24 septembre 2011

Cher Confrère



Voilà une nouvelle qui fera plaisir à certains, en énervera quelques-uns (la cerise sur le gâteau) et fera sourire ceux qui m’en avaient parlé, et à qui j’avais toujours dit non.

Il se trouve que Pierre Morel a parlé de moi à la Confrérie de Saint-Claude, et que je serai donc, vendredi soir prochain, si une grippe ne me cloue pas au lit, Confrère Pipier.

Comme j’ai un rhume qui me fait croire que j’ai un loukhoum à la place du nez, je vais faire du copier-coller dans ce billet. Voici donc un extrait du mail que j’ai adressé à Pierre – et qui me permet de préciser dans quel état d’esprit je m’y rends :

"J’étais très touché que tu penses à moi. Et je ne me vois pas te refuser. Et du coup c'est avec grand plaisir que je dis oui.

Il faut juste que tu penses que quelques crétins vont ressortir quelques remarques de ma part sur la Confrérie - remarques que je maintiens, comme l'absence de site web. Et que donc il pourrait y avoir des grincements de dent ;-)

Je pense que j'aurais toujours dit non à cette proposition. Mais voilà que c'est toi qui m'y invite.

Pour tout dire, je suis très heureux de ça. Peut-être pourrai-je préciser quelques points, et remettre quelques pendules à l'heure, même si on n'est pas d'accord avec moi, pourvu que l'on m'écoute. Et je pourrai d'ailleurs changer quelques points de vue ;-)

Peut-être comprendra-t-on enfin que je ne suis pas le type qui veut couler Saint-Claude ... des fois j'ai l'impression qu'on me prête des pouvoirs que je n'ai pas. Et peut-être que de bonnes choses en découleront."

Il y a quelques semaines, j’ai donc reçu un questionnaire. Et comme je ne vous cache rien, voici les questions et réponses :

3 – VOUS ET VOTRE PIPE

A quel âge et dans quelles circonstances avez-vous fumé votre première pipe ?
Combien de pipes fumez-vous par jour ?
Quel est votre tabac préféré ?
Pratiquez-vous les mélanges de tabacs ?

Je crois bien avoir fumé ma première pipe à treize ans. C’était un cadeau d’un ami de mes parents, fumeur de pipe. Ca m’a plu tout de suite. J’ai dû m’arrêter, fumer en cachette de l’Amsterdamer ou du Dunhill EMP est très difficile … J’ai repris quelques années plus tard, cette fois au grand jour.

Je fume cinq à six pipes par jours.

Je n’ai pas réellement de tabac préféré, j’aime en changer tout au long de la journée, mais j’ai une préférence pour les mélanges virginie/perique.

Non, je ne fais pas mes propres mélanges, je pense que c’est un  métier. Il m’arrive toute fois d’ajouter un peu de perique à des mélanges qui n’en contiennent pas assez à mon goût.

4 – VOS PIPES

Comment les choisissez-vous ?
Quel modèle préférez-vous ?
Combien en avez-vous, êtes-vous collectionneur ?

Il est parfois plus facile de choisir une pipe que l’on va acheter, plutôt que de faire son choix, entre toutes les pipes que l’on a, lorsque l’on veut fumer ! J’ai une préférence pour les modèles sablés, avec des sablages profonds, et cela ne m’empêche pas d’aimer de belles lisses. J’ai appris aussi que je ne suis pas un fumeur avec des goûts bien affirmés pour une forme. Je connais des gens qui ne fument que des droites par exemple. Ca m’ennuierait beaucoup.

Je ne compte pas mes pipes. Je ne compte plus en fait, parce qu’un escroc qui signe « impôts » a pratiqué sur moi un racket qui m’a obligé à en revendre beaucoup.

Je ne me sens pas « collectionneur », parce que j’ai des pipes pour les fumer. Mais tous les non-fumeurs que je reçois, ou les fumeurs de cigarettes, me classent dans la catégorie « collectionneurs poids-lourd ».

Cela dit, je suis ouvert à toute suggestion en vue d’augmenter mon cheptel. Même par des moyens que la morale réprouve, pourvu que ça reste entre nous.

5 – POUR VOUS, QUE REPRESENTE LA PIPE ?

Quelle place tient la pipe dans votre vie ?
Avez-vous des anecdotes à nous confier ?

La pipe a pris, par la force des choses, une grande place dans ma vie. J’en regarde beaucoup. J’en choisis à fumer. Je les fume. Je les entretiens. J’en parle. J’en vends aussi. J’ai créé, en 2002, le premier forum en français – il n’en existait aucun alors – sur la pipe. J’ai ouvert un site, deux ans plus tard, qui a vu en 2010 son deux millionième visiteur. Tout cela occupe pas mal de temps.

Sans compter le temps perdu à chercher la pipe que je veux fumer, là, tout de suite, et qui bien entendu ne répond pas à l’appel.

Je n’aurais pas d’anecdotes amusantes à raconter, plutôt des souvenirs de bons moments, des impressions, mais qui n’auraient aucun intérêt pour le lecteur.

J’évite de penser aux pipes que je n’ai pu que regarder, parce qu’il est inutile de se faire de la peine. J’ai par contre du mal à ne pas regretter celles qui sont parties.

