25 septembre 2010

Arrière Boutique


Vous connaissez « Boutique » ? Non ?

C’est assez normal, c’est le supplément à la Revue des Tabacs, distribué uniquement aux débitants de tabac. L’intérêt de la plupart des débitants pour les tabacs et la pipe étant ce qu’il est, la revue et son supplément finissent généralement à la poubelle, ce qui est regrettable – mais compréhensible :

En effet, le supplément « Boutique » est-il un supplément à une revue, ou ce qu’on appelle une « publi-information » géante ? Et d’ailleurs qu’entend-on par « publi-information » ? On pourrait penser à une information publiée, mais c’est généralement tellement mal informé qu’on doit surtout retenir « publi » pour publicité.

Notez bien que je ne dis pas de mal de la publicité, les journaux qui vivent sans publicité se comptent sur les doigts d’une main. Elle est donc indispensable. Mais doit-elle prendre toute la place ? Doit-on confondre « revue » et « brochure publicitaire » ? Bien évidemment non, et c’est ce qui mène à quelques excès, embrouillaminis, erreurs, approximations.

J’ai donc entre les mains le dernier numéro de ce supplément. C’est divisé en deux parties. La première, « cigares, civettes, accessoires », fait 18 pages. Dont 7 pleines pages de pub. La partie « pipes, tabacs, accessoires », fait … 4 pages. Une seule publicité. C’est moins bien.

Ca n’est d’ailleurs pas la faute de la Revue : après tout, qu’est-ce qui paie le mieux, qui rapporte le plus, et qui donc a droit à plus de pages ?

La couverture (côté pipe, il y a deux couvertures pour le prix d’une), propose comme titre :

Fumeurs : ce qu’ils pensent des pipes Made in France et Maîtres Pipiers Collections d’automne

Comme je ne savais pas qu’il y avait chez les pipiers des collections d’automne, d’hiver, de printemps ou d’été, je vais voir ça de suite. Car enfin, je me demande : qu’est-ce qui fait la différence entre une pipe « collection d’automne » et une pipe « collection hiver » ?? Si j’achète une pipe automne, n’aurai-je pas trop l’air d’un plouc si je la fume en hiver ? C’est qu’on m’a assez souvent traité de snob, pour que je n’oublie pas que j’ai un rang à tenir. Vite, rendons-nous à cet article ! Heureusement, il n’est pas loin, il suffit de tourner la page.

L’article, je vous le donne : Pour se réchauffer aux premiers frimas, une bonne bouffarde est la bienvenue. Voici les nouvelles collections des maîtres-pipiers mariant classiques et créations.

Voilà, c’est fait. Vous pouvez dire dans la conversation : j’ai lu l’article. Je peux maintenant avouer que j’ai reproduit un article sans l’assentiment de son auteur. Préparez les oranges.

Mais enfin, ça n’est pas ça qui compte, il y a plein d’images. Ca fait du bien de voir enfin des photos de pipes dans un journal. Malheureusement, tout le monde n’a pas droit au même nombre de photos, et il y a des oubliés.

On compte 3 photos de BC, 2 de Chacom, 2 de Paul Viou, 1 de Gérard Prungnaud, 1 de Charles Cassetari, 1 de Thierry Melan.

Je mets les choses au clair de suite : il est tout à fait normal que ces pipiers et ces marques apparaissent ici. C’est le contraire qui serait anormal. Mais je m’interroge : n’y aurait-il pas quelques oublis ? Je dis ça, parce qu’à la page suivante, il est bien noté qu’à un certains moments, la pipe française a été vachement attaquée. Je reviendrai là-dessus bien sûr ;-)

Il me semble donc que la pipe française est bien mal défendue dans ces colonnes. Et je ne vois toujours pas le rapport entre l’automne et les pipes qui nous sont montrées.

La pipe française est bien mal défendue, parce qu’il y a quelques oublis me semble-t-il, et de taille : Morel, Enrique, Piazzolla, Nicolas, Bargiel, Courrieu, et bien sur un autre pipier que je n’ose plus citer, de peur d’une nuit bleue … Pour vous aider, c’est un pipier qui ne rate pas une occasion de dire qu’il a appris son métier avec un Danois, qu’il travaille comme les Danois, bref, que les pipes des Danois et les siennes, c’est la même chose, mais qui en même temps me reprochait de trop parler des Danois et pas assez des Français … Il faut dire qu’il a pas de chance … Voilà un numéro spécial « Maîtres Pipiers », « Pipes made in France » … il est pas dedans ! J’espère qu’une bonne âme préviendra les bureaux de la revue que ça va chauffer … Pourtant, je lui avais dit : sors des pipes pour l’automne … comme pour les champignons, c’est la saison … M’a pas écouté !

