui fumera n'importe quoi dedans. Ou quelqu'un qui en dira du mal.

Je dois donc vendre des pipes ces temps-ci, ce qui me fait mesurer à quel point on doit en profiter quand on les a, et comme il faut les soigner. Certains parlent à leurs plantes, et leur font écouter de la musique classique, je ne dis pas qu'il faut aller jusque là, mais bon...

Tout de même, il y a encore quelques jours, comme je suis quelqu'un d'optimiste, (c'était avant les mauvaises nouvelles), ou de faible, j'ai craqué pour deux pipes. Je ne peux pas résister à vous montrer la première. La voici. Etonnant, non ?

Là, je vous laisse un peu de temps... Tenez, allez vous servir un verre. Moi-même je vais faire une pause, je vous laisse, à tout de suite.










Vous êtes revenu ? Respirez. Et regardez la. Mais oui, c'est une Goblin ! Une pipe verte, comme les martiens. Et d'ailleurs quand je suis sorti avec dans la rue, les gens m'ont regardé comme si j'étais un martien. Pour être précis, je dois dire qu'ils regardaient SURTOUT la pipe. Cette pipe est LA solution pour sortir incognito. On ne vous voit plus. Les gens vous laissent passer. Les enfants se serrent contre leur mère. Un caniche nain a fait sous lui. Bref, j'étais tranquille.

Je suis bien sur que la première question qui vous est venue à l'esprit est : Ca se fume, ça ???!!

Et bien, oui, ça se fume très bien. D'ailleurs pourquoi voudriez-vous que Trever Talbert travaille des jours sur une pipe comme ça, si c'était pour qu'elle ne soit pas fumable ? Car outre ses talents de sculpteur lovecraftien, Trever est avant tout sculpteur. J'écris lovecraftien parce que Trever s'inspire des écrits d'un écrivain américain bien connu des amateurs, Lovecraft. Ctulhu, Dagon, le Necronomicon, tout cela dans une seule pipe. Pour l'instant, elle se défend très bien avec les virginie, mais je n'ai pas encore essayé les latakias, pour voir.

Malgré un léger sifflement, une fois le tabac tassé, elle se fume parfaitement. Et là où l'on reconnait le savoir-faire, cette pipe qui semble être faite pour être tenue en main, se fait parfaitement oublier en bouche. Bon, je pourrais encore longtemps en parler, mais il suffit de faire une recherche sur ce blog avec "Trever" ou "Talbert".

Alors je sais ce que vous allez dire : cette pipe est moche. Eh bien non, pas du tout. La question n'est d'ailleurs pas là. Cette pipe n'a rien à voir avec la question : est-ce beau ou non ? Elle est hors norme. C'est une Goblin. On ne lui demande pas de ressembler aux canons classiques. Elle n'est pas là pour ça. En tant que Goblin, elle est splendide. Qu'on ne s'y méprenne pas : je n'ai chez moi aucune figurine du type Donjons et Dragons, pas de statuette d'Alien non plus. Je ne suis pas un fanatique des films de vampires.

Il n'est pas question de bon ou de mauvais goût ici. Le mauvais goût, il y en a bien d'autres exemples. Et personne ne les note. Je vois souvent dans les forums, c'est assez connu d'ailleurs, une preuve de mauvais goût certaine : faire allusion à la seconde guerre mondiale, et aux crimes nazis, à propos de tout et de n'importe quoi. Ca c'est de mauvais goût. Ca porte d'ailleurs un nom, ça s'appelle le point Goodwin. Le point Goodwin est atteint lorsque, au cours d'une discussion, une personne, qui manque d'arguments, et ne peut plus répondre logiquement, sans reconnaître qu'elle s'est trompée tout simplement, taxe son interlocuteur de procédés, d'emploi de mots, qui rappellent "les heures les plus noires de notre histoire". A noter d'ailleurs que l'on peut remplacer "noires" par "sombres". Ca marche aussi bien.

Celui qui emploie ce genre de stratégie a deux buts : discriminer son adversaire, et se donner bonne conscience. Lui, que cela révolte, est du bon côté. D'ailleurs il le dit. Ca n'est pas ce qu'on lui demande, mais c'est tout ce qu'il a trouvé. Il se donne un satisfecit, alors qu'il pointe du doigt son adversaire en lui faisant un mauvais procès. C'est de mauvais goût.

C'est d'autant plus de mauvais goût que mêler à des discussions sur la pipe, les rosiers, la sardine, que sais-je encore, la mémoire de millions de personnes tuées dans des conditions atroces, c'est excessif, boursouflé, vulgaire.

Eux qui voudraient qu'on les respecte, user de tels procédés, c'est nauséabond. Je crois qu'il faut raison garder, ce n'est pas en écrivant, frémissant d'indignation (c'est très facile, l'indignation, finalement), "les heures les plus noires de notre histoire", qu'on a forcément raison. Ne mélangeons pas, ne confondons pas.

05 octobre 2008

Lettre ouverte à la femme qui aurait pu partager ma vie à propos d'une pipe de Trever Talbert et d'autres petites choses *


Ma Chérie, mon Amour, ma Vie,

comme tout couple amoureux comme aux premiers jours, nous avons parfois de petites discussions qui, sans dégénérer, perturbent tout de même notre équilibre. Tout cela à cause de mes pipes. Et je m'aperçois, en lisant certains propos de mes camarades, sur le forum (auquel d'ailleurs tu me reproches de consacrer trop de temps), que nous ne sommes pas une exception.

En effet, beaucoup font, en passant, quelques remarques, sur leur femme "qui tient les cordons de la bourse", qui "n'aime pas mon tabac, ou son odeur", qui "râle à cause de tous ces brins de tabac qui traînent dans les draps", de ces pipes "qui encombrent jusque dans la salle de bains". Je ne parle pas de ceux qui, avant de m'acheter une pipe, vont "en parler à leur femme", et qui un peu plus tard, me demandent s'il est possible de payer en plusieurs fois.

Ca n'est pas tout : quand, pris de remords, je me décide à ranger les quelques brins de tabac qui sont si joliment éparpillés sur la table basse, et que j'en profite pour nettoyer quelques pipes, tu protestes parce que je laisse traîner mes chenillettes, que tu ne me laisses pas le temps de jeter. Pire, quand je m'escrime à enlever le culottage en trop, et que forcément une fine poussière noire atterrit doucement sur le tapis, tu marmonnes que c'est encore toi qui va devoir passer l'aspirateur. Tu m'avais même défendu d'acheter un porte-pipe aérien d'Adam Davidson, alors que je prétendais que c'était pour ranger deux pipes. Et, quand je dois aller récupérer quelques unes des pipes achetées d'occasion, que l'on propose aux membres débutants du forum, je suis obligé d'aller à la cave...

Et ça ne serait rien, si tu ne ratais pas une occasion de parler "d'odeur de pneu brûlé" quand je déguste un latakia. Et pourquoi t'obstines-tu à dire que mes pipes sablées ou guillochées te font penser à des abats ? A ce sujet, je reconnais que quand tu as dit que l'une d'entre elle ressemblait à de la cervelle, je n'aurais pas du te répondre : ne parle pas de ce que tu ne connais pas.