6 – QUE PENSEZ-VOUS DE LA PIPE DE SAINT-CLAUDE ?

Depuis quand la connaissez-vous ?
Quels sont ses qualités et ses défauts ?
La campagne anti-tabac vous importune-t-elle ?

Je crois que tout fumeur débutant, en France, est entré dans un magasin, un tabac, et a choisi sa première pipe de Saint-Claude. Puis il en a pris une autre. Et une autre. Etc. … Cette pipe que j’avais reçue en cadeau, c’était une pipe de Saint-Claude. Je peux dire que j’ai toujours connu la pipe de Saint-Claude !
Pour tout dire, je serais curieux de savoir si vous avez eu d’autres réponses que celles-ci !

Ses qualités et ses défauts ? Voilà une grande question. Il me semble que sa grande qualité, c’est d’être toujours là. Ce qui n’est pas rien.

Ses défauts ? Sacha Guitry avait une très jolie tirade, pour expliquer que lorsqu’on veut parler longtemps de quelqu’un qu’on aime, on a intérêt à parler de ses défauts, parce que c’est toujours plus facile, et que ça prend plus de temps.

Le principal défaut ? Le systématique système !

Pour le reste, je crois, un excès de modestie.

La campagne anti-tabac permet à des imbéciles de passer pour des gens intelligents. Ou alors ils auraient fait de la politique – quoique certains cumulent. Mais à vrai dire, mis à part ses excès, je crois au contraire que c’est une chance. C’est peut-être même la meilleure chose qui puisse arriver. Non seulement ils finiront par rendre les fumeurs sympathiques, mais en plus, je suis persuadé que cela ouvre à la pipe le même créneau qu’a peut-être mieux su occuper le cigare.

Voltaire avait une prière : Mon Dieu, rendez mes ennemis bien ridicules. Et il ajoutait : Et Dieu m’a exaucé. Prions … ou touchons du bois, ce qui est facile pour un fumeur de pipe.

7 QUELLES SONT VOS AUTRES PASSIONS ?

Vos loisirs, les moments forts de votre carrière :

J’ai très peu de loisirs. A dire vrai, je mène une vie quasi monacale. Dans ma chambre, il y a juste un lit, un chat, et une paire d’haltères. Bizarrement, le chat préfère dormir sur le matelas que sur la paire d’haltères, ce qui fait que je dors peu.

J’ai eu des moments forts dans ma carrière, mais j’aurais l’air de me tresser des lauriers, alors je vais juste dire que j’ai eu des fous rires inoubliables.

8 ETES-VOUS MEMBRE D’UNE ASSOCIATION, D’UN PIPE-CLUB OU D’UNE CONFRERIE ?

Non, je suis juste membre de mon forum.

9 VOTRE BIOGRAPHIE EN QUELQUES LIGNES, VOTRE SITUATION DE FAMILLE 

Je suis né en 1966, année de la création de la Confrérie. Nous étions faits pour nous rencontrer.

J’ai peu de souvenirs, je sais juste qu’en sortant de l’accouchement, l’infirmière m’a laissé tomber, dans le couloir de la clinique.

J’ai eu une enfance très heureuse. Ma grand-mère me trouvait très beau.

Je n’ai pas poussé mes études très loin. J’ai même freiné des quatre fers. Comme je ne suis sans doute pas très rapide intellectuellement, il m’a fallu pas mal de temps pour me rendre compte que les gens que je voyais à la télé étaient des personnes comme vous et moi. Il ne leur arrivait pas réellement toutes ces histoires. Et comme à l’époque, on infligeait aux lycéens des « conseillers d’orientation » qui tenaient absolument à savoir ce que l’on voudrait faire plus tard, comme si on en avait eu la moindre idée, et que je ne savais quoi répondre, j’ai trouvé pratique un métier où l’on pouvait passer d’une profession à l’autre, sans effort. J’ai donc fini par être comédien.

Je ne travaille pas assez à mon goût, mais je rencontre beaucoup de confrères qui me disent que je ne dois pas me plaindre. Donc, je ne me plains pas.

Je suis célibataire, heureusement pour Elle !

Et pour clouer le bec des grincheux, un petit extrait – je ne mets pas tout, c’est trop gentil – de la réponse de Pierre : "S'il y a un homme qui mérite une invitation en VIP de la Confrérie, c'est bien toi."

Bien sûr, je reparlerai de tout ça ;-)


21 août 2011

Merci aux Anonymes !




Depuis pas mal de temps, il n’y avait plus de commentaires haineux sur ce blog. D’abord parce qu’il faut bien le dire, le temps me manque pour l’animer, et qu’ensuite, j’ai été obligé de modérer les commentaires. Il y a en outre baucoup trop de publicités et de spam.

Il semble aussi que ceux qui ont considéré cela comme un sport se soient vus siffler la fin de partie, non par l’arbitre, mais par leur « coach ». (J’emploie ce vilain mot parce qu'en France on oublie qu’il y a le mot « coche » ou « cocher », celui qui conduit, qui dirige.)

