09 décembre 2010

Morel + Enrique = Alliance



Il y a de temps à autres de bonnes nouvelles. Enfin, David Enrique a annoncé la nouvelle : les pipes Alliance sont nées. Les pipes Alliance sont le fruit de la collaboration entre David et Pierre Morel. Dois-je l’avouer ? Pour moi, ça a été un soulagement. Lors de notre passage chez lui, au mois d’août dernier, David nous avait parlé de ce projet, mais nous avait demandé de tenir notre langue. Mais comme bêtement j’avais signalé la chose :

David nous avait parlé d’un projet, qu’il nous montrerait lors de notre venue. Vous vous attendiez à des images. Eh bien, pas encore. Il faudra patienter. Je peux juste dire que c’est une TRES bonne idée. A ma connaissance, mais on me reprendra si je dis une bêtise, c’est la première fois que cela se fera en France. Voilà, je ne peux en dire plus.

J’ai dû faire face à une armada de questions, de pièges, de tentations, de propositions, parce que certains voulaient absolument savoir de quoi il s’agissait. Ouf, je vais être tranquille, maintenant, ils ont la réponse.

Je ne vais pas vous refaire l’article, d’abord parce qu’Erwin Van Hove en a déjà fait un :


Je crois par contre que cette nouvelle, qui doit réjouir tous les amateurs de bonnes pipes, ne laissera personne indifférent. David, qui nous a gardé le scoop pour le groupe, et ne savait pas comment présenter la chose, a récolté plus d’une centaine de messages avec cette annonce. Je pense qu’à partir du moment où l’indice « Alliance » a été donné, il a dû y avoir pas mal de clics ou de rafraichissements de cette page … Personnellement, j’ai cliqué comme un gros malade autant que j’ai pu, et c’est à table que j’ai su que la page était bien en ligne.

Voilà, vous pouvez maintenant admirer ces pipes, conçues par Pierre Morel, et finies par David Enrique. Je vous préviens que vous allez baver. Moi je bave encore. Je ne sais pas où ranger toute cette bave. Je ne me déplace plus chez moi, je glisse. Heureusement, mes deux préférées sont déjà parties, la Elephant foot et la cutty … et il y en aura d’autres.

Il y aurait une belle allégorie à faire, la sagesse travaille main dans la main avec la jeunesse, dans le style grec, avec un type genre barde en toge courte, la barbe fleurie et ses doigts de pieds qui font flip-flap dans ses sandales,  et un jeune éphèbe, tous deux marchant vers la lumière … mais je dessine comme un manche et ce sera pour une autre fois. Et puis l’image serait fausse.

Je crois que justement, Pierre et David, qui ont eu la même idée au même moment, ont tous deux saisi le plaisir qu’ils auraient à travailler ensemble, parce qu’ils savent bien qu’on apprend à tout âge. C’est un bel exemple, et s’ils éprouvent un petit peu de la joie qu’ils nous donnent à voir leur travail commun, nous n’avons pas fini de nous régaler ...

23 octobre 2010

La grande patience de Marty Pulvers


Voici quelques jours, je recevais un mail de Stéphane, dit Flake, un membre du forum – je vous ai dit que j’avais un forum ?

Stéphane, qui entretient une correspondance avec Marty Pulvers, m’apprend que celui-ci est de passage à Paris, avec sa femme Joy, qu’ils vont dîner tous les trois, et qu’il me verrait bien en quatrième.

Je dois avouer que j’ai hésité, parce que, voyez-vous, ma façon de parler l’anglais est assez particulière. Assez pour intéresser les scientifiques de je ne sais plus quel laboratoire américain, qui me voulaient comme cobaye pour passer des tests. (Ils disaient que comme le singe les avait réussis, ils étaient curieux de voir ce que je pourrais faire). Le choix était simple : je laissais Stéphane passer une bonne soirée, et discuter tranquillement de littérature avec Marty et sa femme, ou je ramenais mes gros godillots. J’ai bien sur opté pour la seconde solution.

D’abord parce que Stéphane m’a rassuré tout de suite en me disant que j’étais son invité. Un restaurant, ça ne se refuse pas, par principe. Toujours ça de pris. Ensuite, par curiosité. Erwin Van Hove nous avait vanté le bonhomme, et son site. Il a fait assez d’heureux pour passer haut la main dans les pages 5 étoiles du site. Vous pouvez y accéder en cliquant sur le titre du billet.  Ensuite, il y a ses messages, qu’il laisse en page d’accueil de son site, toujours drôles, bien vus. Je lui avais acheté une pipe, j’ai d’ailleurs passé la soirée à essayer de me rappeler laquelle. Donc, hardi, Laffly, me dis-je, en chaussant mes gros godillots.

Comment dire ? Marty se ressemble. On ne peut pas se tromper, c’est lui. Il est américain. Je dis cela parce que porteur d’une casquette, jamais pourtant je n’aurais pu le confondre avec un français. Et puis l’œil vif, et gentil. Et je dois tout de suite expliquer mon titre.

Je parle de la grande patience de Marty Pulvers, et je m’en voudrais d’oublier sa femme, qui ont, vraiment, été d’une grande gentillesse et d’une grande patience avec moi. Si Stéphane n’avait pas été là, nous y serions arrivés aussi, mais beaucoup plus lentement. Marty parle un peu français, je parle très mal l’anglais, et Stéphane lui s’exprime fort bien dans les deux langues. Stéphane était donc notre trait d’union.

Au début, Marty parlait très lentement, j’ai donc pu parfaitement comprendre qu’il avait passé de très bonnes vacances en Italie. Puis, au cours du repas, il devait prendre de l’assurance pour moi, il a commencé à parler plus vite, et là … Ca a été plus difficile. Je ne pouvais pas dire à Stéphane : Traduction ! toutes les deux minutes. Il me fallait donc un moment pour décoder, et j’ai dans ces moments-là j’ai un regard … comment dire … vide. Les grandes profondeurs. Pour ceux qui ont fait de la plongée, la Fosse des Mariannes. Une fois, Marty l’a bien vu, et, souvenir d’Italie, il m’a dit tout doucement : Capice ? et j’ai du lui répondre un truc du style : Yes, but slowly, because il faut que je décode … You have no subtitles … it’s very damage !

