21 octobre 2013

Le grand écart de Pierre Morel


Lors de mon précédent passage dans ces parages, j’évoquais déjà des pipes de Pierre Morel.  Eh bien, je vais recommencer. Bien sûr, je me rends bien compte que le titre peut sembler bizarre. Grand écart, ça évoque une figure de gymnastique réclamant une souplesse certaine, les collants de danse, ça vous a un côté ballet, bref, même si je ne veux pas méjuger des qualités physiques de Pierre, je ne l’imagine bien évidemment pas travaillant à la barre, tous les matins, avant d’aller prendre son petit déjeuner bio.


Mais c’est qu’outre l’elephant foot que j’annonçais en toute fin du dernier billet, j’ai eu la chance de mettre la main sur une estate sablée de Pierre. De celles qu’il baptise Raptor. L’une d’entre elles m’était déjà passée sous le nez, il y a un certain temps. Celle-ci ne m’a pas échappée.


Je me retrouve donc avec deux pipes du même auteur, qui n’ont, en ce qui concerne leur apparence, strictement aucun rien à voir. Et je ne peux m’empêcher d’être encore surpris, sachant que ces deux-là viennent des mêmes mains.


J’aurais pu aussi titrer « Morel contre Morel », mais il ne s’agit pas d’un duel. Dans un duel, il y a un gagnant. Mais elles sont si dissemblables qu’en boxe, elles joueraient dans des catégories différentes. Poids plume pour la première, 40 grammes, et poids lourd pour la seconde, 104 grammes. Et puis finalement, s’il y a un gagnant dans l’histoire, c’est moi.


Pierre m’avait demandé de prêter attention au début, à l’elephant foot, craignant qu’elle ne chauffe. Mais elle est entre de bonnes mains. Après les premiers fumages, elle a pu se montrer en ville. C’est à ma connaissance la première elephant foot présentée sur son site. Qu’elle que soit les formes auxquelles il s’attaque, c’est toujours avec la même réussite et le même bonheur. J’ai l’impression que Pierre ne peut pas être pris en défaut, au cas où quelqu’un s’ingénierait à le piéger en lui demandant une forme particulière. Cela vaudrait d’ailleurs le coup de lui poser la question : il y aurait-il une forme dont il aurait tendance à se méfier comme de la peste ? Mis à part les croquis bizarroïdes qu’il pourrait recevoir de fans, persuadés qu’ils vont marquer le coup avec une forme jamais faite auparavant – et pour cause ?


Quant à la tomato sablée, étant déjà fumée, je n’ai pas eu à prendre de précautions particulières, et j’ai pu y aller franco. Vu son gabarit, pas question d’avoir les deux mains occupées. Ce n’est pas une pipe de clavier, plutôt une pipe de fauteuil. Et avec un large fourneau, autant avoir du temps devant soi. J’étais je dois dire, un peu dubitatif : la personne qui me l’a vendue m’avait dit que si finalement, je la trouvais trop grosse dondon, je pouvais la lui renvoyer. Mais elle tient bien sa place en main, et c’est peut-être son côté bonbonne qui rassure. Donc, je la garde. Le seul souci, c’est qu’à peine éteinte, je regrette de ne pas en avoir plus comme celle-là.


Et même si à les voir, on a l’impression qu’elles ne fréquentent pas le même monde, je peux vous assurer qu’elles s’entendent très bien.

D’autre part, un petit clin d’œil. J’ai pu me procurer sur un site d’enchères deux serre-livres réalisés par Morel père. Il me semble qu’ils ont leur place ici. J’avais déjà évoquée une sculpture signée Pehem, en notant un sens du trait, de l’efficacité, bref, cette élégance qui consiste à donner l’impression qu’il y a eu le minimum de travail. Voici donc ces deux ours. Je pense qu’on doit pouvoir en trouver d’autres. Je ne sais combien il y en a eu de réalisés, et d’ailleurs là n’est pas la question. Mais je crois que ce sont deux petits chefs-d’œuvre. Je ne leur ai pas encore trouvé de place, parce que je voudrais les avoir à vue. Ils passent donc de la table basse, au meuble télé. J’ai noté que mon chat apprécie de s’installer au milieu.