Alors oui, Petite Colombe, tu partages ta vie avec un fumeur de pipe. Mais reconnais que tu étais prévenue. Souviens-toi de ta honte lorsque, apportant une de mes vestes au pressing, sous prétexte qu'elle devenait informe (!), la bonne blanchisseuse a sorti trois pipes pleines de cendres de mes poches. Souviens-toi de ma joie à ton retour, il y en avait justement une que je cherchais pour la bourrer (en me relisant, je m'aperçois que cette phrase peut prêter à malentendu, honni soit qui mal y pense).

Je reconnais, ma Joujoune en sucre, que tu as tout de même essayé de t'y mettre - mais le cœur n'y était pas, je sentais bien que ce n'était là qu'une façon de te rapprocher de moi.

Mais toi, pose-toi la question : cherche-je (ça n'est pas français, mais dites-le à haute voix dix fois de suite sans respirer, c'est un bon exercice de diction), est-ce que je cherche à te dégoûter de tes cigarettes roulées ? Te rends-tu compte que si nous allons devoir changer la housse du canapé, il en va plus de ta faute que de la mienne ? M'as-tu vu seulement soupirer quand ce fichu petit filtre, que tu mets pour te donner bonne conscience, se décroche et tombe par terre, que tu t'obstines à le ramasser, et à le remettre dans le droit chemin, si j'ose dire, en te servant pour cela de la pointe de mon bourre-pipe tchèque ?

Tu reconnais toi-même que le chat, notre chat, préfère ronronner sur mes genoux, plutôt que sur les tiens, quand tu fumes ton clope.

Je voulais te parler de tout cela de vive voix, mais il est plus facile de t'écrire. Je note d'ailleurs que quand cette pipe de Trever est arrivée, tu n'as pas émis les sarcasmes habituels. Celle-ci a eu ton accord, elle est, d'après toi, beaucoup plus jolie que les autres. Tu m'as même écouté quand je t'ai parlé de cette sensation de confort que je ressentais, malgré ce bec plus épais que sur mes autres pipes, et pourtant si agréable en bouche. Tu as d'ailleurs été ravie que je préfère y fumer du virginie, ou du virginie/perique. Tu as même pris le temps d'admirer le sablage, et tu t'es étonnée de la différence qu'il y a entre les surfaces droite et gauche du fourneau. Tu as été surprise de sa légèreté. Tu as même approuvé quand je t'ai signalé que Trever se fait aider de sa femme Emily. Tu m'as même, pour la première fois, un peu reproché d'avoir donné une pipe de Trever à une de mes amies qui fume, parfois, la pipe. J'ai senti là une de ces petites pointes de jalousie qui me rassurent quand à l'amour que tu me portes.

Histoire de battre le fer tant qu'il est chaud, j'ai évoqué le prix tout à fait abordable de cette pipe. Tu as répondu que je devrais m'adresser plus souvent à Trever, mais depuis que je le connais, c'est la neuvième que je lui achète, et il faut un peu en laisser aux autres. Je n'ai pas osé te parler de la Goblin qu'un membre du forum a mis en vente récemment, et pour laquelle j'ai craqué. C'est en cachette que je taperai dans un crédit, si c'est encore possible. Je crois d'ailleurs que c'est aussi en cachette que je devrai la fumer, en tout cas en ton absence, quand tu pars chez ta mère. Je ne la montrerai qu'aux amis. Je crois que celle-la, de par son aspect, te laissera sur le flanc.

Pour finir, je voudrais juste te signaler que l'on nous met déjà assez à mal, nous fumeurs, et qu'il n'est pas du tout constructif que nous nous querellions entre nous. Je t'ai parlé de ce couple de malaisiens : au cours d'une visite à la famille, ils ont parlé des problèmes que rencontrait le mari pour arrêter de fumer. Sa femme étant asthmatique, ça n'était évidemment pas une bonne idée. L'un des membres de la famille, qui fait partie d'une secte, a eu la bonne idée de leur proposer un rituel censé les libérer du mal. Il s'agissait de leur taper dessus. Ils en sont morts. Je pense qu'il aurait du continuer à fumer, ils seraient morts plus tard. Mais je ne peux m'empêcher aussi de songer à certains effets néfastes des croisades anti-tabac. Quel malade, quelle femme d'un malade, accepteraient de se faire battre, à moins qu'on ne lui répête sans cesse qu'il fait partie de la lie de la société ? Je voulais t'assurer en tout cas que je préfèrerais cesser de fumer, plutôt que de te faire battre.

Ton petit cachou


*Oui, vous avez remarqué, mes titres sont de plus en plus longs. Bien sur j'aurais pu faire comme avant, me contenter de "une pipe de Trever Talbert" - mais ça aussi on me l'a copié, alors j'essaie autre chose. Je songe d'ailleurs à présenter un billet avec un titre d'une trentaine de ligne, et un texte d'une ligne.

05 septembre 2008

Bourre-pipes de Thierry Melan, Polonium, et divagations habituelles


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Mon dernier billet remonte à cinq semaines ! Entretemps, je reçois des mails très gentils : "Continue, on t'aime" (Robert X, Maubeuge), "tu es grand, tu es beau, tu sens bon le sable chaud" (Josyane Cruchon, Knokke le Zoutte), "à quand le retour de vacances ?" (Yves G, Saint-Claude), etc. ...

De fait, je n'étais pas en vacances.

Et pourtant les sujets ne manquent pas, ces temps-ci.

A commencer par le Polonium 210. La semaine dernière, toute la presse, écrite, tv, radio, ce que l'on appelle les médias, ou les merdias si on ne les aime pas, a dévoilé une information connue depuis... 42 ans ! Car cette information, oui, mes bien chers frères, est connue depuis 42 ans. Je m'en souviens parfaitement, je suis né cette année-là. Vous me direz que j'exagère, mais j'étais déjà précoce à l'époque.

Il y a tout de même deux questions que l'on peut se poser :

Ca n'est pas le tabac qui est radioactif, mais les engrais dont on les arrose. Question N°1 : cet engrais est-il réservé aux seuls plants de tabac ?

Question N°2 : alors pourquoi tout à coup faire un battage avec ça ? Pour faire oublier que nos plats cuisinés, que l'on trouve dans les grandes surfaces, ainsi que nos légumes, ont eux aussi droit à un petit passage de rayons ?

Bon, je n'ai pas la réponse.

Je reçois ce matin une publicité pour une revue de consommateurs. Sur l'enveloppe, ce texte :

Le saviez-vous ? Ce shampoing vendu partout contient des substances toxiques très dangereuses...

Mais ça, avant de recevoir cette enveloppe, je n'en avais pas entendu parler. Notez que cette phrase n'apparaît pas sur les flacons du shampoing en question. Pas d'avis sanitaire sur les shampoings, ça la ficherait mal.

Sur un site Internet, je lis ceci : Malgré son origine naturelle, le radon est un gaz radioactif cancérigène. Il est présent surtout dans les sous-sols volcaniques et granitiques. La Bretagne est donc fortement concernée. Sa présence à des concentrations élevées dans les lieux confinés en fait un élément à traquer par la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales (Drass).

Pourtant les bretons sont toujours là. Que fait l'Etat ?

Bon, j'ai l'habitude de parler de pipes ici, suivant mes derniers arrivages, mais j'ai reçu ces temps-ci une note fort gentille des impôts. Ca dit en gros : tu as travaillé, tu as payé eau, gaz, électricité, tu as même pu te payer l'internet. Il te reste de l'argent. Donne-le nous.