Comme je lui faisais remarquer que j’étais encore très étonné de voir que des GRC qu’il propose sont toujours disponibles, il m’a dit que cela arrive parfois, des pipes dont on sait qu’elles sont bonnes, bien faites, qu’on trouve jolies … et qui vous reste sur les bras. C’est un grand mystère.

Mais nous avons finalement fort peu parlé de pipes, et nous avons heureusement abordé plein d’autres sujets. Marty est curieux, il a je crois fait beaucoup de choses dans sa vie, et il a cette qualité rare, il n’est jamais ennuyeux.

Comme je craindrais de l’être en vous racontant par le menu cette soirée, je vais terminer là. Je vais simplement refaire une promesse à Marty et à sa femme : je promets d’essayer de parler mieux anglais,  s’il réalise ce passage à Paris, pendant un mois, dont il a été question. Dois-je préciser que nous serions, vraiment, ravis de les revoir ?

PS Stéphane n’apparaît pas sur la photo. J’en ai pris une de lui, mais décemment, je ne pouvais pas lui faire ce coup là. D'autant plus qu'il en a pris de moi, et que j'ai peur qu'il se venge. Et d’autres, où il pose avec les Pulvers, mais c’était avec son appareil, et je n’ai pas vu les images.

18 octobre 2010

Le retour de Casimir

Après cette interview passionnante reproduite il y a quelques temps sur ce blog :
 nous avons été heureux d'avoir des nouvelles de Casimir. Avec le souci de transparence qui nous caractérise, nous n'avons pas voulu romancer ces échanges. Les voici, tels quels. C'est une pierre de plus que nous apportons à l'histoire mondiale de la pipe.

Cher monsieur,

Après votre interview, qui n'a d'ailleurs donné lieu à aucune commande, je me suis retiré pendant quelques temps dans ma bergerie. Là, au contact de la nature, de mes amies les chèvres, j'ai pensé que décidément, il fallait, de nos jours, faire parler de soi. J’en ai parlé à Biquette, et elle est d’accord. Quand, même dans le supplément d’une revue qui DEVRAIT s’intéresser à moi, on m’oublie, je pense que c’est à moi de sortir de ma réserve naturelle - j’entends par là, non pas ma résidence principale, mais le fait, vous le savez, que je suis timide comme la violette.

Je pense d’ailleurs que, pour ce faire, il conviendrait de lancer un sujet qui fasse palpiter d’intérêt vos lecteurs, et les membres de votre forum. J’ai pensé parler, et je crois que je suis le mieux placé pour le faire, de la pipe française. Je crois qu’il est temps de parler d’autres choses que des champions du monde qui extorquent des sommes folles à des illuminés. Et c’est à vous que je m’adresse, il me semble que vous êtes le mieux placé pour passer mon message. Je serais aussi intéressé des réactions et des opinions des membres de votre forum, qui sont tous des spécialistes, puisqu’ils aiment beaucoup mon travail, malgré qu’ils ne m’achètent rien.

Qu’en pensez-vous ?

Cher Casimir,

Je vous remercie d’avoir pensé à moi. En effet, je crois que nous sommes deux modestes, et que nous ne nous rendons pas compte des bienfaits que nous avons déjà apportés, et que nous pouvons apporter encore, à la pipe française. Si nous n’étions pas là, les pipes françaises se vendraient encore moins bien. Si nous n’étions pas là, les pipiers français perdraient leur confiance en eux. Si nous n’étions pas là, les entrepreneurs pipiers feraient des dépressions.

Heureusement, nous sommes là.

Maintenant, je suis un peu ennuyé. Je pense qu’il faut cette fois-ci ne pas faire dans « la grosse cavalerie ». Vous savez combien le moindre de mes faits et gestes est suivi et commenté par une bande d’anonymes agressifs,  malveillants et vénéneux. Je pense donc que pour éviter les critiques – il y en aura forcément, du moins je le souhaite, puisque comme ça on parlera de nous – mais pour éviter, donc, les critiques trop dures, il faudrait y aller sur la pointe des pieds, pour une fois. Je vous propose donc de passer devant. Je resterai derrière. Je garderai, si vous voulez bien, un profil impartial. Je pense même dénoncer le manichéisme de certains. Mais, tout en vous soutenant, je parlerai des pipiers étrangers qui font malgré tout, parfois, du bon travail.

Je pense que cette conduite est la meilleure à adopter, tout au moins au début. Et puis, vous ne serez pas seuls, nous avons des appuis.

En tous les cas, tenez-moi au courant, et j’adresse quelques caresses à votre gentille Biquette, dont je suis sûr que son lait doit être un régal ! Tenez, je me laisserais même aller à l’embrasser sur le pis !

Cher monsieur, 

Tout d’abord, je voudrais éviter toute équivoque. Quand je disais que Biquette est d’accord, je voulais bien sur parler de ma femme, à qui je donne ce surnom affectueux. Je vous prierai donc à l’avenir d’éviter toute allusion de bas étage.

En ce qui concerne votre plan, j’ai l’impression que vous allez me laisser me débrouiller. Mais je ne crains pas la lutte. J’ai d’ailleurs, dans ma jeunesse, été très fort au khouba. Je vais donc me dévouer. Merci donc de m’inscrire sur votre forum.

Quant aux pipiers étrangers dont vous voulez parler, je me demande bien qui ! Aucun n’a accès à cette source fabuleuse de bruyère que j’ai amassée, au fil du temps, et qui dort dans ma cave.

