20 septembre 2007

En attendant les prochaines pipes

Pour en finir, du moins pour le moment, avec tout ça.
Le fumeur a des droits, les non-fumeurs aussi. Il y a des gens bien élevés partout, et des excités aussi. Et des excès.
Je ne peux cautionner par exemple que l'on compare les fumeurs à des gens que l'on a déportés et gazés. J'ai lu d'ailleurs souvent cette image dans l'autre sens. Toujours, à un moment ou à un autre, les rappels de cette triste époque surgissent, alors que notre sort n'est pas comparable.
De même, quand je lis que les fumeurs sont taxés d'empesteurs, de cloportes,et que leurs raisonnement sont toujours faux parce que leur cerveau est embrumé par le tabac, je trouve que voilà bien des injures faciles.
De même que cette légende selon laquelle les fumeurs coûtent chers à la Sécurité Sociale.
Je pense qu'un fumeur a le droit de s'acheter des revues, qu'elles parlent de tabacs, de tabacs à pipe, de pipes, de cigares. Le fumeur est un gars que l'on traîte normalement quand il reçoit sa feuille d'impôts, lui qui donne déjà tant tout au long de l'année.
On peut arguer que ces revues devraient rappeler que "Fumer tue" en France, "Fumer peut tuer" en Espagne. Oui, pourquoi pas, mais comment ? A chaque page ? Est-ce bien nécessaire d'ailleurs ? Comment un type qui fume aujourd'hui peut-il ignorer ces avertissements ?
Il me semble aussi que l'on prend la mauvaise route. Je connais des non-fumeurs, ou d'anciens fumeurs, à qui toutes ces histoires donneraient plutôt envie de s'y remettre, ou de s'y mettre.
Je crois qu'au lieu de vouloir gommer le fait que toute une partie de la population fume, que toute une partie de populations vit du tabac, que des tas de gens très bien ont fumé, et fument encore, on devrait s'attacher à leur apprendre à fumer mieux.
Et fumer mieux revient à fumer moins.
Bien sur, c'est plus difficile.
Profite-t-on vraiment de vingt cigarettes dans la journée ? ou plus ?
Peut-on ranger dans la même catégorie le fumeur effréné que celui qui fume un cigare par jour ?
Peut-on aussi ignorer que nous sommes tous inégaux devant le tabac ? Je sais que dans notre république, qui se targue d'égalité, ça sonne mal, mais je connais des gens dont le principal instrument de travail est la voix. Une cigarette suffit à certains pour ressentir une gêne. D'autres fument allégrement sans soucis.
Ne serait-ce que pour cela, il y a je crois inégalité devant le tabac. Donc pourquoi vouloir mettre tout le monde dans le même panier ?
On nous apprend que le premier facteur de cancer est le tabac, viennent ensuite l'acool, et d'autres truc. La pollution ne serait responsable que d'un pour cent des cancers. Je sais bien que je devrais faire une confiance totale à ces chiffres, mais ils me rappellent un peu trop le cas Tchernobyl. Souvenez-vous, ce nuage radioactif dont on nous a assuré, scientifiques en tête, que dès lors qu'il voyait les frontières françaises, il faisait un détour.
A ce sujet, un médecin donnait les chiffres sur les cancers des non-fumeurs : dans 85 pour cent des cas, on ne les explique pas. 85 %, c'est gros. On se penche alors du coup vers la recherche gênétique. C'est dans les gênes. Point barre.
Mais c'est à croire que les fumeurs n'ont pas de gênes, eux, les pauvres. Eux c'est parce qu'ils fument, les vilains, pas parce qu'ils ont peut-être le même souci gênétique que les non-fumeurs.
C'est le même coup que Tchernobyl. Quand les gênes voient que le proprio fume, ils se reposent.
Je propose donc de taxer les gênes. En voilà un impôt égalitaire !
Je vais de nouveau parler de pipes bientôt, j'ai du retard de ce côté-là, et j'ai de bien jolies choses à montrer !

07 septembre 2007

Accusé, levez-vous - et allez fumer dehors

Mon dernier billet a suscité des réactions. Je voulais prendre encore un ou deux jour pour y répondre, mais je crois qu'il faut que je le fasse de suite. Ca part un peu dans tous les sens...

Je suis d'accord avec Yvan : mon billet était volontairement exagéré. Entre l'individu libre et entièrement responsable de ses actes et le consommateur entièrement téléguidé par des publicités qu'il subit passivement, il y a beaucoup de place. Entre ces deux archétypes il y a l'homme.

C'est vrai. il y a l'homme qui est donc libre de décider s'il veut fumer ou pas, et ce qu'il va fumer. Celui qui fume son cigare quotidien est-il le jouet des sociétés tabagiques, aidées en cela par x revues qui propagent la mauvaise parole ? Je ne le crois pas.

Alors bien sur, les grands mots viennent de suite : liberté d'expression. Il ne faut bien sur pas confondre la Chine et la France. Je me suis laissé dire que les opérateurs chinois ont bloqué toutes recherches sur un mot comme démocratie dans les moteurs de recherche. Pas bien. Ca n'est pas parce que l'on va faire en sorte que le mot n'apparaisse qu'on va faire disparaître la chose. Mais je ne crois pas non plus que parce que l'on va éditer des timbres poste à l'effigie de Malraux et d'Honegger, en otant à l'un sa cigarette, à l'autre sa pipe, l'on peut donner des leçons.
Yvan prétend que monsieur Belaubre est employé par Altadis, que sa revue est subventionnée par Altadis. Monsieur Belaubre dit que c'est là une injure ? Je ne suis pas là pour en discuter, que monsieur Belaubre vienne donner sa version et corriger des allégations qui lui semblent fausses c'est son droit. Mais de là à parler d'injures, je crois que nous tombons dans l'excès. Diffamé ? Pas gentil pour les employés d'Altadis ;-)
Je sens plutôt là un ras-le-bol.