C’était donc assez calme. Bien sûr, je recevais les mails habituels : Elargize your penis ! ou You want a big zézette ? No problem ! Bref, le tout venant. (Bien sur, je n'en ai aucun besoin, mais je peux tout de même vous dire que c'est tout de l'arnaque)

Hors, voilà que mon dernier billet, qui remonte à plus de deux mois, a reçu trois commentaires, enfin, plutôt, trois fois le même commentaire :

Et bien je vois que l'auteur de ce blog est toujours aussi aigri. On manque de but dans la vie , de femme, d'enfant?

Il faut sortir partir voir du monde, chercher du travail. Les pipiers français ou étrangers ça ne remplace pas un vide sidéral de l'excistence

Trois fois ça. Le monsieur doit donc penser qu’existence s’écrit bien excistence. Ca n’est pas une faute de frappe.

Je dois à la vérité de dire à ce monsieur que si, bien sur, j'ai un but dans la vie. J'en ai même plusieurs. Simplement, je ne veux pas les étaler ici. Ca le regarde pas. Si le but des gens dans la vie l'intéresse tant que ça, il n'a qu'à acheter Voici, Paris-match, ou Points de vue et images du monde. Et toc.

Simplement, pour que je n'ai pas l'air de me défausser, je peux lui dire que :
-j'aimerais être grand-père
-Je me suis mis en tête de me raser au coupe-chou, et j'aimerais y parvenir une fois sans jouer du pansement. Dans mon quartier, on m'appelle la Momie, et ça ne fait pas sérieux.
-Gagner la cagnotte au Loto

Si ça, c'est pas des buts dans la vie !

Voilà, j'espère que Monsieur est content, et qu'il comprendra que quand j'écris quelques lignes ici, c'est sur mon temps libre, pour mon bon plaisir - et peut-être pour celui des autres lecteurs.

Quant à "sorti partir voir du monde", c'est prévu, j'en parlerai bientôt.

L’idée m’est donc venue de relire tous ces charmants commentaires, c’est devenu très facile grâce à la nouvelle interface de Blogger – Google fait plus pour ses blogs que pour ses groupes.

Eh bien, même s’il en manque, je dois dire que c’est vraiment très drôle. Je parle des pas contents. Des mecs chagrins. La grande majorité de ces commentaires est signé « Anonyme ». Deux ou trois seulement ont été signés, soit d’un pseudonyme, soit du nom de la personne.

Dans ces cas-là, je n’ai pas voulu les nommer. Mais j’ai pensé que ça pourrait être aussi amusant à lire pour vous que pour moi.

N’allez pas croire que ça me manque, non. Mais tous ces commentaires, à la suite, ça prend un certain relief. Même si tout de même on est surpris de la violence des courageux.

Je dois avouer que, vue la chaleur, je ne me suis pas amusé à aller chercher d'autres choses ailleurs. Vous n'aurez donc pas le plaisir de relire, sous la plume d'un bûcheron, "ce rat qui n'est pas encore crevé" à mon propos. Non, ça n'est pas une édition complète. Je me suis cantonné à ce que j'ai trouvé ici.

Bonne lecture ;-)


Faux cul, malhonnête et incompétent.

Et encore des impôts, tu devrais en payer plus s'il y avait une taxe sur le bêtise, une autre sur la prétention, une troisième sur la laideur.

Vous êtes bien prétentieux mon garçon, bien donneur deleçon dans votre petite vie médiocre, sans regarder ,les gens en face.
Fourbe et haineux.
Belle existence.
Inexistant et aboyeur.
Félicitations.

Inacpable d'écrire une phrase sans truffer ça de fautes. Prétentieux et minable. Restez dans votre coin.

Il est encore moins moche que certains abrutis prétentieux.

A c'est sur qu'avec la tête que tu as, tu peux toujours phantasmer. 

Guillaume et Ervin, simplet et grincheux.

Mon pôvre ami; tu deviens obsédé par ces images féminines.
C'est probable qu'avec ton air niais, tu ne pourras jamais concrétiser, même avec une fille très très moyenne.
Il te reste une chose. Regarder des images sur internet. Et te rincer l'oeil.

Et comme disait l'autre : La psychanalyse guérit de tout sauf de la connerie! 

Tu as du avoir une petite érection, non ? sur Erwin existe, je l'ai rencontré

115 euros un briquet, c'est absolument pas élitiste.

Hé oui, ça commence à être la fin pour les toxicos empoisonneurs...

Cette pipe fait un joli presse-papiers... sur Ma pipe du Groupe à moi

Slurp ! Slurp !
Elle sont bonnes les bottes à Guillaume ? 

Monsieur,
Je me permet de vous rappeler que la loi interdit toute publicité directe ou indirecte pour le tabac ! (signé : Albert)

Quand à polluer ton blog, je vais te faire plaisir en évitant à l'avenir de venir crotter mes pieds ici vu le niveau !
Si tu veux me faire plaisir, portes plaint pour diffamation ou injure, qu'on rigole un peu...

Je suis ravi de voir que vous tes un lecteur assidu du forum de DNF.
Peut-tre pourriez-vous y participer en expliquant votre point de vue : promouvoir la pipe et surtout les fumeurs de pipe n'est donc en rien une promotion du tabac ?
À moins que vous n'y mettiez d'autres substances ?