Il faut être juste, avoir une photo d’une bonne taille, et d’une qualité correcte, d’une Courrieu et d’une Piazzolla n’est sans doute pas une chose simple. Et je pense que Jean Nicolas, si gentil et si charmant, ne saurait pas où trouver ça. On ne peut donc vraiment en faire le reproche à cette revue. A moins qu’elle n’envoie un photographe sur place. Mais enfin, David Enrique propose sur son site des photos qui se suffisent à elles-mêmes. Et pour ce qui est de Pierre Morel, je me suis laissé dire qu’il avait de bonnes photos, lui aussi.

Il faut aussi préciser que Bargiel et Courrieu sont cités dans une liste à droite. Dommage que les auteurs ne connaissent pas l’existence du site de Philippe Bargiel, je les incite à visiter plus souvent le site FdP, ils y trouveront ce genre d’informations. Pour ceux qui regretteraient de ne pas voir le site de Pierre Morel dans cette liste, il faut préciser qu’il y a des délais d’impression. Donc, pas de site, ok, mais pourquoi pas de photo de pipe ?

Quant aux « Collections d’automne » ? Je ne vois toujours pas. Les deux modèles exposés de Prungnaud sont proposés depuis bien longtemps. Je vais lui écrire pour lui conseiller d’ajouter une rubrique « Collection d’automne ». Le modèle Eléphant, c’est pour l’automne. Peut-être que tout ça sera mieux expliqué dans le prochain numéro, avec un titre encore plus accrocheur, du style « Boutique vous rhabille pour l’hiver » ?

Mais comme je le disais, c’est de la publi-information, pas de l’information.

Tournons la page, et nous tombons de nouveau sur un titre bien accrocheur : Le renouveau de la pipe française.

Alors, là, ça me troue, si j’ose dire. Les mêmes gens qui sont interviewés en-dessous nous ont pourtant expliqués, longtemps, que la pipe française, y’avait que ça de vrai, que le reste n’était qu’un attrape-gogo pour gros riches, que rien ne vaut la bouffarde bien de chez nous ?

Alors, pourquoi parler d’un renouveau ?? Puisque c’était inutile ?

Bon, alors allons-y, il y a un renouveau. Cherchons le renouveau. De qui est-il question ? Quelles sont ces marques ou ces artisans cités, nouveaux, ou qui renouvellent le genre ?

….

….

….

Eh, dites, c’est pas le tout, il faut lire ! Ca se fait pas tout seul !

Bon, eh bien, je n’ai rien trouvé. Avant qu’on interprète mal mes propos, je vais citer un des intervenants : « Heureusement, des jeunes reprennent l’activité et avec le temps on peut penser qu’ils oseront sortir des sentiers battus. Pour avoir échangé avec eux, à ce jour ils demeurent dans le style des marques reprises, sans oser trop en sortir. Sans doute parce qu’ils ont déjà une clientèle d’afficionados à ses marques, mais cette clientèle se renouvellera-t-elle dans la continuité de la marque ou du moins dans le classicisme de celle-ci ?»

Cette analyse me semble plutôt bien vue. Tout au moins en ce qui concerne en tout cas les jeunes pipiers qui reprennent une marque, ou travaillent sous le nom d’une marque déjà existante. Mais c’est oublier ceux qui n’ont pas repris une marque, mais ont créé la leur. On peut pour cela proposer aussi des formes plus classiques, comme Thierry Melan, ou s’inspirer d’artisans danois, russes ou autres, comme David Enrique. Je serais curieux de savoir ce que pense cette personne, si elle allait voir la page Accord de David ? N’est-ce pas déjà cela, pour un pipier français, sortir des sentiers battus ?

Voilà donc déjà deux jeunes pipiers – ils n’ont pas commencé il y a si longtemps que cela finalement – qui n’ont pas à subir le carcan d’une marque. Même s’ils ont, déjà, leurs afficionados qui leur réclament, attendent de leur part, tel style de pipes.