Cher Casimir,

Tout d’abord, je tiens à vous présenter toutes mes plus plates excuses. Et la platitude, ça me connait. Quand j’étais scout, mon totem était la sole. Je vous prie d’excuser cette erreur, tout à fait involontaire de ma part, bien sûr. Jamais je n’aurais employé le mot « pis » en parlant de votre femme.

Je tiens aussi à vous assurer de tout mon soutien. Ne voyez aucune reculade de ma part. Je me dois d’agir pour le mieux : c’est pour la pipe française.

Pour les pipiers étrangers, il faut tout de même que je puisse relancer la conversation : si je suis d’emblée d’accord avec vous, ça peut avoir l’air louche.

D’autre part, voilà trois fois que vous vous inscrivez sur notre forum, et deux fois que vous vous présentez. Comme il n'y a pas eu de nouveau venu depuis, je crois que tout le monde vous connait.

P.S.
Je suis très ignorant, qu’est-ce que le khouba ?

Cher monsieur,

Vous êtes bien sur tout excusé. J’ai sans doute écrit mon message sur un coup de sang, et vous savez que j’ai le sang chaud. Très bien, je finis de vous répondre, et je passe mon message. Le khouba est un sport de mon pays. J’étais le champion du khouba.

Destinataire : [ma garde rapprochée] Les gars, le vieux Casimir reprend du service. Soyez gentil de le soutenir. Je suis pas trop dispo en ce moment, alors, je vous le demande, soyez sur le coup. Ah, et pas d’allusion à Biquette !

Cher Casimir,

C’est par erreur que vous avez reçu le mail précédent. En effet, comme vous voyez, j’ai mis mes équipes sur le coup. Haut les cœurs. Poignée de main à votre femme.

Cher Casimir,

Votre message a déjà fait l’effet d’une bombe ! Incroyable le soutien que vous avez eu. Moi-même je n’en reviens pas. Deux réponses ! Incroyable ! Je suis ému.

Cher monsieur,

Effectivement, je dois dire que j’ai été heureusement surpris de l’accueil que l’on m’a réservé. Bien sûr, une des deux personnes qui a appuyé mes propos est un de mes derniers revendeurs, et il me doit de l’argent. Mais baste ! Ne gâchons pas notre plaisir. Je suis persuadé que déjà, dans certaines chaumières, on doit sentir le vent tourner. Fini de rire !

J’ai par ailleurs trouvé agaçant que l’on me parle des « jeunes ». Les jeunes feraient mieux d’écouter un vieux roublard comme moi, qui pourrait encore leur en remontrer. Les jeunes ! Mon cul ! Quand ils auront planté le quart de ce que j’ai labouré … !

PS
Je ne pourrai pas vous répondre avant ce soir, je dois raser mon bouc.

Cher Casimir,

Je pense que c’est en bonne voie. Il faudrait malgré tout que vous relanciez la chose de temps en temps : ce sujet est un de nos vieux chevaux de bataille, il faut donc lui redonner du sang neuf. Je pense qu’un bon angle d’attaque serait le prix des pipes sablées. Vous y aviez déjà fait allusion, d’ailleurs. Votre mépris du travail des pipiers connus pour leur sablage, vos avis sur la question, heureusement tout à fait dénués d’impartialité, peuvent permettre d’aborder cette vieille question sous un nouveau jour.

Haut les cœurs ! Bourrade amicale à votre femme.

PS
Je ne savais pas qu’on devait raser les boucs - je suis un homme des villes - en tout cas cela doit demander beaucoup de travail, et ça ne doit pas être facile, sans parler des puces. J’espère que la sale bête restera tranquille pendant l' opération.

Cher monsieur,

Effectivement, la question du sablage est une bonne idée. Je suis sur le cul quand je vois les prix demandés par certains « génies », et surtout par le fait que ces soi-disant génies trouvent des benêts pour leur acheter leur sous-production. Je présente moi-même, vous le savez bien sûr (tout le monde le sait), de merveilleuses pipes sablées – grâce à mon voisin carrossier, qui dispose d’un matériel haut de gamme. Après tout, qu’est-ce qu’une pipe sablée : une bruyère imparfaite. Le sablage est un cautère sur une jambe de bois, finalement. Ou comment refourguer des bruyères bonnes à jeter. J’ai vu des pipes sablées à 1500 euros !!! Vous vous rendez compte ! Quand je pense que j’ai du mal à fourguer les miennes à dix fois moins ! Je me sens bien chaud, là, j’y vais. Il faut que je démasque ces imposteurs, les bruyères que je sable me reviennent à dix euros, ne mélangeons pas tout !

PS
Pour le bouc, je parlais de ma barbe.


Sablage de Casimir Bourgniol (détail)

Cher monsieur,

 Je n’étais pas mécontent de mon message, mais voilà que quelque chose me met la puce à l’oreille : personne, je dis bien PERSONNE, ne s’est jamais intéressé aux prix de mes pipes sablées ! Or, depuis mon message, j’ai reçu des mails me posant la question. Comme je crois que rien n’est dû au hasard, cela confirme ce que vous me disiez l’autre jour : nous sommes surveillés ! Espionnés nous sommes ! Il y a des sous-marins ! Des hommes en noir ! Des réseaux ! Les mêmes qui font les champions du monde ! Tous à mettre dans le même panier : tous ces clubs, ces groupements, ces soi-disant Maîtres, et autres snobopipophages ! Il y a complot ! Il y a cabale ! Ils me guettent, ils sont là ! Du coup, j’ai baissé le store du magasin, et je les attends de pied ferme ! N’essayez pas de m’appeler, j’ai coupé le téléphone. Biquette prendra le premier tour de garde, cette nuit.

Cher Casimir,

Vous confirmez ce que je dis depuis un moment : ils sont là, tapis dans l’ombre, mais je les connais, ces courageux anonymes ! Tout de même, faites attention à vous. Reposez-vous, vous m’avez l’air fatigué. Et bon courage à votre femme, pour ces tours de garde. Ah, et puis, je voulais vous demander, évitez d’employer des mots compliqués : un de vos fans – et ils sont nombreux – se demande ce que veut dire : snobopipophage.