Moi, ce qui me surprend, c'est que l'on trouve anormal qu'une société, qui n'est plus française d'ailleurs, n'ait pas le droit de faire de la publicité. Pourquoi ?

Quand l'état se bourre les poches avec les taxes, pourquoi ne pas encourager un marché ? Parce que le tabac tue ? Mais il y a des tas de choses qui tuent. La voiture tue. Apposons des autocollants "conduire tue", "conduire pue" sur nos voitures, et interdisons toutes publicités, émissions télévisées, revues. On estime à 10 000 par an le nombre de morts par maladies nosoccomiales, ces maladies que l'on avait pas en entrant à l'hôpital, mais que l'on y attrapent et qui vous tuent. Qu'en disent les médecins ? Pourquoi parlent-ils plus volontiers des dangers du tabac ? Entre 10 000 et 12 000 adolescents se suicident tous les ans en France. Pouvu qu'ils n'aient pas été fumeurs, ça ne vaut sans doute pas autant de discours.

A une époque où certaines associations écologistes dénoncent le fait que si tous les paramètres étaient pris en compte, le stationnement à Paris ne serait pas gratuit 6 jours par an, mais 160, quand on sait qu'un faible pourcentage d'amiante est présent dans l'air parisien, on encourage nos concitoyens à enfourcher des vélos et à aller inspirer tous ces miasmes plus profondément. Quels maladies va-t-on attraper avec ça ?
Bien sur, aucune, simplement, s'il était interdit de fumer dans la rue...

Pendant ce temps-là, s'occuper d'interdire à une revue d'être "subventionnée", par de la publicité, me semble être une perte de temps. il y a tout de même des choses un peu plus graves.

Ce que dit Yvan est vrai : sans publicité, Cigares et sensations coûterait plus cher. Oui. Mais c'est le cas de toutes les revues en France. Toutes. Tous ces journaux, suppléments TV, coûteraient beaucoup plus cher sans publicité.

Je suis abonné à une revue américaine sur la pipe. très belle revue. Articles jamais ennuyeux. C'est plein de pub. Dans ce pays où les lois anti-tabac sont beaucoup plus costauds qu'ici, on considère tout de même que le consommateur a droit à acheter des revues sur les sujets de son choix. Que ces revues ont le droit d'exister.

Et même, je suis content d'y voir ces publicités. Il y a de belles photos de pipes, de tabacs, c'est très chouette.

La seule revue consacrée à la pipe, en France, a été abandonnée. Altadis avait posé comme condition, d'être la seule habilitée à y faire de la publicité. Altadis parti, sans autre soutien de son éditeur, cette revue a cessé de paraître.

Ah si, il y en a une autre, soyons justes. Un supplément d'une revue professionnelle. Les particuliers pouvaient s'y abonner, mais voilà que ça n'est plus possible. Pourquoi ? Certains abonnés à cette revue ont dénoncé le fait qu'elle encourageait à fumer... le nom de ce supplément ? Boutique Pipes.

Supprimer la publicité aux revues, c'est les condamner à disparaître. Qu'une loi interdise toute publicité à ces revues parlant de tabacs, elles mettront la clef sous la porte. Je parle là de revues sur le cigare. D'abord je n'en connais pas qui parle de cigarette. il n'y en a pas. il n'y en a jamais eu. A une époque où fleurissent sur le net les sites, les blogs, les forums consacrés à la pipe et au cigare, on compte sur les doigts d'une main ceux qui se consacrent à la cigarette pour parler de leur goût. Il y a eu un groupe, sur Yahoo, consacré à la cigarette. Je crois qu'il n'a jamais dépassé 5 membres...

Il me semble pourtant que le public le plus large, le plus facile à toucher, celui qui rapportera le plus de pépétes, c'est la cigarette.

C'est celui-la qu'on a voulu embarrasser. Du coup, le type qui veut se fumer une pipe ou un cigare, le soir, chez lui, n'aurait pas le droit d'acheter une revue là-dessus ?

Je parle d'une pipe ou d'un cigare le soir. Des membres de mon groupe ne fument qu'une pipe, le soir, où seulement le dimanche. Effectivement, ce ne sont pas eux qui vont faire fleurir les affaires des fournisseurs... Sont-ils dépendants au point que certains interviennent et leur disent ce qu'ils doivent faire, où et comment, et ce qu'ils doivent lire ?

Je ne le crois pas. On nous demande de ne plus fumer sur les quais de gare, dans les lieux publics. On va nous demander de ne plus fumer après un bon repas, ou alors dehors. Les employés des sociétés se les gèlent en hiver, dehors. Du coup, les enfants, qui étaient auparavant protégés de la vue des paquets de cigarettes, grâce à l'interdiction de la publicité, voient encore plus de fumeurs qu'avant. Mais c'est le progrès ? Il faut croire que oui, tant que ces enfants n'achètent pas de revues sur les cigares...