24 septembre 2011

Cher Confrère



Voilà une nouvelle qui fera plaisir à certains, en énervera quelques-uns (la cerise sur le gâteau) et fera sourire ceux qui m’en avaient parlé, et à qui j’avais toujours dit non.

Il se trouve que Pierre Morel a parlé de moi à la Confrérie de Saint-Claude, et que je serai donc, vendredi soir prochain, si une grippe ne me cloue pas au lit, Confrère Pipier.

Comme j’ai un rhume qui me fait croire que j’ai un loukhoum à la place du nez, je vais faire du copier-coller dans ce billet. Voici donc un extrait du mail que j’ai adressé à Pierre – et qui me permet de préciser dans quel état d’esprit je m’y rends :

"J’étais très touché que tu penses à moi. Et je ne me vois pas te refuser. Et du coup c'est avec grand plaisir que je dis oui.

Il faut juste que tu penses que quelques crétins vont ressortir quelques remarques de ma part sur la Confrérie - remarques que je maintiens, comme l'absence de site web. Et que donc il pourrait y avoir des grincements de dent ;-)

Je pense que j'aurais toujours dit non à cette proposition. Mais voilà que c'est toi qui m'y invite.

Pour tout dire, je suis très heureux de ça. Peut-être pourrai-je préciser quelques points, et remettre quelques pendules à l'heure, même si on n'est pas d'accord avec moi, pourvu que l'on m'écoute. Et je pourrai d'ailleurs changer quelques points de vue ;-)

Peut-être comprendra-t-on enfin que je ne suis pas le type qui veut couler Saint-Claude ... des fois j'ai l'impression qu'on me prête des pouvoirs que je n'ai pas. Et peut-être que de bonnes choses en découleront."

Il y a quelques semaines, j’ai donc reçu un questionnaire. Et comme je ne vous cache rien, voici les questions et réponses :

3 – VOUS ET VOTRE PIPE

A quel âge et dans quelles circonstances avez-vous fumé votre première pipe ?
Combien de pipes fumez-vous par jour ?
Quel est votre tabac préféré ?
Pratiquez-vous les mélanges de tabacs ?

Je crois bien avoir fumé ma première pipe à treize ans. C’était un cadeau d’un ami de mes parents, fumeur de pipe. Ca m’a plu tout de suite. J’ai dû m’arrêter, fumer en cachette de l’Amsterdamer ou du Dunhill EMP est très difficile … J’ai repris quelques années plus tard, cette fois au grand jour.

Je fume cinq à six pipes par jours.

Je n’ai pas réellement de tabac préféré, j’aime en changer tout au long de la journée, mais j’ai une préférence pour les mélanges virginie/perique.

Non, je ne fais pas mes propres mélanges, je pense que c’est un  métier. Il m’arrive toute fois d’ajouter un peu de perique à des mélanges qui n’en contiennent pas assez à mon goût.

4 – VOS PIPES

Comment les choisissez-vous ?
Quel modèle préférez-vous ?
Combien en avez-vous, êtes-vous collectionneur ?

Il est parfois plus facile de choisir une pipe que l’on va acheter, plutôt que de faire son choix, entre toutes les pipes que l’on a, lorsque l’on veut fumer ! J’ai une préférence pour les modèles sablés, avec des sablages profonds, et cela ne m’empêche pas d’aimer de belles lisses. J’ai appris aussi que je ne suis pas un fumeur avec des goûts bien affirmés pour une forme. Je connais des gens qui ne fument que des droites par exemple. Ca m’ennuierait beaucoup.

Je ne compte pas mes pipes. Je ne compte plus en fait, parce qu’un escroc qui signe « impôts » a pratiqué sur moi un racket qui m’a obligé à en revendre beaucoup.

Je ne me sens pas « collectionneur », parce que j’ai des pipes pour les fumer. Mais tous les non-fumeurs que je reçois, ou les fumeurs de cigarettes, me classent dans la catégorie « collectionneurs poids-lourd ».

Cela dit, je suis ouvert à toute suggestion en vue d’augmenter mon cheptel. Même par des moyens que la morale réprouve, pourvu que ça reste entre nous.

5 – POUR VOUS, QUE REPRESENTE LA PIPE ?

Quelle place tient la pipe dans votre vie ?
Avez-vous des anecdotes à nous confier ?

La pipe a pris, par la force des choses, une grande place dans ma vie. J’en regarde beaucoup. J’en choisis à fumer. Je les fume. Je les entretiens. J’en parle. J’en vends aussi. J’ai créé, en 2002, le premier forum en français – il n’en existait aucun alors – sur la pipe. J’ai ouvert un site, deux ans plus tard, qui a vu en 2010 son deux millionième visiteur. Tout cela occupe pas mal de temps.