Cher Monsieur,

Vous ne pensiez pas que j’allais imposer à ma femme de veiller, la nuit ! C’est bien évidemment de ma chère chèvre, Biquette, que je parlais ! Elle est mieux qu’un chien de garde, si quelqu’un approche à cent mètres, nous serons prévenus ! Je ne tape pas plus longtemps sur mon clavier, j’étais en train de passer mon maquillage pour me camoufler dans la forêt, et ça salit les touches.

PS
Pendant quelques temps, nous n’échangerons plus par mail, ni par téléphone. Je me méfie. Mais ne vous inquiétez pas, j’ai une solution de remplacement, vous verrez. Ma botte secrète !

Cher Casimir,

J’ai bien reçu votre message ! J'ai été bien étonné, je n'aurais pas pensé à ça ! Je peux déjà vous confirmer que de nombreux soutiens vous sont apportés. Voici quelques extraits des plus beaux témoignages :

Hélas, nous vivons dans un monde pourri où c’est vachement mieux d’arborer une pipe qui coûte la peau des fesses plutôt qu’une bonne pipe bien de chez nous. Comme disait Casimir, la pipe, c’est le pied !

Loin du manichéisme de certains, nous avons été les premiers à propager l’œuvre de Casimir Bourgniol, ainsi que celles des autres pipiers français, nous les avons découverts, ils sont à nous ! D’ailleurs, je regrette que l’on n’ait pas des images de Casimir au travail, des photos de son atelier, de ses outils …

Plutô que certain zarticles de blogs longs et ennuieux, comme je praifère la pur métrise du verbe de Casimir ! Gé troi de sais pipes, trop bien elles son. Voici un poheme qui m’avez envoyer :

Je ne suis pas italien, je ne suis pas espagnol,
Mon nom simplement est Bourgniol,
Français je suis, quel coup de bol,
Bruyère j’aime, Pipe je crée,
Haineux je conchie, admirateurs je baise,
Comme mon gruyère, et ça se voit à ses trous,
Ma bruyère est française,
Jusqu’au bout je signerai Bourgniol,
Jusqu’à tant que je l’aurai molle.

Cher Monsieur,

Voici en attendant une photo que j’ai prise de mes outils. Comme pour le reste, suivant en cela l’enseignement de mes maitres et amis Danois, je les ai faits moi-même tout seul à la main. L’outil, le geste, c’est un peu la botte secrète de l’artiste. Bien sûr, il serait difficile à un amateur de les reproduire. Et il lui serait encore plus difficile de s’en servir à bon escient. Je me souviens encore, quand Svend m’a dit : Tiens, petit scarabée, quand tu pourras attraper cette pierre, tu pourras enfin quitter le temple … Que de souvenirs !

Outils de Casimir Bourgniol



Pas beaucoup de réactions, je commence à penser que ce que je dis n’intéresse pas grand monde.

Cher Casimir,

Je crois que vous devriez rebrancher l’électricité, nous pourrions ainsi poursuivre nos échanges par mails. Ce serait plus simple qu’avec ce pigeon voyageur – qui en plus se trompe à chaque fois de fenêtre, les voisins commencent à protester. J’espère tout de même qu’il pourra rentrer chez lui, il a l’air fatigué.

Malgré tous nos efforts, la question ne semble pas intéresser grand monde, il ne faut pas se le cacher. La période est calme, mais je m’empresse de dire qu’il en est de même pour tous les forums. Il faudra sans doute trouver un moment plus approprié. Cela dit, ils sont nombreux à se féliciter de ce débat, débat d’autant plus intéressant que tout le monde était d’accord. Voilà qui aura fait avancer les choses. Cela devrait vous consoler de tout le mal que vous vous êtes donné.

J’espère que votre santé est bonne, et que vous n’êtes pas trop déçu du peu d’écho que vous avez rencontré. Ou peut-être êtes-vous en train de travailler ? C’est avec émotion que j’imagine les superbes pièces qui vont sortir de votre inspiration, de vos mains, ou de vos pieds.

Monsieur,

Je suis effectivement très déçu. Il me semble que, même chez vous, où l’on peut encore taper librement sur les autres ( rayé ) s’exprimer en toute liberté, démocratiquement, il y a eu une certaine réticence. Je voulais défendre la pipe française. Je voulais défendre la bruyère française. Ne le répétez pas : tous ces pipiers champions du monde auto-proclamés, tous ces soi-disant Maîtres, sont à la recherche de la plus belle qualité de bruyère. Et là, toc ! C’est moi qui l’ait. Et ils l’auront pas ! Ils peuvent toujours courir ! Je les tiens par les joyeuses !

Mais je ne m’arrêterai pas là ! Je me sens investi d’une mission. Je reviendrai ! I’ll be back !

A propos, je n’ai pas de nouvelles de Vaillant, mon pigeon ? Vous l’avez bien relâché ?

Cher Casimir,

Votre gentil petit pigeon semble s’être établi dans le jardin au bout de la rue, avec une charmante pigeonne. Je crois qu’ils s’aiment d’amour tendre. En tout cas, ça roucoule.

Votre présence sur le forum, discrète, mais efficace, m’a redonné la foi. J’ai plein d’idées à vous proposer, mais je suis très pris en ce moment. J’y réfléchis, je mets tout ça à plat, et je vous recontacte. En attendant, n’hésitez pas à intervenir, vous êtes toujours le bienvenu ...


25 septembre 2010

Arrière Boutique


Vous connaissez « Boutique » ? Non ?

C’est assez normal, c’est le supplément à la Revue des Tabacs, distribué uniquement aux débitants de tabac. L’intérêt de la plupart des débitants pour les tabacs et la pipe étant ce qu’il est, la revue et son supplément finissent généralement à la poubelle, ce qui est regrettable – mais compréhensible :

En effet, le supplément « Boutique » est-il un supplément à une revue, ou ce qu’on appelle une « publi-information » géante ? Et d’ailleurs qu’entend-on par « publi-information » ? On pourrait penser à une information publiée, mais c’est généralement tellement mal informé qu’on doit surtout retenir « publi » pour publicité.