Mais effectivement, pour de jeunes pipiers qui doivent marquer leurs pipes d’un nom déjà connu, le virage est certainement plus difficile à prendre. En attendant, s’agit-il d’un renouveau, ou d’une continuité – ce qui est déjà bien !

Un autre intervenant devrait subir les foudres que j’ai moi-même dû subir quand je sortais de tels propos : « Tout en gardant son esprit, Saint-Claude semble parvenir à sortir de son image de vieille carte postale poussiéreuse. » Ohlala …. Vieille carte postale poussiéreuse … Il en remet une louche : « On sort de la pipe à pépé pour de nouveaux styles » … Ouaaah … la pipe à pépé … faudra qu’il m’explique comment il fait pour sortir des trucs pareils sans être honni par ses petits camarades.

Seule chose, je ne vois pas ce qu’il entend par « nouveau style ». Et je regrette qu’il n’en ait pas parlé plus longuement. Surtout après avoir dit, en gros, que les marques étrangères ont, elles, un style ? Je précise que là il ne s’agit pas d’une critique, je regrette simplement que les propos de cette personne, avec qui, tant pis pour sa réputation, je suis assez d’accord, ne soient pas plus argumentés. D’autant qu’un autre interviewé ajoute : « Alors qu’on reconnaît de loin une Peterson, une Winslow, une Dunhill, les marques françaises ne projettent pas leurs identités comme les marques précités. Seules les pipes des artisans sont reconnaissables ».

Parmi toutes les marques françaises citées, aucune ne semble avoir donné de coup de cœur. Je serais responsable d’une grosse marque de pipe française, je me ferais du souci. D’abord parce que les réponses sont assez éclairantes : aucun modèle cité, si ce n’est un modèle de BC, et un de Chacom, sortis tous deux il y a déjà quelques années. Pas d’allusion à un modèle récent.

Il y a en outre une question posée : Quels sont vos derniers coups de cœur ? A laquelle j’ai du mal à trouver une réponse dans ces pages. Deux personnes comptent bien s’offrir une Pierre Morel. Mais je m’attendais à des coups de cœur, c’est-à-dire non pas à un nom, mais bien à un modèle en particulier.

De même, aucun artisan n’est cité, pour une de ses formes en particulier. On parle de formes classiques. Mais c’est tout. Pas de truc du genre : je rêve d’une billiard faite par X. J’ai plutôt l’impression que l’on regrette que ces jeunes pipiers évoqués fassent les mêmes choses que leurs ainés. Or je pense tout de même que ces jeunes pipiers doivent avoir des demandes.

Je fréquente Thierry Melan, qui me dit souvent qu’on lui a commandé telle ou telle pipe. En outre, ses clients ont pris l’habitude de passer boire le café, et ses pipes sont vendues avant même d’être affichées sur son site. Pour avoir une pipe de David, il faut en moyenne attendre six mois après la commande. J’ai du mal à croire que Sébastien Beaud et Gaël Coulon n’ont, eux, aucune commande de particuliers. Je crois que ce qui aurait été intéressant, c’est d’en savoir un peu plus, sur ce qu’on leur demande. Dès lors, on a l’impression que les personnes qui ont participé à ce questionnaire ne sont pas les bonnes, puisqu’elles n’ont pu répondre à toutes les questions. Je précise qu’elles, au moins, ont participé. Je m’étonne que ces questions aient recueilli si peu d’avis.

Dernière opinion, enfin opinion, c’est façon de parler, nous avons droit à l’avis du modérateur. Est-ce qu’il est qualifié ainsi car il ménage la chèvre et le chou ? Pour résumer, ça pourrait se traduire par : J’aime pas tout, mais c’est bien quand même. De même, quand il parle des « pipiers français », on ne sait jamais s’il est question des maisons pipières françaises, ou des artisans ? On ne sait pas, c’est flou. Pour être vraiment raccord, sa photo aussi devrait être floue.

Il y a en plus une petite phrase, maladroite, à propos de Pierre Morel, qui n’est cité qu’à propos de l’ouverture de son site – ce qui prouve que je m’étais trompé, il était encore temps de le signaler – et qui semble, pour ce modérateur, avoir eu besoin d’une nouvelle génération derrière lui pour se « remotiver ». Comme là aussi, des jeunes pipiers sont oubliés, je suppose qu’il veut dire que Pierre Morel a eu besoin qu’arrivent Sébastien Beaud, Gaël Coulon, Denis Blanc, ou Antoine Grenard pour se dynamiser ?