Un bourre-pipe pour un bourreur de mou, c'est normal !

Rien de tel que des amis de trente ans pipiers pour avoir de nouvelles pipes, un bon plan finalement d'animer des groupes. Tu devrais essayer avec collectionneurs de Ferrari, ou dons pour mon compte en Suisse :ODDDDDDDDDDDDDDDD 

Ouais...c'est un peu poujadiste tout ça.
Et quand on écrit gêne au lieu de gène... on est pas très futé.

Bonjour.
Je vous informe qu'une procédure va être engagée à votre encontre, pour publicité et communication sur le tabac librement accessibles sur internet.

A vous de prendre les dispositions nécessaires.

Un constat d'huissier va être effectué.

Tiens, je vois que Messire Guillaume a sa petite meute de roquets venant aboyer pour assourdir les critiques que l'on peut faire !

Toujours la meme méthode chez ce genre de personnage : sali l'autre au lieu d'argumenter.
J'ai d'ailleurs toujours constaté que les plus rapides à traîter l'autre de nationaliste étaient ceux qui trouve un certain homme politique borgne trop modéré...

Pourquoi autant de hargne ? Pourquoi autant de haine gratuite ? Est-ce pour pouvoir ressentir cette émotion qui le comble tellement : l’indignation ? C'est également marrant de voir comment cette victime de cohortes d’analphabètes de mauvaise volonté sait toujours mieux que l’auteur lui-même ce que celui-ci a voulu exprimer, et comment cette victime pratique avec délice le procès d’intention.

Lafly jean. Tout est dit.

Moi je trouve bien que les pipiers français ne donnent aucun crédit a ce site qui véhicule de la désinformation et de la haine.

Il n'y a pas de fumeur de pipe ici,
des collectionneurs et des imbéciles et c'est bien tout...

"Fumeur de pipes" ou comment faire de l'esprit sans en avoir.

Mouais. Tout cela est quand même moins drôle et moins fin que les chroniques de l’Ogre.

tout ça c'est du blabla, aucun intérêt, journalistiquement c'est nul



Flûte !



31 mai 2011

31 mai : Journée sans Tabac



Eh oui, je sais, voilà bien longtemps que je n’étais passé par là ! C’est mal, c’est très mal. Mais je ne vois pas le temps passer. Rien de tel que de ne pas avoir de travail pour ne pas voir le temps passer. Je dois l’avouer, je n’ai pas envie de voir passer le temps. J’aurais l’impression d’être une vache qui regarde passer un train. Comme elle, je n’y peux rien. Ca me distrait deux minutes d’y prêter attention, mais j’ai d’autres choses à faire.

D’ailleurs, je viens de m’apercevoir que voilà trois mois que je n’ai rien écrit ! Trois mois ! Largement de quoi se faire oublier.

Mais là, je ne pouvais pas laisser passer ça : c’est la Journée sans Tabac !

Chic, chic, chic ! Depuis le temps qu’on l’attendait ! Un an qu’on rongeait notre frein. Ouf, ça va mieux, c’est la Journée sans Tabac !

Alors, amis fumeurs, il m’est venu une idée.



Demain, partout, sans arrêt, sans cesse, ne manquez pas d’arborer fièrement une pipe … vide. Dans les transports en commun. Au bureau. Dans la queue à la boulangerie ou à la cantine. En allant chercher vos enfants à l’école. En allant voir votre cousin qui s’est cassé une jambe à l’hôpital. En faisant votre footing. A la piscine. Au cinéma. Et même, soyons fous, au tabac, pour faire le loto.

Annoncez fièrement, à la face du monde, qu’en cette Sainte Journée sans Tabac, VOUS NE FUMEZ PAS !

Donc, promis, je reviendrai plus vite cette fois-ci. Mais qu’il me soit permis de répondre à quelques questions, parce que là aussi, j’ai pris du retard.

Pourquoi ne pas avoir pris la peine d’écrire quelques mots pour la mort de Rainer Barbi ?

Eh bien, tout bêtement, parce que j’ai pensé à cette phrase : la mort des grands permet aux petits, enfin, de faire parler d’eux. Je me contente donc de fumer ma Barbi.

Pourquoi ne pas avoir pris la peine d’écrire quelques mots sur DSK, fumeur de pipe ?

DSK a depuis longtemps sa photo dans les personnalités du site. Mais bon, qu’ajouter de plus ? Et puis tout de même, il y a, à ce qu’il semble du moins, une histoire pas très claire là-dessous. Une femme dit avoir été violentée. Admettons que ce soit vrai. Admettons que ça arrive à votre femme, à votre sœur. A une amie proche. Vous trouveriez adéquat que j’en profite pour faire un article, avec les habituels gros jeux de mots bien rigolards ?

Monsieur, je constate qu’encore une fois, vous ne mettez pas les pipiers français à l’honneur. C’est bien sur un pipier étranger, qui se croit certainement champion du monde de sa catégorie, qui fera la pipe de votre groupe cette année. Et dans une bruyère qui est loin d’en valoir d’autres. J’ai honte pour vous. Casimir B.