Notez bien que je ne dis pas de mal de la publicité, les journaux qui vivent sans publicité se comptent sur les doigts d’une main. Elle est donc indispensable. Mais doit-elle prendre toute la place ? Doit-on confondre « revue » et « brochure publicitaire » ? Bien évidemment non, et c’est ce qui mène à quelques excès, embrouillaminis, erreurs, approximations.

J’ai donc entre les mains le dernier numéro de ce supplément. C’est divisé en deux parties. La première, « cigares, civettes, accessoires », fait 18 pages. Dont 7 pleines pages de pub. La partie « pipes, tabacs, accessoires », fait … 4 pages. Une seule publicité. C’est moins bien.

Ca n’est d’ailleurs pas la faute de la Revue : après tout, qu’est-ce qui paie le mieux, qui rapporte le plus, et qui donc a droit à plus de pages ?

La couverture (côté pipe, il y a deux couvertures pour le prix d’une), propose comme titre :

Fumeurs : ce qu’ils pensent des pipes Made in France et Maîtres Pipiers Collections d’automne

Comme je ne savais pas qu’il y avait chez les pipiers des collections d’automne, d’hiver, de printemps ou d’été, je vais voir ça de suite. Car enfin, je me demande : qu’est-ce qui fait la différence entre une pipe « collection d’automne » et une pipe « collection hiver » ?? Si j’achète une pipe automne, n’aurai-je pas trop l’air d’un plouc si je la fume en hiver ? C’est qu’on m’a assez souvent traité de snob, pour que je n’oublie pas que j’ai un rang à tenir. Vite, rendons-nous à cet article ! Heureusement, il n’est pas loin, il suffit de tourner la page.

L’article, je vous le donne : Pour se réchauffer aux premiers frimas, une bonne bouffarde est la bienvenue. Voici les nouvelles collections des maîtres-pipiers mariant classiques et créations.

Voilà, c’est fait. Vous pouvez dire dans la conversation : j’ai lu l’article. Je peux maintenant avouer que j’ai reproduit un article sans l’assentiment de son auteur. Préparez les oranges.

Mais enfin, ça n’est pas ça qui compte, il y a plein d’images. Ca fait du bien de voir enfin des photos de pipes dans un journal. Malheureusement, tout le monde n’a pas droit au même nombre de photos, et il y a des oubliés.

On compte 3 photos de BC, 2 de Chacom, 2 de Paul Viou, 1 de Gérard Prungnaud, 1 de Charles Cassetari, 1 de Thierry Melan.

Je mets les choses au clair de suite : il est tout à fait normal que ces pipiers et ces marques apparaissent ici. C’est le contraire qui serait anormal. Mais je m’interroge : n’y aurait-il pas quelques oublis ? Je dis ça, parce qu’à la page suivante, il est bien noté qu’à un certains moments, la pipe française a été vachement attaquée. Je reviendrai là-dessus bien sûr ;-)

Il me semble donc que la pipe française est bien mal défendue dans ces colonnes. Et je ne vois toujours pas le rapport entre l’automne et les pipes qui nous sont montrées.

La pipe française est bien mal défendue, parce qu’il y a quelques oublis me semble-t-il, et de taille : Morel, Enrique, Piazzolla, Nicolas, Bargiel, Courrieu, et bien sur un autre pipier que je n’ose plus citer, de peur d’une nuit bleue … Pour vous aider, c’est un pipier qui ne rate pas une occasion de dire qu’il a appris son métier avec un Danois, qu’il travaille comme les Danois, bref, que les pipes des Danois et les siennes, c’est la même chose, mais qui en même temps me reprochait de trop parler des Danois et pas assez des Français … Il faut dire qu’il a pas de chance … Voilà un numéro spécial « Maîtres Pipiers », « Pipes made in France » … il est pas dedans ! J’espère qu’une bonne âme préviendra les bureaux de la revue que ça va chauffer … Pourtant, je lui avais dit : sors des pipes pour l’automne … comme pour les champignons, c’est la saison … M’a pas écouté !

Il faut être juste, avoir une photo d’une bonne taille, et d’une qualité correcte, d’une Courrieu et d’une Piazzolla n’est sans doute pas une chose simple. Et je pense que Jean Nicolas, si gentil et si charmant, ne saurait pas où trouver ça. On ne peut donc vraiment en faire le reproche à cette revue. A moins qu’elle n’envoie un photographe sur place. Mais enfin, David Enrique propose sur son site des photos qui se suffisent à elles-mêmes. Et pour ce qui est de Pierre Morel, je me suis laissé dire qu’il avait de bonnes photos, lui aussi.

Il faut aussi préciser que Bargiel et Courrieu sont cités dans une liste à droite. Dommage que les auteurs ne connaissent pas l’existence du site de Philippe Bargiel, je les incite à visiter plus souvent le site FdP, ils y trouveront ce genre d’informations. Pour ceux qui regretteraient de ne pas voir le site de Pierre Morel dans cette liste, il faut préciser qu’il y a des délais d’impression. Donc, pas de site, ok, mais pourquoi pas de photo de pipe ?

Quant aux « Collections d’automne » ? Je ne vois toujours pas. Les deux modèles exposés de Prungnaud sont proposés depuis bien longtemps. Je vais lui écrire pour lui conseiller d’ajouter une rubrique « Collection d’automne ». Le modèle Eléphant, c’est pour l’automne. Peut-être que tout ça sera mieux expliqué dans le prochain numéro, avec un titre encore plus accrocheur, du style « Boutique vous rhabille pour l’hiver » ?

Mais comme je le disais, c’est de la publi-information, pas de l’information.