Personnellement, j’avais plutôt l’impression inverse.

Mais comme on va encore dire que je sors des propos de leur contexte, voici le paragraphe :

« Denis Blanc chez Butz-Choquin, Antoine Grenard chez Chacom, Sébastien Beaud chez Genod, mais aussi Gaël Coulon , qui a repris Lacroix et a ouvert récemment un magasin à Saint-Claude … Ces nouveaux talents, ces artisans passionnés, poursuivent aujourd’hui l’histoire de la pipe française. Grâce au renouvellement récent des générations d’entrepreneurs et de maîtres, nos pipiers continuent de réaliser une production sérieuse, de qualité, avec de beaux modèles classiques ; ils ont trouvé un équilibre prometteur, entre tradition et course à la modernité, résultat d’une pression de la critique sur Internet.

L’arrivée des nouvelles générations a permis de remotiver les troupes, apporté un dynamisme qui contamine même les plus anciens. Je pense notamment à Pierre Morel, qui fait partie des aînés ; ce grand artiste, désormais indépendant, vient justement de lancer son nouveau site Internet. »

Comme je le disais, je crois que c’est plutôt l’inverse, je pense que Pierre Morel n’a pas besoin d’une jeune génération. Je pense que la jeune génération a bien de la chance d’avoir un Pierre Morel, plutôt.

Je pense aussi que si, enfin, Pierre Morel a son site, ça n’est pas ça qui fait de lui un pipier dynamique.

Mais ça doit faire plus « jeune » de dire que sans les « jeunes », les « anciens » iraient moins bien. Et puis, c’est plus flatteur. Et tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute …

Un point plus étonnant, dans une des phrases que je viens de citer, c’est que, semble-t-il, une certaine critique a été utile, finalement ?

Comme je le disais, tout ce texte hésite entre la chèvre et le chou. Difficile de s’y retrouver. La phrase à laquelle je pense est : « ils ont trouvé un équilibre prometteur, entre tradition et course à la modernité, résultat d’une pression de la critique sur Internet. »

Mais comme tout cela est précédé de « La pipe française a traversé une période durant laquelle elle a été quelque peu malmenée, avec l’arrivée d’Internet. Sur la toile, il a existé une espèce de mode consistant à la dénigrer systématiquement – une manie assez franco-française, me direz-vous… » et que plus loin, on peut lire : « Il y a encore quatre ou cinq ans, on sentait pourtant les pipiers français démoralisés ; il avaient pris coup sur coup les lois anti-tabac et les attaques sur Internet. Malgré tout ils ont su, eux aussi, tirer profit de la toile, qui a pourtant été synonyme, dans un premier temps, de critique exacerbée, mais aussi d’une rude concurrence, quand on sait qu’on peut commander n’importe quelle pipe à l’autre bout du monde et être livré en quelques jours. Aujourd’hui, les pipiers français proposent tous des sites Internet dynamiques et qualitatifs, et tirent profit de la toile pour exporter et faire parler d’eux. »

Dans tout ce prêchi-prêcha, énième répétition de propos déjà tenus, et pourtant maintes fois démontés – comme pour les refrains, on pourrait ajouter « ad lib. » à la fin – il y a donc une grosse allusion contre certains vilains qui ont attaqué la pipe française, que c’était pas gentil, je citerai pas de nom mais suivez mon regard, et en même temps, une reconnaissance du bien-fondé de ces critiques.

Merci.

Bon, il faut pourtant un peu débroussailler tout ça, ça reste très confus.

Le monsieur semble penser que l’on a critiqué la pipe française, uniquement à cause d’internet. Bizarre. Internet contre la pipe française.