Le problème est qu'il ne me reste pas un kopek, mais qu'il va falloir tout de même que je les donne. Donc, très calme sur la pipe ces temps-ci. J'en ai quelques unes que je garde pour plus tard.

Non, pour le coup, je vais encore me défausser en parlant de bourre-pipes. Je ne vais pas encore vous donner le lien de l'article de Fred Hanna, je n'ose plus. il y a toujours des gens pour prendre ça au sérieux... Il devrait y avoir des avis sur certains articles : Attention, ceci n'est pas à prendre au premier degré...

Donc, voici, d'un coup, trois bourre-pipes. Vous apprécierez la différence des styles. C'est pourtant le même auteur. Il s'agit de Thierry Melan. En cliquant sur le titre, vous arriverez sur son site. Pourquoi ne pas nous parler de ses pipes, me direz-vous ? Eh bien, c'est un peu de notre faute à tous les deux. Un de ses modèles m'avait tapé dans l'oeil. J'ai donc demandé à Thierry de m'en faire une. Mais le soucis, c'est qu'il a beaucoup de travail. Thierry est de plus en plus connu sur la place de Paris, et ailleurs, pour réparer et remettre à neuf les pipes des maladroits ou des distraits. Il s'est en plus chargé de remettre à neuf les pipes du Panier du Groupe - pipes d'occasion qui sont proposées aux fumeurs débutants ou qui ont eu aussi reçu une gentille lettre des impôts ( tu as travaillé, tu as payé, etc. ...). Cela permet donc à ceux qui n'ont pas toujours les moyens, ou qui ne sont pas surs d'être vraiment des amateurs, de tester cela tranquillement. Puis, Thierry prend tout de même le temps de fabriquer ses pipes. Mais il a aussi beaucoup de commandes. Entretemps, ayant reçu la gentille lettre, je lui ai demandé de ne pas se presser. Du coup, je suis obligé d'en laisser passer d'autres ! C'est assez étonnant, nous sommes à 300 mètres de distance l'un de l'autre, se serait pourtant bien pratique, mais c'est comme ça. Voilà pourquoi, plutôt que de vous parler de ses pipes, j'ai réuni, au prix d'un gros travail, trois de ses bourre-pipes dans cette magnifique image.

Le premier, qui fait partie de la série Tiki, m'a plu tout de suite par son côté "Art Premier" comme on dit aujourd'hui. J'ai chez moi de vieilles sculptures africaines, il ne dépare pas. De plus, j'ai depuis longtemps envie d'une pipe verte de Trever Talbert, et cette pipe, si je ne l'ai pas encore, a déjà son bourre-pipe. Il ne quitte pas ma table.

Le second, beaucoup plus présentable (?), enfin cela dépend des gens que l'on fréquente, est fait d'une belle bruyère, et de rondelles de hêtre. C'est un objet très sensuel, je dois me retenir de jouer avec.

Le troisième est un peu particulier. Je dois dire que je vais le ranger soigneusement, qu'il restera en vitrine. Parce que l'objet est fragile. C'est plutôt une démonstration de savoir-faire, encore plus frappante que sur cette photo. Le socle est en bruyère, et la partie supérieure n'est pas en plastique, comme on pourrait le croire, mais en bois de cerf ! C'est d'une grande finesse. Thierry a d'ailleurs réitéré en en faisant un encore plus fin que celui-ci. Il y a chez les bricoleurs et les artisans une patience qui m'étonne toujours. Cette partie supérieure, elle représente le logo de mon Groupe de Discussion. C'est idiot, je vous ai dit que j'avais un groupe de discussion ? Il faudra un jour que je vous parle de ce groupe.

Voilà, c'est une démonstration de plus que les pipiers ont tout avantage à se détendre, ou à avoir des nuits d'insomnie. Et que l'inspiration est multiple.





24 juillet 2008

Conseils de Maîtres-Pipiers

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Je suis avec attention le blog Churchill Attack, de Benoît Wagner. Même s'il s'intéresse avant tout au cigare, ça n'est jamais ennuyeux, et Benoît ne dédaigne pas de parler de ses expériences pipières. Et en voilà une qui sort de l'ordinaire : une rencontre avec un Maître-Pipier ! Après "Dieu existe, je l'ai rencontré", voilà "les Maîtres Pipiers sont vrais, j'en ai touché un".

Je vous donne le lien :

http://benoitwagner.typepad.fr/churchill_attack/2008/06/130-ans-du-cad.html

Première question, qui me vient en lisant ce billet - question que je me pose depuis longtemps, mais personne n'a été capable de donner une réponse : quand on parle de Maître-Pipier, on a l'impression d'avoir affaire à un pipier qui sort de l'ordinaire. Pas un pipier, mais plutôt un Super-Pipier (it's a bird ! it's a plane ! No, it's Super-Pipier !).Un peu ce qu'est le chevalier Jedi au Padawan, si vous me suivez. Or, il me semble, je dis bien il me semble, encore une fois je peux me tromper, qu'Yves Grenard, directeur de la maison Chacom, est certainement un très bon directeur, mais pas un Maître-Pipier. Et pas un pipier non plus d'ailleurs. Ca n'est pas un reproche d'ailleurs, simplement je trouve qu'il va finir par y avoir autant de Maîtres-Pipiers que d'habitants à Saint-Claude... Même le boucher de la rue du Pré va finir par s'intituler "Maître Traiteur Pipier !

Ce qui me surprend aussi, c'est cette sorte d'infaillibilité dont ils se parent. On a souvent reproché à certains d'être trop surs d'eux, mais là bizarrement le silence se fait. Parlons-en donc ! On a l'impression que le Maître-Pipier en question joue les oracles. Je vais me permettre de citer un extrait :

"Si vous n'aviez qu'une pipe Chacom à nous conseiller, laquelle choisiriez-vous ?" Grenard, au-dessus de ses lunettes en écaille : "Quel tabac aimez-vous fumer ?" Du gris, répond mon compère. "Du gris ? D'accord... C'est un tabac sec. En se consumant, il va donc chauffer la bruyère dont est composé le foyer de la pipe. Il vous faut un foyer pas trop fin et un tuyau droit, pour assurer un tirage régulier. La n°185 de Chacom est idéale pour le gris. D'une manière générale, quel que soit le tabac, je ne conseille personnellement que des pipes droites ou très légèrement courbées. Pas les courbes."

Et alors là, voyez-vous, je ne comprends pas. Normal, je ne suis pas Maître-Pipier, juste fumeur. D'abord, il n'y a pas que le gris qui en se consumant va chauffer la bruyère. Tous les tabacs, quand on les fume, chauffent la bruyère. Si la bruyère ne chauffe pas, c'est bien simple : la pipe est éteinte. Ou vous êtes distrait, et elle est vide. Et ça n'est pas une question de sécheresse du tabac. Un tabac qui sort d'une boîte ou d'une pochette ouverte, humide, va lui aussi chauffer la bruyère, si on le fume.

Un foyer pas trop fin ? Pourquoi ? Que le foyer soit fin ou large, ben cette pauvre bruyère va chauffer quand même. C'est moche, mais c'est comme ça. Dura lex, sed lex.

Et j'ai des fourneaux épais qui chauffent plus que des fourneaux plus minces...

Et cette phrase, qui est la plus belle de toutes : la n°185 de Chacom est idéale pour le gris.