Sans compter le temps perdu à chercher la pipe que je veux fumer, là, tout de suite, et qui bien entendu ne répond pas à l’appel.

Je n’aurais pas d’anecdotes amusantes à raconter, plutôt des souvenirs de bons moments, des impressions, mais qui n’auraient aucun intérêt pour le lecteur.

J’évite de penser aux pipes que je n’ai pu que regarder, parce qu’il est inutile de se faire de la peine. J’ai par contre du mal à ne pas regretter celles qui sont parties.

6 – QUE PENSEZ-VOUS DE LA PIPE DE SAINT-CLAUDE ?

Depuis quand la connaissez-vous ?
Quels sont ses qualités et ses défauts ?
La campagne anti-tabac vous importune-t-elle ?

Je crois que tout fumeur débutant, en France, est entré dans un magasin, un tabac, et a choisi sa première pipe de Saint-Claude. Puis il en a pris une autre. Et une autre. Etc. … Cette pipe que j’avais reçue en cadeau, c’était une pipe de Saint-Claude. Je peux dire que j’ai toujours connu la pipe de Saint-Claude !
Pour tout dire, je serais curieux de savoir si vous avez eu d’autres réponses que celles-ci !

Ses qualités et ses défauts ? Voilà une grande question. Il me semble que sa grande qualité, c’est d’être toujours là. Ce qui n’est pas rien.

Ses défauts ? Sacha Guitry avait une très jolie tirade, pour expliquer que lorsqu’on veut parler longtemps de quelqu’un qu’on aime, on a intérêt à parler de ses défauts, parce que c’est toujours plus facile, et que ça prend plus de temps.

Le principal défaut ? Le systématique système !

Pour le reste, je crois, un excès de modestie.

La campagne anti-tabac permet à des imbéciles de passer pour des gens intelligents. Ou alors ils auraient fait de la politique – quoique certains cumulent. Mais à vrai dire, mis à part ses excès, je crois au contraire que c’est une chance. C’est peut-être même la meilleure chose qui puisse arriver. Non seulement ils finiront par rendre les fumeurs sympathiques, mais en plus, je suis persuadé que cela ouvre à la pipe le même créneau qu’a peut-être mieux su occuper le cigare.

Voltaire avait une prière : Mon Dieu, rendez mes ennemis bien ridicules. Et il ajoutait : Et Dieu m’a exaucé. Prions … ou touchons du bois, ce qui est facile pour un fumeur de pipe.

7 QUELLES SONT VOS AUTRES PASSIONS ?

Vos loisirs, les moments forts de votre carrière :

J’ai très peu de loisirs. A dire vrai, je mène une vie quasi monacale. Dans ma chambre, il y a juste un lit, un chat, et une paire d’haltères. Bizarrement, le chat préfère dormir sur le matelas que sur la paire d’haltères, ce qui fait que je dors peu.

J’ai eu des moments forts dans ma carrière, mais j’aurais l’air de me tresser des lauriers, alors je vais juste dire que j’ai eu des fous rires inoubliables.

8 ETES-VOUS MEMBRE D’UNE ASSOCIATION, D’UN PIPE-CLUB OU D’UNE CONFRERIE ?

Non, je suis juste membre de mon forum.

9 VOTRE BIOGRAPHIE EN QUELQUES LIGNES, VOTRE SITUATION DE FAMILLE 

Je suis né en 1966, année de la création de la Confrérie. Nous étions faits pour nous rencontrer.

J’ai peu de souvenirs, je sais juste qu’en sortant de l’accouchement, l’infirmière m’a laissé tomber, dans le couloir de la clinique.

J’ai eu une enfance très heureuse. Ma grand-mère me trouvait très beau.

Je n’ai pas poussé mes études très loin. J’ai même freiné des quatre fers. Comme je ne suis sans doute pas très rapide intellectuellement, il m’a fallu pas mal de temps pour me rendre compte que les gens que je voyais à la télé étaient des personnes comme vous et moi. Il ne leur arrivait pas réellement toutes ces histoires. Et comme à l’époque, on infligeait aux lycéens des « conseillers d’orientation » qui tenaient absolument à savoir ce que l’on voudrait faire plus tard, comme si on en avait eu la moindre idée, et que je ne savais quoi répondre, j’ai trouvé pratique un métier où l’on pouvait passer d’une profession à l’autre, sans effort. J’ai donc fini par être comédien.

Je ne travaille pas assez à mon goût, mais je rencontre beaucoup de confrères qui me disent que je ne dois pas me plaindre. Donc, je ne me plains pas.

Je suis célibataire, heureusement pour Elle !

Et pour clouer le bec des grincheux, un petit extrait – je ne mets pas tout, c’est trop gentil – de la réponse de Pierre : "S'il y a un homme qui mérite une invitation en VIP de la Confrérie, c'est bien toi."

Bien sûr, je reparlerai de tout ça ;-)