Tournons la page, et nous tombons de nouveau sur un titre bien accrocheur : Le renouveau de la pipe française.

Alors, là, ça me troue, si j’ose dire. Les mêmes gens qui sont interviewés en-dessous nous ont pourtant expliqués, longtemps, que la pipe française, y’avait que ça de vrai, que le reste n’était qu’un attrape-gogo pour gros riches, que rien ne vaut la bouffarde bien de chez nous ?

Alors, pourquoi parler d’un renouveau ?? Puisque c’était inutile ?

Bon, alors allons-y, il y a un renouveau. Cherchons le renouveau. De qui est-il question ? Quelles sont ces marques ou ces artisans cités, nouveaux, ou qui renouvellent le genre ?

….

….

….

Eh, dites, c’est pas le tout, il faut lire ! Ca se fait pas tout seul !

Bon, eh bien, je n’ai rien trouvé. Avant qu’on interprète mal mes propos, je vais citer un des intervenants : « Heureusement, des jeunes reprennent l’activité et avec le temps on peut penser qu’ils oseront sortir des sentiers battus. Pour avoir échangé avec eux, à ce jour ils demeurent dans le style des marques reprises, sans oser trop en sortir. Sans doute parce qu’ils ont déjà une clientèle d’afficionados à ses marques, mais cette clientèle se renouvellera-t-elle dans la continuité de la marque ou du moins dans le classicisme de celle-ci ?»

Cette analyse me semble plutôt bien vue. Tout au moins en ce qui concerne en tout cas les jeunes pipiers qui reprennent une marque, ou travaillent sous le nom d’une marque déjà existante. Mais c’est oublier ceux qui n’ont pas repris une marque, mais ont créé la leur. On peut pour cela proposer aussi des formes plus classiques, comme Thierry Melan, ou s’inspirer d’artisans danois, russes ou autres, comme David Enrique. Je serais curieux de savoir ce que pense cette personne, si elle allait voir la page Accord de David ? N’est-ce pas déjà cela, pour un pipier français, sortir des sentiers battus ?

Voilà donc déjà deux jeunes pipiers – ils n’ont pas commencé il y a si longtemps que cela finalement – qui n’ont pas à subir le carcan d’une marque. Même s’ils ont, déjà, leurs afficionados qui leur réclament, attendent de leur part, tel style de pipes.

Mais effectivement, pour de jeunes pipiers qui doivent marquer leurs pipes d’un nom déjà connu, le virage est certainement plus difficile à prendre. En attendant, s’agit-il d’un renouveau, ou d’une continuité – ce qui est déjà bien !

Un autre intervenant devrait subir les foudres que j’ai moi-même dû subir quand je sortais de tels propos : « Tout en gardant son esprit, Saint-Claude semble parvenir à sortir de son image de vieille carte postale poussiéreuse. » Ohlala …. Vieille carte postale poussiéreuse … Il en remet une louche : « On sort de la pipe à pépé pour de nouveaux styles » … Ouaaah … la pipe à pépé … faudra qu’il m’explique comment il fait pour sortir des trucs pareils sans être honni par ses petits camarades.

Seule chose, je ne vois pas ce qu’il entend par « nouveau style ». Et je regrette qu’il n’en ait pas parlé plus longuement. Surtout après avoir dit, en gros, que les marques étrangères ont, elles, un style ? Je précise que là il ne s’agit pas d’une critique, je regrette simplement que les propos de cette personne, avec qui, tant pis pour sa réputation, je suis assez d’accord, ne soient pas plus argumentés. D’autant qu’un autre interviewé ajoute : « Alors qu’on reconnaît de loin une Peterson, une Winslow, une Dunhill, les marques françaises ne projettent pas leurs identités comme les marques précités. Seules les pipes des artisans sont reconnaissables ».

Parmi toutes les marques françaises citées, aucune ne semble avoir donné de coup de cœur. Je serais responsable d’une grosse marque de pipe française, je me ferais du souci. D’abord parce que les réponses sont assez éclairantes : aucun modèle cité, si ce n’est un modèle de BC, et un de Chacom, sortis tous deux il y a déjà quelques années. Pas d’allusion à un modèle récent.

Il y a en outre une question posée : Quels sont vos derniers coups de cœur ? A laquelle j’ai du mal à trouver une réponse dans ces pages. Deux personnes comptent bien s’offrir une Pierre Morel. Mais je m’attendais à des coups de cœur, c’est-à-dire non pas à un nom, mais bien à un modèle en particulier.

De même, aucun artisan n’est cité, pour une de ses formes en particulier. On parle de formes classiques. Mais c’est tout. Pas de truc du genre : je rêve d’une billiard faite par X. J’ai plutôt l’impression que l’on regrette que ces jeunes pipiers évoqués fassent les mêmes choses que leurs ainés. Or je pense tout de même que ces jeunes pipiers doivent avoir des demandes.

Je fréquente Thierry Melan, qui me dit souvent qu’on lui a commandé telle ou telle pipe. En outre, ses clients ont pris l’habitude de passer boire le café, et ses pipes sont vendues avant même d’être affichées sur son site. Pour avoir une pipe de David, il faut en moyenne attendre six mois après la commande. J’ai du mal à croire que Sébastien Beaud et Gaël Coulon n’ont, eux, aucune commande de particuliers. Je crois que ce qui aurait été intéressant, c’est d’en savoir un peu plus, sur ce qu’on leur demande. Dès lors, on a l’impression que les personnes qui ont participé à ce questionnaire ne sont pas les bonnes, puisqu’elles n’ont pu répondre à toutes les questions. Je précise qu’elles, au moins, ont participé. Je m’étonne que ces questions aient recueilli si peu d’avis.

Dernière opinion, enfin opinion, c’est façon de parler, nous avons droit à l’avis du modérateur. Est-ce qu’il est qualifié ainsi car il ménage la chèvre et le chou ? Pour résumer, ça pourrait se traduire par : J’aime pas tout, mais c’est bien quand même. De même, quand il parle des « pipiers français », on ne sait jamais s’il est question des maisons pipières françaises, ou des artisans ? On ne sait pas, c’est flou. Pour être vraiment raccord, sa photo aussi devrait être floue.