Alors là, voyez-vous, je cherche encore. Je parlais d'infaillibilité. Mais là ! Donc, si je saisis bien, les fumeurs de gris qui ont bêtement acheté une Chacom qui leur plaisait sont priés de la mettre au placard. Ils doivent acheter la n°185 de Chacom. Pour ceux qui aiment les latakia, je suppose qu'ils doivent soigneusement éviter la n°185 de Chacom. Par contre, on peut penser - mais il faudrait demander, bien sur - que la n°73, la 12, la 27, et la 122bis à la rigueur, seraient les bons numéros pour les fumeurs de latakia.

Or, voyez-vous, je suis bien sur que si j'achetais trois exemplaires de cette n°185, une irait très bien avec les latakia, une autre avec les vriginie, et la troisième, si ça se trouve, avec le gris. Ca n'est qu'un exemple, toutes les solutions sont possibles, avec la bruyère. On ne sait jamais.

Enfin si, certains savent. Ils ont la Connaissance. "La n°185 acheter tu dois, si du gris tu fumes. May the Force be with you. Bon maintenant, un petit coup boire on va".

Monsieur Grenard a une préférence personnelle pour les droites. C'est tout à fait son droit. Mais pourquoi n'a-t-il pas plutôt demandé quelles formes de pipes plaisent à cette personne ? Pourquoi conseille-t-il plutôt des pipes droites ou très légèrement courbes, mais pas les courbes ? Si ici je déconseillais d'acheter des courbes de Chacom, j'aurais encore les oreilles qui sifflent. Mais là n'est pas la question d'ailleurs. On conseille généralement aux débutants de se lancer avec des pipes droites, mais si j'en crois la photo illustrant le billet de Benoît, la personne qui a posé la question, Peintre en l'occurrence, n'est pas, il ne m'en voudra pas, né de la dernière pluie. Disons qu'il tête sa pipe, mais plus son pouce depuis un petit moment. Il semble d'ailleurs ravi de sa n°185. Coup de pot, il aurait pu tomber sur la n°186 !

Mais je ne peux m'empêcher de penser que si monsieur Grenard préférait les pipes courbes, il aurait déconseillé la n°185...

Par contre, et là je m'en excuse tout de suite auprès de mes détracteurs (à qui on a passé le mot de se taire,n'est-ce pas, ils se retiennent les pauvres, mais ils me lisent), je suis tout à fait d'accord avec son opinion sur les pipes sablées. Je me permets simplement de regretter que les sableurs n'aient pas un peu plus de temps pour faire leur travail. D'ailleurs, est-ce bien chez Chacom que l'on sable ? Je ne sais plus, qui m'a dit qu'à Saint-Claude, une seule société avait gardé des ateliers de sablage, et faisait le travail pour toutes les marques sanclaudiennes ? Ca n'a pas grande importance d'ailleurs. Le fait est que j'aime les sablées, mais que je persiste à penser que le sablage demande un peu de temps.

Cela dit, il y a pire. un autre Maître-Pipier, je ne citerai pas son nom, le pauvre, a déclaré : "...le veinage et la pureté du bois transcendent l'arôme." La pureté, bien sur. Mais le veinage ? En quoi ça joue-t-il ? Là aussi, je pose la question, prêt à faire amende honorable. Qu'on me vende une pipe flammée plus cher, d'accord, c'est beau, le pipier a eu la chance de tomber sur un ébauchon qui lui permette cela, il a travaillé en conséquence, mais qu'on ne me raconte pas qu'elle sera meilleure qu'une autre parce que la flamme est bien mise en valeur. Il y a des énormités, comme ça, si un pipier américain avait dit une chose pareille, on l'aurait descendu en flammes, le pauvre !

07 juin 2008

Une pipe de Love Geiger - et un dîner du Groupe

Voilà bientôt un an, le pipe-show de Rheinbach, où je me rends grâce à Alain Letulier. Tout ce que j'ai en poche, c'est un appareil photo. Je ne peux donc acheter de pipe. Une bonne âme n'a d'ailleurs pas manqué de signaler l'inutilité de se déplacer lors d'un évènement pareil sans un sou en poche. Pour moi l'important était de voir enfin ces pipiers en chair et en os, de voir leur travail, et de rencontrer quelques membres du Groupe. Bien sur, si j'avais pu, je me serais offert quelques merveilles. Mais là n'était pas vraiment la question.

Voilà cinq ans bientôt, nous nous retrouvions, avec quelques membres du Groupe, pour un dîner dans un restaurant parisien. C'était l'heureux temps où il était encore possible d'achever dignement un bon repas, une pipe au bec. Quoiqu'en ait dit certaines bonnes âmes, nous étions à l'époque assez nombreux. Et si les dîners parisiens ont battu de l'aile, c'est sans doute qu'il est plus difficile de faire bouger les parisiens que les belges. En 2004, à l'initiative de François, quelques membres du nord de la France, et une partie de notre colonie belge, se retrouvent pour le premier dîner bruxellois.

Et bien, mine de rien, voilà que ce vendredi 6 juin, c'était le dixième dîner bruxellois.

Voilà plusieurs fois que je comptais venir - mais c'est l'éternel problème : je travaille, j'ai des sous, mais ne peut venir. Je ne travaille pas, les impôts s'intéressent de trop près à moi, ce qui donne un gros coup à mon pouvoir d'achat, et je ne peux venir.

Mais voilà, cette fois, c'est fait : Bruxelles, here i am ! (vous aurez noté le discret rappel du mot historique, Lafayette here we are, inventé d'ailleurs par un poète qui n'avait plus que cinq minutes pour écrire son article dans un célèbre hebdomadaire).

Première impression : moi qui d'habitude voyage pour mon travail, c'est à dire en première classe, je suis assez déçu par les secondes. C'est sans doute mon côté prince petit pois. A Bruxelles, comme la dernière fois que je me suis rendu au Roi du Cigare, il pleut.

Mais ça n'est pas grave, une fois rentré, on oublie tout, la fatigue, les odeurs des voyageurs, la pluie : le Roi du cigare est vraiment un endroit splendide. où que se pose le regard, il y a du tabac, des cigares, des pipes, des cigares, des pipes, du whisky, du rhum, des pipes, etc. ... (ad lib)

Tout de suite, je vérifie s'il y a une alarme ou une surveillance caméra : hélas oui. Je remets tout de suite à leur place les choses que j'avais si habilement volées, et je salue tout le monde. Ils sont venus, ils sont tous là, même ceux du sud de l'Italie. Sauf Giorgio, le fils maudit, je veux dire Sir Georges, qui n'a pas pu venir. Comme le fait remarquer l'un d'entre nous, c'est incroyable ce que les retraités sont occupés. Je ne verrai pas non plus Erwin, ni Pierre, ni Jean-Luc (enfin, un des Jean-Luc, ils sont deux déjà présents, il faudra faire un jour un étude sur les prénoms les plus portés par les fumeurs de pipe).

Philippe, Roi du Cigare et maître des lieux, que j'avais donc déjà vu il y a quelques années, grâce à Sylvain, accueille avec beaucoup de bonne grâce la bande de grands malades qui investit son magasin. Et pas seulement son magasin d'ailleurs - je peux en parler, tout ça est tout à fait légal. Deuxième raison d'en parler, ça va faire bisquer quelques tartuffes hygiénistes. Philippe a installé dans son sous-sol un fumoir : et oui, tout y est : fauteuils moelleux, machine à café, whisky, rhum, tout pour rendre un homme heureux.