Il me semble plutôt que c’est à partir du moment où l’internet a été accessible à tous que divers avis ont pu s’exprimer et ont gagné en visibilité. Et notamment des avis qu’on ne pouvait, ou ne voulait entendre. Mais ces opinions étaient, je pense, déjà émises avant, simplement cela en restait au niveau du magasin de pipe. Mais je me trompe peut-être, après tout, il n’y avait pas grand-chose, sur le net, donc, pour occuper le terrain on n’a rien trouvé de mieux que de s’attaquer à la pipe française. Bon, bon …

Il y aurait une mode, franco-française, qui consisterait à s’attaquer uniquement aux pipes françaises ? J’invite ce monsieur à relire son forum, le sien, plutôt que les autres : il verra qu’il y a une mode, franco-française, qui consiste à taper sans aucun problème sur des marques italiennes, anglaises, sur les dispendieuses pipes danoises, américaines … et ce, sans qu’il s’en émeuve.

Et puisque ce monsieur s’érige tout seul en défenseur de la pipe française face aux attaques venues d’Internet, je l’invite à relire les propos qu’il a tenu sur son blog, sur la maison Courrieu, pourtant une maison bien française : « C'est de la grosse production. Ils ont des milliers de pipes dans leurs deux boutiques et très peu de belles. A part quelques cas, dont les fait main, les pipes Courrieu sont assez moyennes, pour être gentil... Les tuyaux sont peu soignés, les bruyères ordinaires, les sablages quelconques. Cela dit, elles sont en général peu chères et ont leur clientèle. »

Je regrette qu’il soit tombé à son tour dans ce piège du dénigrement franco-français. Ah ! le vilain sauvageon !

Le plus fort est que le monsieur qui nous cause avec des trémolos de la pipe française précisait, dans le même billet : « Et pour répondre à votre question, les pipes Courrieu sont faites à Saint-Claude: la plupart par Lacroix et pour les modèles faits à la main par Pierre Morel. »

Donc, à l’en croire, les pipes Courrieu, qui sont faites à Saint-Claude, sont assez moyennes, et encore pour être gentil. Les tuyaux sont peu soignés, les bruyères ordinaires, les sablages quelconques. En tout cas, la plupart de ces faiblardes sont fabriquées par Lacroix, dont il a dit aussi : « S’ils marquaient Dunhill dessus, ils pourraient multiplier le prix par quatre ou cinq. Seraient-elles meilleures pour autant ? » Il faudrait savoir.

Acte 1 : les pipes Lacroix sont équivalentes aux pipes Dunhill.

Acte 2 : les Courrieu sont en fait fabriquées, pour les modèles de série, par Lacroix

Acte 3 : Les Courrieu ne valent pas tripette

Résumons : la même pipe, s’il y a marqué Lacroix dessus, vaut bien une Dunhill, mais quand elle est estampillée Courrieu, elle devient moyenne. Qui a parlé de snobisme ?

Mais enfin, comme il reconnait d’autre part que cette vilaine critique a pu apporter de bonnes choses, parlons-en. Je me souviens qu’à l’époque, les reproches étaient faits surtout sur les difficultés d’aspiration. En effet, le perçage était fait à l’époque à 2,2 mm, c’est du moins ce qui nous avait été dit par quelqu’un qui avait travaillé dans une usine sanclaudienne. Or, on nous a assuré que depuis, le perçage s’approchait plutôt des 4 mm.

Nos reproches sur la question n’étaient donc pas infondés ? Pierre Morel perce à 4 mm, ça n’était donc pas si bête de réclamer cela pour des pipes faites en grande quantité ? Notre grand tort, ce qui a été travesti en « attaque franco-française », c’était donc bien d’être persuadé que les ouvriers sanclaudiens pouvaient travailler aussi bien que les autres. Quel traumatisme !

J’avais également une fois argué du fait qu’une trop grande place était donnée à des designers, et pas à des pipiers. J’avis cité des exemples, comme Stanwell ou Brebbia, qui s’enorgueillissaient d’avoir travaillé avec le gratin de l’artisanat pipier. Et pourtant, alors que le pipier maison de Chacom, Pierre Morel, vient de prendre sa retraite, c’est Tom Eltang que Chacom a contacté. Ma réflexion, et je n’étais pas le seul à la faire, n’était donc pas immorale ?

Bizarrement, je m’attendais à des hurlements : quand on défend la pipe française contre les « attaques », du dedans ou du dehors, on devrait regretter que les jeunes pipiers que l’on cite n’aient pas été conviés à assurer ce renouveau, en travaillant, en extra, comme Eltang, à apporter du dynamisme à ces vieilles maisons qu’elles en ont bien besoin ?