Il y a en plus une petite phrase, maladroite, à propos de Pierre Morel, qui n’est cité qu’à propos de l’ouverture de son site – ce qui prouve que je m’étais trompé, il était encore temps de le signaler – et qui semble, pour ce modérateur, avoir eu besoin d’une nouvelle génération derrière lui pour se « remotiver ». Comme là aussi, des jeunes pipiers sont oubliés, je suppose qu’il veut dire que Pierre Morel a eu besoin qu’arrivent Sébastien Beaud, Gaël Coulon, Denis Blanc, ou Antoine Grenard pour se dynamiser ?

Personnellement, j’avais plutôt l’impression inverse.

Mais comme on va encore dire que je sors des propos de leur contexte, voici le paragraphe :

« Denis Blanc chez Butz-Choquin, Antoine Grenard chez Chacom, Sébastien Beaud chez Genod, mais aussi Gaël Coulon , qui a repris Lacroix et a ouvert récemment un magasin à Saint-Claude … Ces nouveaux talents, ces artisans passionnés, poursuivent aujourd’hui l’histoire de la pipe française. Grâce au renouvellement récent des générations d’entrepreneurs et de maîtres, nos pipiers continuent de réaliser une production sérieuse, de qualité, avec de beaux modèles classiques ; ils ont trouvé un équilibre prometteur, entre tradition et course à la modernité, résultat d’une pression de la critique sur Internet.

L’arrivée des nouvelles générations a permis de remotiver les troupes, apporté un dynamisme qui contamine même les plus anciens. Je pense notamment à Pierre Morel, qui fait partie des aînés ; ce grand artiste, désormais indépendant, vient justement de lancer son nouveau site Internet. »

Comme je le disais, je crois que c’est plutôt l’inverse, je pense que Pierre Morel n’a pas besoin d’une jeune génération. Je pense que la jeune génération a bien de la chance d’avoir un Pierre Morel, plutôt.

Je pense aussi que si, enfin, Pierre Morel a son site, ça n’est pas ça qui fait de lui un pipier dynamique.

Mais ça doit faire plus « jeune » de dire que sans les « jeunes », les « anciens » iraient moins bien. Et puis, c’est plus flatteur. Et tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute …

Un point plus étonnant, dans une des phrases que je viens de citer, c’est que, semble-t-il, une certaine critique a été utile, finalement ?

Comme je le disais, tout ce texte hésite entre la chèvre et le chou. Difficile de s’y retrouver. La phrase à laquelle je pense est : « ils ont trouvé un équilibre prometteur, entre tradition et course à la modernité, résultat d’une pression de la critique sur Internet. »

Mais comme tout cela est précédé de « La pipe française a traversé une période durant laquelle elle a été quelque peu malmenée, avec l’arrivée d’Internet. Sur la toile, il a existé une espèce de mode consistant à la dénigrer systématiquement – une manie assez franco-française, me direz-vous… » et que plus loin, on peut lire : « Il y a encore quatre ou cinq ans, on sentait pourtant les pipiers français démoralisés ; il avaient pris coup sur coup les lois anti-tabac et les attaques sur Internet. Malgré tout ils ont su, eux aussi, tirer profit de la toile, qui a pourtant été synonyme, dans un premier temps, de critique exacerbée, mais aussi d’une rude concurrence, quand on sait qu’on peut commander n’importe quelle pipe à l’autre bout du monde et être livré en quelques jours. Aujourd’hui, les pipiers français proposent tous des sites Internet dynamiques et qualitatifs, et tirent profit de la toile pour exporter et faire parler d’eux. »

Dans tout ce prêchi-prêcha, énième répétition de propos déjà tenus, et pourtant maintes fois démontés – comme pour les refrains, on pourrait ajouter « ad lib. » à la fin – il y a donc une grosse allusion contre certains vilains qui ont attaqué la pipe française, que c’était pas gentil, je citerai pas de nom mais suivez mon regard, et en même temps, une reconnaissance du bien-fondé de ces critiques.

Merci.

Bon, il faut pourtant un peu débroussailler tout ça, ça reste très confus.

Le monsieur semble penser que l’on a critiqué la pipe française, uniquement à cause d’internet. Bizarre. Internet contre la pipe française.

Il me semble plutôt que c’est à partir du moment où l’internet a été accessible à tous que divers avis ont pu s’exprimer et ont gagné en visibilité. Et notamment des avis qu’on ne pouvait, ou ne voulait entendre. Mais ces opinions étaient, je pense, déjà émises avant, simplement cela en restait au niveau du magasin de pipe. Mais je me trompe peut-être, après tout, il n’y avait pas grand-chose, sur le net, donc, pour occuper le terrain on n’a rien trouvé de mieux que de s’attaquer à la pipe française. Bon, bon …

Il y aurait une mode, franco-française, qui consisterait à s’attaquer uniquement aux pipes françaises ? J’invite ce monsieur à relire son forum, le sien, plutôt que les autres : il verra qu’il y a une mode, franco-française, qui consiste à taper sans aucun problème sur des marques italiennes, anglaises, sur les dispendieuses pipes danoises, américaines … et ce, sans qu’il s’en émeuve.

Et puisque ce monsieur s’érige tout seul en défenseur de la pipe française face aux attaques venues d’Internet, je l’invite à relire les propos qu’il a tenu sur son blog, sur la maison Courrieu, pourtant une maison bien française : « C'est de la grosse production. Ils ont des milliers de pipes dans leurs deux boutiques et très peu de belles. A part quelques cas, dont les fait main, les pipes Courrieu sont assez moyennes, pour être gentil... Les tuyaux sont peu soignés, les bruyères ordinaires, les sablages quelconques. Cela dit, elles sont en général peu chères et ont leur clientèle. »

Je regrette qu’il soit tombé à son tour dans ce piège du dénigrement franco-français. Ah ! le vilain sauvageon !