Je retrouve quelques membres du groupe que je connais, fait la connaissance de ceux que je ne connaissais pas.

A ce sujet, on m'a fait remarquer qu'il est de bon ton d'être concurrentiel, et donc de placer un lien vers son forum dès que possible.

Je réécris donc :

Je retrouve quelques membres du Groupe que je connais, fait la connaissance de ceux que je ne connaissais jusque là que par mail.

Ah, ce Groupe ! Quel Groupe !

Je dois dire que j'ai été sincèrement heureux de cette soirée, avec des gens drôles, pas compliqués, qui profitent, échangent, causent, en toute simplicité.

Pour résumer, on s'est bien amusé !

Et l'un des Jean-Luc m'avait apporté cette pipe de Love Geiger que je suis bien content de lui avoir acheté. Elle lui en avait pourtant donné, du soucis, cette pipe ! Il lui avait tout de même fallu une après-midi pour se décider. Et bien, il avait fait un bon choix. J'ai d'ailleurs bien senti qu'il la regrettait, et je lui ai proposé de la garder, mais voilà, il a d'autres projets en tête.

Voilà donc cette Geiger, avec cette bague si belle et si particulière. Mais quel est donc ce bois exotique, cette essence, que Love a utilisée ? Du Xanax Glaireux ? de l'ortie blanche ? de l'artichaut du Japon ? une dent cariée de hyène ?* Eh non, ami pétuneur, c'est... du bouleau ! Il faut préciser que ce bouleau est un peu pourri. C'est ainsi qu'il rend si bien lorsqu'il est travaillé et poli.

Il faut noter aussi le bec, fin, très ouvert, très confortable. Seul souci, quand, rentré chez moi, mon chat fidèle sur les genoux, j'ai porté cette pipe en bouche et aspiré, j'ai pensé exactement ceci : "Crotte, ça siffle !" (je suis très familier avec moi-même). J'ai toujours un peu peur des pipes qui sifflent. J'ai toujours eu l'impression, vérifiée le plus souvent, que le fumage va être humide, pas agréable, et qu'à chaque fois que je vais prendre une bonne bouffée, tous les chiens du quartier vont aboyer, rapport aux ultra-sons.

Et bien, cette pipe, je viens enfin de la fumer - pour une fois que j'ai une soirée tranquille ! Et bien le fumage est parfait. La taille du fourneau me convient tout à fait, Jean-Luc regrettait qu'il ne soit pas plus grand, mais je les préfère petites et fines.

Voilà, plusieurs bonnes surprises dans la même soirée, et un déplacement que j'espère pouvoir refaire dès que possible, j'espère avant cinq autres années.

* On va dire que j'en veux aux hyènes, que je n'aime pas les hyènes, que je suis anti-hyènes - mais il faut bien l'avouer, les hyènes ont une dentition dégueulasse. J'en ai connu une, qui répondait au sobriquet de "Bouche d'égout".

13 avril 2008

Pas de pipe, mais deux histoires

Pour une fois je ne vais pas parler de pipe, mais vous raconter deux histoires. Le tout est de ne pas être ennuyeux. Ceux qui ont l'habitude de suivre ce blog connaissent bien mes hauts et mes bas, et je veux croire qu'ils passeront l'éponge et attendront le prochain billet.

Sacha Guitry - je ne vous présente pas Sacha, n'est-ce pas ? - racontait cette histoire, qui m'est revenu souvent à l'esprit ces temps-ci, par la force des choses. Son père Lucien était un comédien mondialement connu, c'est une autre époque, s'exprimer en français c'était franchir les frontières. Voilà donc que Sacha, en pleine répétition de sa prochaine pièce, et la première arrivant, reçoit un mot - pas de mail à l'époque, on s'écrivait, mais le facteur passait plus souvent aussi - lui disant qu'il vient d'être opéré d'un bête furoncle, et qu'il n'est plus question, le soir de la première, de le placer à l'orchestre : il n'a pas envie qu'on le voit avec un ridicule pansement. Il lui demande donc de lui réserver une loge, dans laquelle il pourra voir, sans être vu. Son fils fait donc le nécessaire, le soir de la première arrive, Sacha joue, et cherche à voir son père dans la loge en question. Mais il ne distingue rien. Après le premier acte, on vient lui apporter quelques mots de son père, écrits à la hâte sur un bout de papier, quelque chose comme : magnifique, j'attends la suite avec impatience. Puis, après le deuxième acte, encore un petit mot : bravo, c'est superbe, à tout à l'heure. Puis vient la fin de la pièce, et là on vient chercher Sacha pour lui demander de se rendre au plus vite chez son père. La chose était plus grave qu'il ne semblait. Sacha arrive trop tard, son père est mort, chez lui, pendant la représentation. Mais comme il se sentait passer, et qu'il ne voulait surtout pas gêner la représentation et son fils, il avait préparé à l'avance les petits mots qu'on lui apporterait, durant les entractes qui à l'époque suivaient chaque acte.

J'avais toujours pensé que des personnes étrangères au théâtre pourraient être surprises, voire choquées, de cette histoire.

Voici une autre anecdote, avec les mêmes, qui va appuyer mon propos : alors qu'ils répêtaient une pièce ensemble, Sacha et Lucien s'attardent au restaurant, laissent leurs camarades partir au théâtre avant eux, leur demandant de commencer à répêter sans les attendre. Ils finissent de déjeuner, les rejoignent, mais avant d'entrer dans la salle, Lucien Guitry entrouve une porte, tend l'oreille, et dit à son fils : ils parlent naturellement, c'est donc qu'ils ne répêtent pas...

Voilà deux semaines, un médecin jeune et très gentil nous a reçu, moi et ma mère, dans on bureau, pour nous dire que mon père n'en avait plus que pour quelques jours, voire quelques heures... Situation compliquée par le fait que j'étais obligée, étant en tournée, de laisser ma mère seule. Ma mère heureusement n'est pas restée seule durant mon absence, mais voilà la seconde histoire :
Comme ma mère tremblait à chaque appel téléphonique, je lui avais demandé, avant mon départ, de me laisser un message chque jour pour me donner des nouvelles de mon père. J'avais donc chaque jour un triste résumé de la journée passée. Il y a trois jours, j'arrive à Bastia - pas seul bien sur, mais bien accompagné, puisque j'ai la chance de travailler avec mes plus proches amis. Ma mère me laisse un message pessimiste en fin d'après-midi. Le lendemain, vendredi, j'appelle le frère de mon père, la communication coupe, mais à mon appel suivant, c'est ma tante qui décroche : j'ai en effet l'occasion de voir, à Bastia, une cousine de mon père et son mari. Je demande donc leur numéro de téléphone, les contacte, et prend rendez-vous avec eux, samedi avant la représentation. Je suis content de les voir, puisqu'à ma dernière tournée, j'avais eu l'occasion de passer à l'ile dela Réunion, où ils vivent, mais malheureusement nous nous étions râté.
Nous nous retrouvons, je donne à la famille les dernières nouvelles, pas brillantes. Eux sont des spectateurs fins et avertis, me posent des questions sur mon métier, c'est plaisant, intelligent. La représentation se passe bien, et nous nous quittons en espérant nous revoir plus longuement la prochaine fois. Pour rappel, nous sommes samedi soir.
Le lendemain, nous rentrons à Paris, ma mère me laisse un message inquiétant, je la rappelle sitôt l'avion posé, et j'apprends que mon père est mort deux jours plus tôt, vendredi soir. Ma mère n'a pas voulu que je l'apprenne, sachant que je jouais samedi, et que je ne pourrai rien faire avant de rentrer.