Cher Casimir, -ça fait plaisir, je ne vous aperçois plus que sur les réseaux sociaux- effectivement, cette année, c’est un pipier italien, Damiano Rovera, qui a accepté de s’occuper de la pipe du groupe. J’en suis très content. J’ai choisi un modèle que j’avais pu tenir en main, il y a quelques années. Comme quoi, ça vaut parfois le coup d’attendre. Mais ne vous inquiétez pas : si le forum existe encore, vous êtes prévu pour 2035.

22 février 2011

Pipes de Groupe



A peine l'année finie, et les derniers envois de Pipe du Groupe 2010 faits, qu'il faut vite penser à la suivante.
L'année dernière, sur une proposition d'Erwin Van Hove, c'est Hermann Hennen qui nous avait proposé cinq modèles différents, trois en bruyère et deux en morta. Les modèles en morta ont remporté la palme. Et ce sont 91 pipes qui ont été commandées.

Bien sûr, on peut se poser la question : pour un groupe, pour une pipe de groupe, pourquoi ne pas s'en tenir à une forme unique ? Cela était possible, lors des premières éditions. Mais c'est très vite devenu problématique, non pas pour ceux qui commandent ou pas, selon leurs goûts et leurs envies, mais pour le pipier.

Refaire 30 fois la même pipe, ça n’est déjà pas palpitant. 40 fois ça commence à être fatiguant. Au-delà de 50, on passe largement le seuil du pénible. Le pipier fait des cauchemars. Il rêve qu’il est attaqué par 72 billiard bent, par exemple. Ou que 67 poker s’amusent à lui marteler les doigts de pieds. Il dépérit, mange peu, consomme énormément de café. S’ensuit une perte de poids, les mains qui tremblent, d’où blessures à répétitions, poches sous les yeux. Il a vite des tics nerveux. Quand ses vieux clients le contactent pour lui demander, pas de chance, la même forme que celle sur laquelle il travaille depuis trois mois, il éructe, pousse quelques grognements inarticulés, et raccroche. Il a perdu un client qui va se plaindre sur les autres forums.
Bref, à partir d’un certain nombre de demandes, proposer plusieurs formes est la meilleure solution. Certains pipiers préfèrent en faire dix d’un coup, puis passer à une autre forme. Ca donne un peu d’air.

Le tout est de proposer quelques formes, quelques finitions possibles – mais à ne pas en abuser, et un ou deux matériaux différents pour les tuyaux. Si on propose plus, on s’expose à des complications à tous les étages.

-Untel va commander telle forme, dans telle finition. Pas de chance, la finition en question n’est pas proposée pour cette forme, mais pour une autre.

-Untel aimerait bien savoir s’il ne serait pas possible d’ajouter une bague, d’ailleurs il a des idées. Il apprécierait du cocobolo, ou alors du palmier nain.

-Untel, c’est la teinte qui le gêne. Possible de l’avoir en rouge ?

Une fois passés ces premiers écueils, le pipier reçoit donc un fichier fait avec amour : la liste des membres, avec leur nom, la forme demandée, la finition, le tuyau. Liste qui n’est pas finie, puisque des retardataires vont venir s’y ajouter en cours de route. Il va donc falloir qu’il fasse le tri dans tout ça, en espérant qu’un membre qui avait commandé un tuyau en ébonite ne fasse pas une crise en voyant qu’il a un tuyau en cumberland, si par hasard il s’embrouille un peu.

Il se met au travail. Il est un peu rassuré, parce que le responsable du forum lui a bien précisé que, s’il est bien que les pipes arrivent pour l’année en cours, il comprend fort bien que son travail habituel ne doit pas être relégué aux oubliettes.

Pendant ce temps-là, ceux qui ont joyeusement passé la commande de leur pipe commencent à s’impatienter. Ils se posent des questions. Certains trouvent même le temps long. Comment se fait-il qu’ils n’aient pas de nouvelles de leur pipe ? C’est à croire qu’ils ont avalé un calendrier. Avec une extrême régularité, ils prennent le clavier pour signaler que le temps passe.

Enfin, ça y est ! Elles sont faites ! Ne reste plus qu’à demander les sommes restantes à ceux qui ont passé commande. Et c’est là, dans les cas, rares, où des personnes ne seraient plus intéressées, pour de bonnes ou de moins bonnes raisons, qu’il est important d’avoir des pipes du groupe qui font envie – et d’avoir donné une date limite de commande.

Dans le cas d’Hermann Hennen, trois personnes se sont désistées. Les trois pipes ont été proposées sur le groupe et ont trouvé preneurs en vingt minutes. Je dois même ajouter qu’Hermann s’étant rendu compte qu’il en avait deux de trop, les a proposées, elles aussi sont parties dans la journée.

Outre les personnes qui se désistent, il y a celles qui consultent leurs mails une fois par mois. Le cas est rare, mais constaté. Il faut aussi être bien clair sur la question d’argent. Evitez de tomber sur des types qui veulent être payés en dollars mais demandent une rallonge parce que le dollar a baissé par rapport à l’euro. Evitez absolument d’avoir à demander 3  ou 4 versement distincts.