Le plus fort est que le monsieur qui nous cause avec des trémolos de la pipe française précisait, dans le même billet : « Et pour répondre à votre question, les pipes Courrieu sont faites à Saint-Claude: la plupart par Lacroix et pour les modèles faits à la main par Pierre Morel. »

Donc, à l’en croire, les pipes Courrieu, qui sont faites à Saint-Claude, sont assez moyennes, et encore pour être gentil. Les tuyaux sont peu soignés, les bruyères ordinaires, les sablages quelconques. En tout cas, la plupart de ces faiblardes sont fabriquées par Lacroix, dont il a dit aussi : « S’ils marquaient Dunhill dessus, ils pourraient multiplier le prix par quatre ou cinq. Seraient-elles meilleures pour autant ? » Il faudrait savoir.

Acte 1 : les pipes Lacroix sont équivalentes aux pipes Dunhill.

Acte 2 : les Courrieu sont en fait fabriquées, pour les modèles de série, par Lacroix

Acte 3 : Les Courrieu ne valent pas tripette

Résumons : la même pipe, s’il y a marqué Lacroix dessus, vaut bien une Dunhill, mais quand elle est estampillée Courrieu, elle devient moyenne. Qui a parlé de snobisme ?

Mais enfin, comme il reconnait d’autre part que cette vilaine critique a pu apporter de bonnes choses, parlons-en. Je me souviens qu’à l’époque, les reproches étaient faits surtout sur les difficultés d’aspiration. En effet, le perçage était fait à l’époque à 2,2 mm, c’est du moins ce qui nous avait été dit par quelqu’un qui avait travaillé dans une usine sanclaudienne. Or, on nous a assuré que depuis, le perçage s’approchait plutôt des 4 mm.

Nos reproches sur la question n’étaient donc pas infondés ? Pierre Morel perce à 4 mm, ça n’était donc pas si bête de réclamer cela pour des pipes faites en grande quantité ? Notre grand tort, ce qui a été travesti en « attaque franco-française », c’était donc bien d’être persuadé que les ouvriers sanclaudiens pouvaient travailler aussi bien que les autres. Quel traumatisme !

J’avais également une fois argué du fait qu’une trop grande place était donnée à des designers, et pas à des pipiers. J’avis cité des exemples, comme Stanwell ou Brebbia, qui s’enorgueillissaient d’avoir travaillé avec le gratin de l’artisanat pipier. Et pourtant, alors que le pipier maison de Chacom, Pierre Morel, vient de prendre sa retraite, c’est Tom Eltang que Chacom a contacté. Ma réflexion, et je n’étais pas le seul à la faire, n’était donc pas immorale ?

Bizarrement, je m’attendais à des hurlements : quand on défend la pipe française contre les « attaques », du dedans ou du dehors, on devrait regretter que les jeunes pipiers que l’on cite n’aient pas été conviés à assurer ce renouveau, en travaillant, en extra, comme Eltang, à apporter du dynamisme à ces vieilles maisons qu’elles en ont bien besoin ?

Non, là, pas de soucis. Yes, my Lord ! Very well, my Lord ! You don’t want French pipemaker ? Oh, you prefer a Danish ? Oh, very good, my Lord ! No problem !

Ensuite, j’ai encore une interrogation : « Aujourd’hui, les pipiers français proposent tous des sites Internet dynamiques et qualitatifs ». Un site Internet dynamique, je vois ce que c’est. Mais qualitatif ?? Un site Internet de qualité, j’aurais pu comprendre. Mais qualitatif ? J’avais entendu parler d’études qualitatives, mais jamais de sites qualitatifs ? Comme ce monsieur aime à rappeler que les mots ont un sens, je m’interroge encore sur le sens qu’il leur donne.

Quant au côté dynamique, il me semble, encore une fois, que s’il y a eu des progrès, les plus dynamiques sont encore ces artisans qui n’ont pas derrière eux toute une bureaucratie … C’est un peu normal, d’ailleurs, mais le site BC n’a plus bougé depuis un moment. Le site Chacom s’est refait une beauté, c’est maintenant un vrai site, joli et agréable à voir. Mais pour le côté dynamique, un ajout de fil RSS, par exemple, ce serait pas mal ? Apprendre par le biais du site Chacom l’arrivée prochaine de l’Eltang, là, ce serait dynamique. Voilà, je pense que depuis quelques temps, il y a eu de gros progrès, mais que côté dynamisme, y’a encore quelques petits écrous à serrer.

Le monsieur n’a pas pu non plus répondre à la question « Quels sont vos derniers coups de cœur ? ». Il a préféré passer une publicité pour un dictionnaire qu’il a écrit tout seul tout entier, puisqu’il le signe. Mais c’est normal, dans ce dictionnaire, il y a Saint-Claude et Givet, alors…

Publi-information. Omettre de citer de jeunes pipiers, mais ne pas oublier de placer sa marchandise.

Voilà, on ne sait pas finalement grand-chose de plus, après lecture. On reste sur sa faim. Non pas à cause de ce qu’ont cru bon d’écrire les participants, mais parce que personne n’a rebondi sur leurs avis. Encore une fois, tout n’est pas à jeter dans tout ça. Mais on peut se demander à quoi tout cela rime ? Quelle est la finalité de la chose, si ce n’est du remplissage, qui arrange les uns et les autres ? Enfin, pour qui roule « Boutique » ?

Oui, à quoi sert tout cela ? En quoi cela sert-il la pipe française, et la pipe en général ? Franchement, à part remplir quelques pages, et faire plaisir aux participants qui ont leur photo dans le journal, tout ça pour quoi, en fin de compte ? Vues le nombre de publicités, je pense que cela sert, avant tout, l’éditeur de la revue. Quant à la pipe, elle s’en remettra.