Je pensais que ce réflexe, auquel je faisais allusion au début, de ne rien dire pour ne pas gâcher une représentation, seul quelqu'un du métier pourrait l'avoir. Je trouve cela admirable, pour quelqu'un "de la partie", mais bien plus encore chez quelqu'un à qui tout cela est étranger. Et puis, bien sur en y repensant maintenant, je vois quelques fausses notes, mais vraiment, toutes ces personnes à qui j'ai parlé, que j'ai vu, qui savaient et qui me l'ont caché... et bien voilà de quoi alimenter les interrogations, et la modestie. Berné, le "professionnel", et dans les grandes largeurs !

Voilà, les membres du groupe qui suivent ces lignes comprendront mon silence. J'avais annoncé d'ailleurs que je ne serais pas disponible durant quelques temps, mais c'était avant que cela arrive, et j'ai eu l'impression que beaucoup n'osaient plus intervenir à cause de cela. Inutile donc d'en rajouter, moi qui me plaint toujours quand c'est trop calme. Je ne sais si je prendrai le temps d'intervenir demain, et je repars mardi jusqu'à la fin de semaine. Voilà qui expliquera aussi ma discrétion ici ces temps-ci.

20 mars 2008

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Il y a quelques temps de cela, avant d'avoir un peu abandonné ce blog pour des raisons mauvaises, puisque sérieuses, j'avais eu ce commentaire :

Je me fais le relais de "Churchill attack" :
A savoir :
"Ayant été tagué par Deli, j'ai le regret de vous annoncer que vous avez été tagué à votre tour. Vous êtes "invité" à raconter six choses sans importance à votre sujet. Libre vous d'y donner suite... et de taguer à votre tour six blogueurs. Bonne journée ! :)"

C'est Peintre, animateur du blog Les copains d'abord, qui m'avait adressé ce message. C'est donc à moi de passer le relais.

Voici donc six choses sans importance à mon sujet :

-je fais de bonnes quiches lorraines
-j'ai de longues conversations philosophiques avec mon chat
-chaque fois que je vois Fred Astaire, je regrette de ne pas être danseur de claquettes
-finalement, je préfère "le vicomte de Bragelonne" aux "Trois mousquetaires" et à "Vingt ans après"
-je crois que je n'ai pas une tête à chapeau, et je le regrette
-je laisse trop longtemps mes pipes fumées s'entasser sur mon bureau, devant le clavier

Et voici les personnes et les blogs que je tague :

-David Enrique, et son blog Des bouts de rêve
-Pierre, et son blog Incitations
-Jean-Luc, Le blog à Jean-Luc
-Erwan, même s'il cherche une autre solution qu'un blog, Bouddhaenshort et ses puros
-Trever Talbert, qui vient de rénover, avec Emily, the Talbert pipe blog
et pour ne pas me cantonner au domaine pipier, un blog où il est question de chaussures et de coupes-choux, l'Espace perso de Jean-Claude

Cliquez sur les titres, découvrez ou faites connaissance, et si ces blogs vous plaisent, un petit commentaire sera toujours bienvenu.

Et comme je n'ai pas pu citer tout le monde, il faudra que je parle des autres blogs, un peu plus tard...

29 février 2008

Une pipe de Rolando Negoita - qui ne plaît pas à tout le monde

Je parcours un site sur lequel je n'étais pas revenu depuis longtemps. J'avais bien fait. Lequel me direz-vous ? Je ne le citerai pas. L'animateur de ce site connaît pourtant mon blog, il ne le cite nulle part, alors qu'l en met d'autres en avant. C'est son choix, et il est libre, d'ailleurs. C'est même une délicate attention que je lui retourne. Je préfère d'ailleurs, et n'en ai nul besoin. La lecture des différentes rubriques de ce site est d'ailleurs instructive.
Alors que des bonnes âmes se sont données beaucoup de mal pour faire de moi le vilain méchant qui rêve de la fermeture des sociétés pipières françaises, ce que je lis sur ce site au sujet de Chacom et BC est assez étonnant. J'aurais dit le dixième de cela que de courageux anonymes se seraient dépêchés de balancer leur fiel ici, et ailleurs. Heureusement, ils visent mal, et l'endroit est venteux. Mais bon, il faut croire que c'est plus une question de tête du client que de positions prises ? Car enfin l'animateur de ce site n'a eu à subir aucune volée de bois vert. Pas sur son site, parce qu'il n'est pas fait état de réactions des quelques visiteurs. Mais sur les forums où il est inscrit, je connais quelques courageux défenseurs de la bouffarde bien de chez nous qui m'ont longtemps soufflé dans les bronches, et qui dans son cas se sont abstenus. Je ne comprends pas très bien pourquoi, encore une fois, à côté je fais petit joueur. Copinage ? Indignation sélective ?
Il y a quelques photos, en guise d'exemple, et de démonstration. Mais j'y reviendrai.
De nouvelles rubriques ont vu le jour - on y voit des personnalités fumeuses, et des publicités. Je trouve que c'est une bonne idée. Je me permets simplement de constater que ces rubriques existaient déjà sur mon forum, dès sa création, et sont présentes, et régulièrement mises à jour, sur mon site, ouvert depuis trois ans. Je retrouve les mêmes noms, forcément. Ca n'est donc pas orginal. Ca fait doublon. Curieux comme certains confondent concurence - j'emploie ce mot qui peut choquer, il n'est pas de moi - et plagiat.
L'administrateur de ce site ne s'est pas gêné, fut un temps, pour me faire la leçon. Je suis étonné de sa copie. Et de son manque d'imagination.
Pour en revenir à ces articles sur les marques françaises, il sont donc illustrés de photos. Pour démontrer qu'il a raison, son auteur les a soigneusement choisies. Il veut démontrer que ces marques font du moche. Et là, son choix est curieux : un mélange de pipes créées par des designers, et par des pipiers, qu'il qualifie de designer, parce qu'ils ne les aime pas.
Peut-on ranger, par exemple, Rolando Negoita dans la catégorie des designers, et regretter que nos marques sanclaudiennes s'en inspirent ou fassent appel à lui ?
Oui.
Pour être précis, oui, si l'on a pas fumé ne serait-ce qu'une pipe de Rolando Negoita.
Peut-on ranger ce pipier, et un de ses modèles emblématiques, dans une page consacrée aux "horreurs" ?
Oui.
Oui, si l'on est de parti pris.
Vous me direz qu'après tout, les pipiers ne sont pas toujours bien inspirés. C'est vrai. Mais pourquoi uniquement montrer du doigt les modèles que l'on considère comme ratés, moches, horribles ?
Parce qu'après tout, sur ce site, il y a aussi une page consacrée aux pipes de rêve, pardon, belles pipes. Cette page est d'ailleurs beaucoup moins alimentée que celle consacrée aux "horreurs"...
Car enfin, deux Negoita dans la page "horreurs", pas une dans la page "belles".
Idem pour Parks.
Idem pour Cannoy, Geiger, Knudsen, Revjaguine.
Voilà des pipiers qui sont donc bons à mettre dans la poubelle, purement et simplement.
Un pur esprit nous parle.
Encore une fois, c'est toujours le même procédé. Pour bien montrer qu'Untel fait du caca, on choisit soigneusement un exemple qui se veut preuve. Notez que les pipiers en question s'en fichent éperdument, ils ont toujours autant de travail. Mais faut-il pour autant, si ce n'est pour se donner un statut, le statut du commandeur, pardon pour le jeu de mots, plutôt le statut du connaisseur, celui à qui on ne la fait pas, user de tels procédés ?
Je crois que non. Alors j'ai bien pensé à faire une "contre-page" ici, avec des photos du travail de ces pipiers, mais je vous engage plutôt à passer par mon site. C'est plus facile pour moi. Chacun a une galerie, qui ne se veut pas exhaustive, mais démonstrative des diverses sources d'inspiration que peut avoir chaque pipier. Toutes les pipes présentées ne vous plairont peut-être pas, mais au moins vous aurez un peu plus de choix. Chaque page mène vers le site de ces pipiers : là aussi de quoi se faire sa propre idée, en toute impartialité.
Cela ne vaut-il pas mieux ?