Je pense aussi que le pipier, s’il préfère faire les envois lui-même, doit se donner comme ligne de conduite : un paiement, un envoi. Ca évite les soucis. Le pipier devra éviter aussi toute demande du genre : oh, le logo du groupe, j’ai comme une coquetterie là-dessus, ce serait possible de l’avoir sur le tuyau, mais pas sur la tige ? Ceci mérite quelques explications. Dans le cas d’une pipe de groupe, il est convenu que le pipier fait un prix d’ami. C’est l’usage. Et pourtant, il ne va pas moins avoir de travail pour autant. Il est d’usage aussi que chaque groupe ait un logo, apposé pour l’occasion sur chaque pipe. Evidemment, dans le cas de petits malins qui voudraient revendre cette pipe avec bénéfice, plus tard, le marquage du groupe est encombrant.
Je dois dire que fort heureusement, je n’ai jamais eu affaire à de tels problèmes.

Vient ensuite la dernière phase : le pipier envoie toutes les pipes, réunies dans un gros carton. Pour Hermann, ça a été un emballage de la célèbre marque Karcher. Plus de 9 kilos de pipes …

Là c’est au tour de la personne qui va se charger d’envoyer les pipes de commencer à faire chauffer l’expresso …

Heureusement, Hermann avait fort soigneusement emballé et étiqueté tout cela.

Nous pouvons aussi nous vanter d’avoir eu beaucoup de chance. Hermann exige une certaine qualité de morta. Il semblerait que le groupe ait porté un gros coup à son stock, puisqu’il vient d’envoyer à la Compagnie des Pipes ses cinq dernières pipes en morta. Dernières, parce que tant qu’il n’aura pas retrouvé une qualité équivalente, il n’en proposera plus.

Et dernière anecdote : comme je lui parlais du logo du groupe, que David Enrique allait lui envoyer, Hermann a pensé qu’on ne voulait pas qu’il mette son marquage à lui sur nos pipes !

Nous avons eu l’explication après l’ouverture du gros carton. En fermant les yeux et en imaginant que ma main est innocente, j’ai choisi ma pipe. Au bout de quelques minutes, j’ai cherché son marquage. Tiens, y’en a pas ! Une autre ? Pareil. Une autre encore ? Idem.

Question posée à Hermann, explication donnée, je me rends compte qu’Hermann est vraiment, très, très gentil. Si j’étais pipier et que j’avais l’impression qu’on me demande de ne pas signer mon travail, ça ne se passerait pas aussi bien. Hermann a même proposé qu’on lui renvoie le gros carton, qu’il procède au marquage, et qu’il nous le renvoie … Je n’ai pas eu le cœur de le faire. D’abord parce que le grand souci, c’est le bon acheminement de toutes les pipes. Vous êtes déjà très rassuré quand le gros carton arrive chez vous. Vous n’imaginez pas un instant le renvoyer, pour qu’il risque d’être « égaré » (c’est comme ça qu’ils disent à la Poste, c’est un vocabulaire particulier, comme dans chaque branche de métier).

Et puis, le travail d’Hermann me semble suffisamment reconnaissable. J’ai pensé que si l’un d’entre nous tenait au marquage, absolument, il renverrait sa pipe pour ce faire.

Par la force des choses, je me suis retrouvé propriétaire cette année, non pas d’une, ni de deux, mais de trois PdG !

Enfin, par la force des choses, pas entièrement. J’avais bien sur commandé une morta. Un membre du groupe, Pascal, que je remercie encore, m’a fait cadeau d’une des deux bruyères qu’il avait commandé. Et un monsieur mal élevé n’a pas répondu à mes mails – et comme j’avais payé la somme due à Hermann, une poker morta est venue rejoindre ses copines.

La première morta est épatante avec les latakia. La bruyère s’est révélée avec les virginies. La troisième morta met plus de temps, elle est plus timide que la première.

Le succès d’Hermann est mérité, vraiment. Il s’est fait connaitre en France, un peu plus qu’il ne l’était. Et je connais un américain et un coréen qui sont ravis de la leur.

Et nous voici maintenant en 2011. Cette fois, c’est Flavio qui a pris les choses en main. Flavio aime beaucoup les Ardor. Encore une marque dont on a beaucoup parlé à un moment, et moins depuis quelques temps. J’en ai une, depuis bientôt 8 ans. Elle m’avait tapé dans l’œil. Je la voulais pour mon anniversaire, mais il y avait un souci de carte bleue sur ce site américain … C’est grâce à Erwin que j’ai pu la recevoir chez moi. J’ai eu des propositions pour cette pipe. Je la fume le mardi. Je ne me vois pas m’en séparer.

Damiano Rovera nous a donc proposé quelques formes. Je crois que le oui est acquis. A suivre …

12 janvier 2011

Un cadeau de Pierre Morel



Ai-je le droit de parler de Pierre Morel ? Ou tout du moins de son travail ? La question pourrait se poser, quand certains se targuent de l'avoir découvert, comme s'ils avaient pu l'inventer, et qu'ils se sont adjugés un copyright sur ce qui est français et sanclaudien.

J'ai pu constater, en relisant certains commentaires sur ce blog, que de bonnes âmes ont voulu faire de moi le type envieux, haineux, boutonneux, qui voulaient bouter les pipiers hors de France, et les réduire à la ruine, à la mendicité, ou, pire, au RSA.

