26 août 2010

Mon amie la Pipe



Voilà le titre du blog que vient d’ouvrir Patrick Cornu, du Cadre Noir à Epinal. Et d’emblée je me vois obligé de faire un petit reproche à Patrick. Le titre est faux. Il est trop modeste. Ca n’est pas « mon amie la pipe », mais « l’ami de la pipe » qui aurait du servir de titre.

Car Patrick Cornu est l’ami des pipes. Dans une période où il est tellement plus facile de fourguer des cigarettes à ses clients. Dans une période où l’on demande au bureau de tabac de faire office de représentant de la française des Jeux.  Dans une période où le bureau de tabac remplace le bureau de Poste. Dans une période où il faut aussi être marchand de journaux.  Où il faut classer, répertorier, noter les invendus, devenir marchands de films en dvd,  marchand de miniatures, marchand de maquettes, marchand de tout, sauf de tabac finalement.

Bien sûr, on pense à Asterix. Seul un petit magasin résiste à l’envahisseur. Et Patrick Cornu résiste. Il est l’un des très rares, et sans doute le seul, à persister à proposer tous les mélanges pour pipe disponibles en France. Il a été le premier, et le seul débitant de tabac à proposer des pipes de Marco Biagini. Il a proposé des Ardor. Et tout récemment, il présente des Armellini.

On pourrait penser que son statut, unique en France, lui assure une certaine tranquillité. C’est bien mal connaître le marché, et surtout le bonhomme. Patrick Cornu collectionne les sites. Il y en a que ça pourrait amuser. Mais il faut penser que tout ça ne se fait pas tout seul. A l’heure où certains pleurnichent car on leur demande de bosser un peu plus, il y a encore des types qui sont au travail à six heures du matin, sept jours sur sept. Outre une charge de travail que connaissent ceux qu’on appelle les débitants de tabac, il y ajoute celle que réclame la mise en place de plusieurs sites. J’avais croisé Patrick à Paris, il était de passage. Il m’annonçait tout content qu’il prenait ses vacances en Italie, et qu’il espérait pouvoir proposer des Armellini à la rentrée. Et il l’a fait. Parce qu’il y a des gens, comme ça, qui, même en vacances, vont encore au boulot. Je note la chose car, ayant contacté la splendide madame Armellini, pour pouvoir proposer une page sur cette maison, je suis resté le bec dans l’eau. Ca n’est grave pour personne. Mais Patrick a voulu ses Armellini, il les a eues.

C’est dire qu’il faut en plus ajouter une certaine dose d’obstination au bonhomme. D’ailleurs, regardez-le. On se demande bien ce qu’il fabrique à Epinal. Non pas que je veuille du mal à Epinal et à ses habitants. Mais enfin, je ne peux m’empêcher d’imaginer Patrick, pipe au bec, et casquette au crane, à la barre d’un bateau de pêche, en Bretagne, allant travailler qu’il vente, pleuve ou neige, ou les trois à la fois. D’ailleurs, par temps calme, je crois qu’il s’ennuierait.

Il lui faut donc de la houle, du ressac, de la brise, de la tempête, du gros temps, des embruns en pagaille … Il y a un autre Titanic, dont on ne parle pas, c’est celui des fumeurs de pipe. Des amateurs de cigare. De ceux qu’on appelle des fumeurs tout court ; comme on parle des indiens, en oubliant les Cherokees, les Apaches, les Pawnees, les Sioux, et les autres … toutes sortes de gens qu’on a rangés dans des réserves, en faisant des attractions pour touristes. Et qui nous semblent si proches, alors qu’il n’en est rien.

Il y a donc un navire, j’allais dire une vedette, mais le terme est trop léger, trop vacancier, trop marin d’eau douce, il y a donc un paquebot Cadre Noir à Epinal. Il y a juste qu’à la différence des paquebots, le personnel est réduit. Il est même très réduit puisque le commandant de bord fait aussi office de cuistot, de marin, de steward, de mécano, etc. … Le commandant Cornu tient bon la barre, fait tourner le moteur, vous mitonne des petits plats, et vous les propose tout cuits dans votre assiette.

Voilà donc qu’en plus de cela il vient d’ouvrir son blog. Vous pouvez vous y rendre directement en cliquant sur le titre de ce billet. Dans ce blog, Patrick va trouver le moyen de parler de pipe. Je ne crois pas que l’on y trouvera de grands discours. Il va simplement partager les nouvelles. Nous donner le menu. Donner la parole aux voyageurs qui font la croisière avec lui.

On ne peut donc que lui souhaiter : Bon vent !