22 février 2008

Nouvelles d'un Fumeur de Pipe tagué

Le temps passe, et voilà un mois bientôt que je n'ai pas donné de nouvelles. La période est aux complications, et je dois dire que je ne vois pas le temps passer. Comme je n'achète plus de pipes, et que je suis contraint d'en vendre, j'ai un peu oublié ce blog.
Mais il semble que l'on ne m'oublie pas, puisque le nombre de visites continue à grimper. Et voilà que Peintre, ce matin, me tague !
Je dois dire que je ne connaissais pas ça. Je l'ai découvert en parcourant le blog Churchill Attack. Il s'agit de se poser à soi-même 6 questions, d'y répondre le mieux possible, et à son tour de donner le flambeau à 6 autres bloggeurs.
Après avoir été tagué par Churchill Attack, voilà que Peintre, animateur du blog Les copains d'abord, que je salue bien, me passe le bébé.
Pour être juste d'ailleurs, il faut raconter 6 choses sans importance à mon sujet. il ne s'agit pas vraiment d'un jeu question/réponse. C'est une interview sans interviewer.
Eh bien voilà qui va peut-être me remettre en selle, si j'ose dire. Donc, à bientôt.

25 janvier 2008

Une pipe de Tom Richard, et nouvelles du monde d'Ubu

Voici ma seconde bambou, une pipe de Tom Richard. Voilà quelques temps que je l'ai puisque je l'ai achetée à peu près en même temps que la Heeschen déjà évoquée ici. Cette pipe a une tige bambou d'une grande finesse elle aussi. Le montage est par contre différent de la Heeschen, puisque le bambou est traversé par un tube métallique.

Le sablage est peu profond, et n'apporte pas grand chose. Je suppose qu'il a du être fait pour cacher certains petits défauts. Mais bien évidemment cela n'interfère en rien à l'usage. Je l'ai trouvée sur le site de Per Billhal, Scandinavian Pipes, que je recommande fortement. Per Billhal est d'une grande gentillesse, et vous pouvez lui manifester votre contentement après quelques fumages, c'est une chose qui lui fait plaisir, je crois.

Pour tout dire, cette pipe, j'ai failli l'échanger sur un coup de tête. Thierry Melan me montrait quelques pipes, qu'il remet si bien à neuf, et voilà qu'il me met sous le nez une vieille anglaise, avec un sablage, lui, superbe. De ces sablages que l'on pouvait obtenir avec la bruyère algérienne utilisée à l'époque.

Mais c'était trop tôt, et décidément elle est trop agréable en bouche. Et vraiment je l'aurais regretté. Il faudrait que j'essaie de proposer autre chose en échange, mais depuis que Thierry l'a vue, je ne crois pas qu'il envisage autre chose... Peut-être ne le faisant boire ? Ou en lui proposant ma vieille Nespresso ?

J'avais déjà une pipe de Tom Richard, que j'ai revendue pour rembourser celle-ci. Quelques temps se sont passés entre ces deux pipes, et il me semble que le progrès est net. L'idéal serait d'en essayer d'autres, pour vérifier...

Et pendant ce temps...
En Allemagne, où les lois sont différentes, si j'ai bien saisi, suivant les "länders", il est possible dans certaines régions de fumer dans les petites sociétés. Or, voila que le patron d'une de ses sociétés, a viré proprement 3 employés non-fumeurs ! Je ne connais pas le fin fond de l'affaire, pour le connaître il aurait fallu être un des employés. Il semblerait que les non-fumeurs aient vraiment fait des pieds et des mains pour enquiquiner les 7 autres employés fumeurs, avec toutes les suites de condition de travail pénible que cela implique. Petit scandale, donc.
Je me souviens qu'en France, on avait beaucoup glosé sur cet entrepreneur qui n'employait et n'embauchait que des non-fumeurs. Discrimination ? Il faut croire que non, la Halde n'avait semble-t-il pas protesté. Il est donc tout à fait possible de refuser à l'embauche des employés fumeurs.
Mais, que se passerait-il dans le cas inverse ? Un patron fumeur affiche qu'il n'embauchera que des employés fumeurs ? Je crois que cela ne passerait pas aussi facilement.
A preuve ces patrons de bistro qui, fumeurs, et travaillant seuls, sont légalement obligés de bosser, et c'est autre chose que de passer sa journée sur un fauteuil, sans fumer. L'avantage, c'est que s'il a les moyens de prendre un garçon, ou une serveuse, il pourra sortir de temps en temps se livrer à sa débauche.
Ces pauvres patrons de café ! Récemment encore un "débat" avait cloué le bec d'un de leurs représentants, qui craignait une baisse de la fréquentation. Avec quel mépris ces scientifiques, qui d'ailleurs avaient tous un livre à vendre, ont-ils repoussé ses dires ! Ce que disait le représentant des bistros : voyance et boule de cristal ! Ce qu'ils avançaient, eux : pas de la voyance, des faits, du sur, du scientifique. Tous les non-fumeurs allaient se précipiter dans les cafés, restaurants, pour enfin pouvoir en profiter. Las...
Une semaine après la mise en application du décret, on parle, rapidement, de 10% de baisse du chiffre d'affaire. En creusant un peu, on s'aperçoit que cela va même jusqu'à 30 et 40%, au moments de "bourre", comme le café du matin ou l'apéro du soir.
Tiens...
Où sont les non-fumeurs ?
Deux semaines après, on parle de 50% dans certains cas.
Que diraient tous les tenants de l'interdiction du tabac si on baissait leur paie dans les mêmes proportions ?
Que diraient-ils si leur société accusait la même baisse, et allait devoir se décider à se séparer d'eux ?
Au même moment, une association bénéficiant des deniers publics met un lien sur son site vers un formulaire pré-rempli. A quoi sert-il ce formulaire ? Mais à dénoncer les vilains fumeurs, et les patrons bistro complices.
Après le film de Clouzot, voici " le Corbeau 2, le retour ". Cela dit, cela ne doit pas étonner non plus. Il est tout à fait possible, et ça peut même être intéressant financièrement, de dénoncer Untel en écrivant aux impôts.
Un blogger agissant, et qui n'est pas tout seul, propose d'interdire les portables dans les lieux publics. Eh oui, on parle souvent des dangers du portable... Pour faire un test, il s'est amusé à mettre en route un brouilleur dans un café. Les fumeurs et non-fumeurs se sont retrouvés à téléphoner, tous ensemble, sur le trottoir. Seul petit défaut : si la vente de brouilleur est autorisée, son usage est interdit.
Dans le même temps, un patron de café fait une grève de la faim depuis 8 jours maintenant. Comme il ne s'appelle pas Jose Bové, ça intéresse moins, mais on commence à en parler tout de même. Il doit même être reçu à l'Elysée prochainement.
Les bars à Narguilé sont plutôt tranquilles. Il s'était dit à un moment que fumer le narguilé est encore plus nocif que la cigarette – mais si l'interdiction est respectée dans la très grande majorité des bar-tabac, elle ne l'est pas dans les bars à narguilés. Un seul est je crois dans le collimateur d'une militante bien-pensante, qui en parle avec émotion comme de criminels. Elle n'a jamais du se faire tabasser puis faucher son sac à main. Qu'on me comprenne bien : je n'appelle personne à faire cela – mais tout de même je pense que les policiers ont d'autres " crimes " à traîter.
J'apprends que Helmut Schmidt, fumeur de cigarettes, à ne pas confondre avec Helmut Kohl, fumeur de pipe lui, est sous le coup d'une plainte portée par une association anti-tabac, pour " infraction aux lois anti-tabac ", et " coups et blessures ". Je suis surpris : à 89 ans, si Helmut Schmidt s'amuse à tabasser des gens, ça prouve une certaine verdeur qu'on peut lui envier. Mais non, il a simplement été surpris en train de fumer dans un théâtre.
Etonnant, non ? Fumer en présence d'autres gens devient aussi grave que si on leur avait tapé dessus. J'en connais à qui ça va donner des idées.
Bienvenue chez Ubu !
A propos de salle de spectacle, j'ai croisé hier – je ne veux pas citer son nom, on ose même plus ! un comédien que tout le monde connaît et apprécie. C'est maintenant un monsieur d'un certain âge. Il a bougonné contre ces interdictions, et a allumé sa cigarette dans la petite pièce attenant à la scène. Eh bien, est-ce respect, ou bonne éducation, personne ne lui a demandé de l'éteindre, et personne n'a porté plainte... Mais chut !