Mais je ne vais pas les écouter, encore une fois. J’avais déjà parlé de Pierre, récemment, lors de l’ouverture de son site :

J’y notais que le fait que Pierre Morel ait enfin son site, c’est de bonne justice. Les pipiers ont très bien compris tous l’intérêt d’avoir un site Internet. Les pipiers, et les autres. Il ne se passe pas une semaine sans que n’ouvre un nouveau site pipier, généralement présenté comme ceci :

-le jeune pipier se présente. Il est fumeur de pipe, passionné par l’objet, il aime le bois, le travail du bois. La nature. Les arbres. Les fleurs. Il a commencé par faire des pipes pour lui, puis pour ses potes, et devant l’admiration de ce cercle choisi, il s’est rendu à un pipe-show, où les vieux de la vieille l’ont encouragé. Voyant le prix des pipes signées par les vieux de la vieille, il a enfin découvert sa voie, et c’est en toute modestie que, pipier depuis 6 mois, il propose son travail à des prix super intéressants – pour lui.

-la page vente : quelques modèles qui auraient pu être intéressants, s’ils n’avaient pas l’air d’avoir été taillés dans une patate chaude. Entre 400 et 600 dollars.

-la page Galerie : elle regroupe les pipes vendues ou données, aux amis, aux voisins, à la grand-mère.

-la page Témoignages : Comme je suis heureux de pouvoir fumer dans une de tes pipes ! Malheureusement, Teddy, mon fox-terrier, a tendance à croire que c’est un os, ou alors qu’elle est là pour remplacer le truc qu’il avait avant, et qui faisait pouet quand il le mordait. Mais elle fume toujours aussi bien, LOL ! On se voit la semaine prochaine, à l’anniversaire de ta sœur.

De ce point de vue, le site de Pierre est à son image. Pas de blabla inutile. Des pipes. C’est Pierre qui prend les photos. Dieu sait que nous n’avons pas à nous plaindre des pipes que Pierre envoie à la Compagnie des Pipes, mais il arrive encore à me surprendre ! A chaque mise à jour, j’ai une pointe de jalousie. Pour être précis, deux pointes. D’abord, ces pipes auraient été bienvenues chez moi. Ensuite, pourquoi est-ce qu’on n’a pas les mêmes à la Compagnie ?

Ceci mérite quelques explications. Bien sûr, Pierre a quelques modèles qui sont, pour ainsi dire, sa signature. Il pourrait s’asseoir confortablement, et proposer les mêmes modèles, tranquillement.  Mais d’une part, il m’avait confié qu’il aimait proposer des choses différentes. Il suffit de regarder ici :

Le type qui propose un tel éventail n’est pas du genre à se reposer sur ses lauriers. Il serait pourtant simple, n’est-ce pas, quand on voit que telle lovat est vendue en 20 minutes – et même moins, pour Pierre, et pour la Compagnie aussi, le record est de 4 minutes – il serait donc tellement plus simple d’en proposer encore quelques-unes, n’est-ce pas.

D’autre part je crois que Pierre est resté curieux. Il a envie d’essayer. Voilà pourquoi on peut donner bien des qualificatifs à sa production, mais certes pas celui d’uniforme.

Et c’est là que débute réellement mon histoire (j’aurai mis le temps !). J’avais eu en ma possession, il y a quelques années, une flying saucer, réalisée par Cavicchi. Comme il m’arrivait encore de la chercher, machinalement, alors que j’avais dû la revendre il y a un bon moment, je me suis pris à regretter que cette forme ne soit pas plus souvent proposée. Cela m’avait tellement tarabusté, qu’une nuit d’insomnie, je me suis pris à rêver de ce que cela donnerait, fait par Pierre, avec la teinte orange-rosé qui est une de ses signatures. Cela m’a coûté quelques heures de sommeil. Et voilà que Pierre, il y a quelques temps, me demande si je n’aurais pas pensé à une forme, inhabituelle pour lui, qu’il n’aurait pas encore proposée …

Bien sûr, je lui parle de la flying saucer, en lui joignant une photo de la Cavicchi. Pierre me confirme qu’il n’en a jamais faite, et ça semble l’amuser. Puis il faut attendre. C’est que Pierre doit bosser pour lui, pour d’autres sites et magasins, des commandes, et qu’enfin il a pu proposer, en collaboration avec David Enrique, la ligne Alliance – ce qui a fait l’objet de mon précédent billet, comme le temps passe …

Et dire qu’il y en a qui prennent leur retraite pour se reposer …

Enfin, Pierre me donne des nouvelles : il a trouvé la bruyère qui ira bien, et comme je lui dis que je serai très fier de la présenter sur la Compagnie, il me répond que cette pipe n’est pas pour la Compagnie des Pipes. Elle est pour moi. Cadeau. Résultat : encore quelques heures d’insomnie.

Bon, cette pipe est arrivée, pour Noël. Comme je n’aime pas trop parler de pipes sans aborder le sujet du fumage, je me contente de passer des photos sur le forum. Je l’ai déjà écrit, je le redis ici : je m’étais à un moment demandé si j’avais donné à Pierre assez d’informations. Mais il n’en avait pas besoin. Il a senti cette forme. J’avais bien tort de me poser des questions.