Non, là, pas de soucis. Yes, my Lord ! Very well, my Lord ! You don’t want French pipemaker ? Oh, you prefer a Danish ? Oh, very good, my Lord ! No problem !

Ensuite, j’ai encore une interrogation : « Aujourd’hui, les pipiers français proposent tous des sites Internet dynamiques et qualitatifs ». Un site Internet dynamique, je vois ce que c’est. Mais qualitatif ?? Un site Internet de qualité, j’aurais pu comprendre. Mais qualitatif ? J’avais entendu parler d’études qualitatives, mais jamais de sites qualitatifs ? Comme ce monsieur aime à rappeler que les mots ont un sens, je m’interroge encore sur le sens qu’il leur donne.

Quant au côté dynamique, il me semble, encore une fois, que s’il y a eu des progrès, les plus dynamiques sont encore ces artisans qui n’ont pas derrière eux toute une bureaucratie … C’est un peu normal, d’ailleurs, mais le site BC n’a plus bougé depuis un moment. Le site Chacom s’est refait une beauté, c’est maintenant un vrai site, joli et agréable à voir. Mais pour le côté dynamique, un ajout de fil RSS, par exemple, ce serait pas mal ? Apprendre par le biais du site Chacom l’arrivée prochaine de l’Eltang, là, ce serait dynamique. Voilà, je pense que depuis quelques temps, il y a eu de gros progrès, mais que côté dynamisme, y’a encore quelques petits écrous à serrer.

Le monsieur n’a pas pu non plus répondre à la question « Quels sont vos derniers coups de cœur ? ». Il a préféré passer une publicité pour un dictionnaire qu’il a écrit tout seul tout entier, puisqu’il le signe. Mais c’est normal, dans ce dictionnaire, il y a Saint-Claude et Givet, alors…

Publi-information. Omettre de citer de jeunes pipiers, mais ne pas oublier de placer sa marchandise.

Voilà, on ne sait pas finalement grand-chose de plus, après lecture. On reste sur sa faim. Non pas à cause de ce qu’ont cru bon d’écrire les participants, mais parce que personne n’a rebondi sur leurs avis. Encore une fois, tout n’est pas à jeter dans tout ça. Mais on peut se demander à quoi tout cela rime ? Quelle est la finalité de la chose, si ce n’est du remplissage, qui arrange les uns et les autres ? Enfin, pour qui roule « Boutique » ?

Oui, à quoi sert tout cela ? En quoi cela sert-il la pipe française, et la pipe en général ? Franchement, à part remplir quelques pages, et faire plaisir aux participants qui ont leur photo dans le journal, tout ça pour quoi, en fin de compte ? Vues le nombre de publicités, je pense que cela sert, avant tout, l’éditeur de la revue. Quant à la pipe, elle s’en remettra.

3 commentaires:

aspera a dit…

Ce serait très drôle si ce n'était aussi triste.

Toujours ces vieilles rengaines rancunières... C'est épuisant et j'imagine que ça l'est d'autant plus pour ceux qui en sont éternellement victimes.
Et c'est d'autant plus injuste que beaucoup, dont je suis, pensent que ces soi-disant "ennemis de la bouffarde franco-française" dont nous devinons aisément les noms à force de les voir traînés dans la boue par d'aucuns, ces soi-disant ennemis permettent à notre passion d'évoluer.
Quant à ces nouveaux pipiers qui sont dits "redynamiser" des anciens comme Pierre Morel... C'est grotesque.

C'est vraiment le monde à l'envers.

Jean-Luc

Fumeurs de Pipe a dit…

Soyons justes : aucun de ces "nouveaux pipiers" n'aurait pensé à sortir un truc pareil ;-)

Ils savent, eux.

Erwin a dit…

Ecrire un texte sur le renouveau de la pipe française sans mentionner David Enrique, faut le faire.

Prétendre que Pierre Morel a eu besoin de Blanc, Antoine Grenard, Beaud et Coulon pour pour retrouver la motivation et être dynamisé, faut le faire.

Pleurnicher sur le triste sort des pipiers français critiqués sur le web, alors qu'on a soi-même descendu publiquement Courrieu et Melan, faut le faire.

Serait-ce par bêtise ou par esprit partisan ? Quoi qu'il en soit, ni la stupidité ni l'esprit partisan ne s'accordent avec le titre de modérateur. Et encore moins avec celui de journaliste.