03 janvier 2008

une pipe de Rad Davis



Voici maintenant le temps des bons voeux. Que pouvons-nous nous souhaiter, nous autres humeurs, par les temps qui courent ? Que l'on ne s'occupe pas de nous. Nous voila réduits à fumer chez nous pour les plus chanceux, dehors pour les plus malchanceux. "On" nous dit que le tabac tue, et "on" nous en vend. Mais on nous demande de ne pas fumer là où on l'achète. Allez dehors. Il y a en ce moment une publicité pour la Halde, dans les couloirs du métro. On y voit quatre silhouettes, devant une porte, avec écrit au-dessus "Fermé pour vous". A ces quatre silhouettes, on pourrait ajouter celles d'un fumeur de cigare, puis d'un fumeur de cigarette, et enfin d'un fumeur de pipe. La Halde, c'est la haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité. Notez qu'elle s'occupe de choses et de cas plus importants que nos petits soucis, mais enfin il me semble que l'on commence mal une année en luttant contre les discriminations, tout en en ajoutant d'autres.

Et puis le fumeur ne fait pas pleurer dans les chaumières. Les gens sont bien contents de faire ce qu'on leur dit. On leur promet que ça se passe super bien, que tout le monde il est content, alors on rentre dans le rang. On y va même dans les grands mots. J'ai lu je ne sais combien de fois : la France est non fumeuse. Tiens. Nous étions hier encore quelques millions tout de même. Nous aurions donc tous disparus. Evaporés les fumeurs, partis en fumée. Mme Bachelot, qui a fêté ça en buvant ce qui me semble être un Kirr (pour l'alcool semble-t-il, on peut encore y aller) parle d'un "nouvel art de vivre". C'est de bonne guerre. C'est fou ce que nous autres humeurs avons pu parler d'"art de vivre". Je préfère la douceur de vivre, mais c'est autre chose.

Maintenant, quand je ferai un passage dans les bars, dits "lieux de convivialité", je sentirai beaucoup l'odeur de l'huile de friture. La friture, c'est tout un art de vivre ?

Mais tout ça a un but, puisque c'est une question de santé publique. C'est donc fort honorable, et nous aurions mauvaise grâce à discuter, n'est-ce pas. C'est bien connu, le fumeur est égoïste, et ne pense qu'à lui, jamais aux autres. D'ailleurs, pour préserver la santé des autres, on va lui demander d'aller fumer dehors, s'enrhumer sans doute par la même occasion, ce qui confirmera la légende qui dit que les fumeurs sont plus souvent malades que les autres.

Et puis n'est-ce pas, les chiffres de vente du tabac vont baisser. Ca fait un moment qu'on nous dit ça, mais là cette fois on tient le bon bout. C'est tout juste si sous les articles à la gloire du décret, on peut lire des nouvelles du genre "la France, plaque tournante du tabac de contrebande : les saisies de cigarettes de contrebande ont doublé en cinq ans, mais l'activité des douanes ne suffit pas à enrayer les trafics". Ce doit être une fausse nouvelle. 5 euros par paquets, c'est à la portée de tout le monde, pourquoi vouloir payer moins cher ? une question de pouvoir d'achat... Et puis l'on sait bien que les augmentations des prix n'ont qu'un effet : la baisse du nombre des fumeurs, puisqu'on nous le dit.

Il faut donc nous résoudre à fumer chez nous. C'est d'ailleurs là qu'on est le mieux finalement. J'ai une machine qui me fait des expressos au petit poil. Et puis ça m'évitera de me faire dénoncer. Circulent sur certains forums des exemples de lettres types à adresser à qui de droit pour dénoncer les vilains fumeurs. La délation, un art de vivre pour certains...

Il va aussi falloir que je m'attelle à des modifications sur le site. C'est d'ailleurs commencé. Mais j'ai près de 600 pages sur ce site à classer... Il y a tout de même encore quelques personnes qui mettent du t.... dans leur pipe, difficile de ne pas en parler : mais promis, on va cacher tout ça.

Pour ne pas rester trop sombre - c'est vrai, je parle finalement un peu trop de tout ce qui nous arrive, mais je dois dire que je suis toujours surpris en voyant les blogs de fumeurs évoquer si rarement la question. Font-ils le gros dos ? Alors j'essaie de faire une moyenne. Pour ne pas rester trop sombre donc, voici une magnifique pipe de Rad Davis. Magnifique par son sablage. Quand on la pose, elle semble s'élancer. Cette pipe s'envole. Les autres pipes de Rad que j'ai, en finition "tan", ont pris des teintes de miel. J'attends avec impatience de voir ce qu'elle va donner d'ici quelques temps. Cette pipe, c'est un peu une séance de rattrapage. Une superbe poker de Rad m'était passée sous le nez. Celle-ci était la suivante, presque aussi belle. Elle m'a bien consolé. Et ça n'est pas fini.

Donc, puisque c'est l'époque des bons voeux, je ne peux que vous souhaiter d'avoir d'aussi jolis, d'aussi bons instruments de consolation, de continuer à voir des amis qui supportent nos petites manies, et même qui les apprécient. Jean Giono, à qui son médecin n'avait autorisé que deux pipes journalières, disait : c'est maintenant que j'en profite vraiment. Alors, profitons.