Cette pipe, je l’ai essayée d’emblée avec des mélanges virginie/perique. Ce sont des mélanges que je qualifierais de « pas faciles », en ce sens qu’ils se fument bien, partout où ils sont, mais qu’il leur faut certaines pipes pour prendre tout leur sens. Je sais que certains réservent des pipes, uniquement pour ces mélanges-là. Une pipe pour le Trois Nonnes. J’y ai fumé aussi du Saint-Bruno flake. Elle leur a donné un relief que je ne leur connaissais pas. Je ne sais où Pierre a trouvé cette bruyère. Je sais que je dois me retenir de ne pas la fumer sans arrêt. Elle a trouvé sa place sur un porte-pipe, sablée de façon splendide par mes soins, chez David Enrique. Je le dis parce que je crois que David a été véritablement époustouflé par mon coup de main, et qu’il n’ose pas en parler, de peur de me faire rougir. Un jour, j’aurai une pipe Alliance, en attendant on fait les alliances qu’on peut.

Je dois avouer que certaines pipes me font un drôle d’effet : je suis tenté de les avoir sous la main, de les fumer, et par timidité, je les regarde plus que je ne les fume. Envie de la voir, et envie qu’on la voit. Dans un film, Daniel Gélin jouait un fumeur de pipes qui rangeait les pipes dans la poche de poitrine de sa veste, près du cœur. C’était très beau. J’avais essayé, mais bien sûr, les pipes sont tombées. Il faudrait un élastique cousu à l’intérieur, pour pouvoir y glisser le tuyau, et en assurer la stabilité. Voilà, si j’étais petite main, ce que je ferais, pour que le fourneau de cette pipe apparaisse, tel un périscope.

 
Voilà bientôt un an que des pipes de Pierre font un bref passage chez moi. Voilà bientôt un an que je pousse de gros soupirs. Un an bientôt que je regarde de près ses « montages à la con ». Et sa teinte orange-rosé … Alors maintenant, grâce à la gentillesse de Pierre, je vais encore soupirer, bien sûr, mais moins. Maintenant je saisis parfaitement pourquoi ceux qui se procurent une pipe de Pierre n’en restent pas là. Je sais maintenant pourquoi elles partent aussi vite.

Vous me direz que j’ai mis le temps, et que si j’avais écouté … C’est vrai, pour des tas de mauvaises raisons, j’ai découvert le travail de Pierre très tard. C’est assez honteux de ma part, mais je n’en suis pas totalement responsable. Aujourd’hui, Pierre n’est plus « l’ouvrier maison de Chacom ». Qu’il ne m’en veuille pas de dire qu’il est plus « visible ». Et c’est tant mieux.

Lorsque j’ai commencé à m’intéresser à la chose, j’entendais citer le nom de Pierre Morel. Sur le site Chacom, on pouvait voir une petite photo de lui. Erwin Van Hove l’avait mentionné à plusieurs reprises. Un membre du forum, il y a quelques années, était arrivé à un dîner du groupe, avec une Morel superbement et étonnamment guillochée. (j’ai déjà raconté cette anecdote). Une chose est certaine : un grand artisan n’est pas forcément un bon commerçant, un as du « marketing ». Je parlais à l’instant de ses « montages à la con ». L’expression n’est pas de moi, mais de lui. Il s’agit de ses montages tige-tuyau convexe-concave. Là aussi, je pense que beaucoup auraient trouvé une dénomination beaucoup plus vendeuse. Auraient ronronné d’aise en en parlant. Remercié avec effusion ceux qui l’auraient félicité pour ce travail. Il y en a, dans les forums, qui sont spécialistes de ça. Mais Pierre Morel n’est pas de ceux qui parlent de techniciens de surface, ou d’enjoliveurs de sols, il dit balayeur. Et surtout, il n’est pas de ceux qui se mettent en avant.

 
A l’heure où certains Casimir Bourgniol sont à l’affut du moindre compliment, où ils n’hésitent pas à affirmer qu’en toute modestie, leur travail est absolument extraordinaire, que leurs pipes sont nettement au-dessus du panier, se confondent en remerciement épanouis, et peinent à contenir le boursouflement du contentement qu’ils ont d’eux, sous peine de faire craquer la grosse couche de vernis de fausse modestie dont ils s’enduisent tous les matins, pendant qu’ils ne manquent pas de féliciter tel ou tel revendeur de pipes de leurs bons choix – on ne sait jamais, ça peut déboucher sur quelque chose - là encore, pendant ce temps-là … d’autres travaillent. Ils ne s’expriment pas à tort et à travers. Ils ont mieux à faire. 

Ils travaillent. 

Pour ma part, je sens que je vais me conduire comme ces croisés de l'anti-tabagisme, qui ont arrêté de fumer, et qui voudraient que tout le monde en fasse autant. Maintenant que j'ai essayé une Morel, ceux qui me croiseront n'ont pas fini d'en entendre parler. Et puis j'ai donné à Pierre l'idée de cette forme. Et j'ai la première. Le roi n'est pas mon cousin.