19 février 2010

Un calendrier de GL Pease


Admettons-le, nous sommes tous des voyeurs. Nous ne pouvons nous empêcher d'aller voir les pipes de tel ou tel pipier, même si nous savons pertinemment que nous avons le fisc, sa banque, ses créditeurs, aux trousses.

Nous savons très bien que nous ne pourrons nous offrir ces belles pipes que nous allons admirer. Nous savons que nous allons nous faire du mal. Que nous aurons des regrets. Que nous allons soupirer. Et que même pour des belles à des prix abordables, nous allons rêver de gagner au loto, pour ne plus avoir à nous faire du mal, pour ne plus avoir de regrets.

Certains d'entre nous ne manquent pas une mise à jour, ou d'aller voir les dernières réalisations d'un pipier. Nous sommes soumis à la tentation très régulièrement.

J'en parlerai plus tard, mais comme je viens d'ouvrir un site de vente de pipe, je me suis trouvé devant le fait accompli :
-Prendre des photos de pipes correctement n'est pas si facile que ça
-Outre le photo de les voir en photo, je peux directement les manipuler, les tenir en main, les caresser, les admirer, pour enfin les cacher dans mon armoire. Tentation fois deux.

Il y a plusieurs sortes de photos de pipes :

la photo qu'on prend rapidement, avec son téléphone, pour se dépêcher d'envoyer une image à son forum préféré, et épater les copains. Le type de la photo généreuse, mais généralement ratée.

la photo de vente : elle doit respecter les teintes de la pipe en question, ne pas donner une fausse idée de sa taille, être presque descriptive. Thierry Melan me disait qu'il faut respecter "l'esprit de la pipe", ce qui est une très bonne façon de résumer la chose : quand vous ouvrez le colis, vous ne voulez pas être déçu, mais conforté dans votre choix.

la photo artistique, qui est un mélange du savoir-faire du pipier et de celui du photographe. Devant une photo artistique de pipe, vous devez admirer autant le travail du pipier que celui du photographe. Même si celui-ci ne cherche qu'à mettre en valeur le travail de l'artisan, c'est bien sur son esprit qui transparait.

L'amateur de belles choses va donc, petit à petit, et sans qu'il s'en rendre toujours compte, conserver sur son ordinateur les photos qui lui plaisent. Un magnifique golden contrast de Tom Eltang ? Je garde. Cette forme épurée de Will Purdy ? Je garde. Cette teinte orange-rosée qui ne peut appartenir qu'à une Pierre Morel ? Je garde. Etc. ...

Sur le forum Fumeurs de Pipe, il y a eu des concours de photos, qui ont donné deux économiseurs d'écran. C'est que l'amateur de belles pipes qui a un appareil photo sous la main ne peut s'empêcher de prendre en photo ses belles. Cela peut être agrémenté d'une mise en scène recherchée, jusqu'à la photo bucolique, sans parler de tous ses fumeurs de pipe qui prêtent une de leurs belles à leurs enfants, pour les prendre en photo.

C'est que si on n'a pas la chance de les avoir sous la main, on aime les voir. Et comme tout le monde n'a pas la chance de prendre d'aussi belles photos que Trever Talbert ou David Enrique, on finit par garder les images des autres, plutôt que les siennes, dont on n'est jamais satisfait.

Depuis plusieurs années, GL Pease propose un calendrier dont il réalise les prises de vues. J'en ai déjà parlé ici. Erwin van Hove m'avait décrit Pease comme un homme de la Renaissance, il y a je crois une expression américaine, "renaissance man", couramment employée dans le cas de personnes ayant une culture faites non seulement d'après leurs lectures, mais aussi d'après leurs expériences. L'expression a depuis longtemps été oubliée en France, où le mot Renaissance équivaut pour nos chères têtes blondes à une marque de dentifrice ou au dernier mot compliqué employé par un rappeur.

GL Pease prend donc des photos de pipes. Ces photos sont splendides. Et voilà donc 4 ans que je reçois ce calendrier. Quatre ans que chaque mois je me fais un plaisir de tourner une page, encore. Ce calendrier est en bonne place au-dessus de mon bureau.

Seul petit reproche : il y était indiqué avant les dates des Grands Prix de Formule 1, ce qui m'arrangeait bien, mais elles n'apparaissent plus.

Et voilà que Pease note que ces calendriers lui demandent beaucoup de travail, mais que vu le temps qu'il leur consacre, il n'est pas sur de renouveler la chose. Pas assez de commandes. Ce qui ne lasse pas de m'étonner. Bien sur, on n'a pas toujours le temps de passer une commande sur le net, où l'on va vous demander vos coordonnées, votre numéro de CB, l'âge du capitaine, etc. ... Ca semble faire beaucoup.

En gros, aujourd'hui, ce calendrier, avec toutes ces superbes images, ne coûte que 25 euros. Sans compter les frais d'envoi. Vous me direz que vous avez déjà un calendrier. Que depuis que nous avons tous un ordinateur, un téléphone portable, il est beaucoup plus simple de ne pas oublier un rendez-vous. Que ça prend de la place sur le mur. Que vous avez déjà le calendrier des pompiers, et celui de la Poste, avec les petits chats. Oui, mais tout ça, ça ne sont pas vos calendriers. Ce sont les calendriers de tout le monde. Ils sont utiles, même utilitaires. Mais une fois que vous vous êtes ému devant le petit chat qui miaule, que vous avez admiré les casques rutilants de nos pompiers parisiens, style Dark Vador, bon ...

Dites-moi, est-ce qu'à la fin de chaque mois, vous changez de page, pour découvrir, le cœur battant un peu, la photo qui va vous accompagner durant la trentaine de jours qui vient ?

Est-ce que vous conservez ces calendriers ? Non, bien sur. Moi, les quatre calendriers de Pease sont accrochés au même clou - un bon vieux modèle de clou, solide, qui a fait ces preuves, et qui durera plus que le mur dans lequel il est planté, d'ailleurs.

Alors bien sur, si Pease ne renouvelle pas l'expérience, je pourrai toujours ressortir celui qui est en-dessous de la pile. J'ai 48 mois de belles images devant moi. Pour les choses sérieuses, j'ai mon ordinateur, mon portable, choses fort utiles, mais beaucoup moins belles à voir.

Allez-y voir, ici : http://www.glpease.com/Calendar/

Autre chose : un jeune pipier anglais, Chris Askwith, s'est récemment inscrit sur le Forum des Fumeurs de Pipe. C'est un pipier dont je relaie le plus régulièrement possible le travail, car il me semble qu'il progresse, progresse... Et voilà ce qu'il écrit : And to Guillaume a huge thank you for your support of pipe makers! Ce que je pourrais traduire je crois sans me tromper par : Et un grand merci à Guillaume pour le soutien qu'il apporte aux pipiers !

Ca n'est pas la première fois que l'on me fait des réflexions comme celle-la. Je voulais simplement dire que, ces temps-ci, beaucoup s'étant donné le plaisir de me cracher dessus, naviguant avec aisance dans des fosses du même nom, dans un milieu qui semble leur convenir tout à fait, entre boue et injures, j'essaierai de me souvenir plutôt de ces mots gentils de Chris.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Si on me demandait de choisir entre un calendrier Pirelli et un calendrier de G.L. Pease je choisirais sans hésiter ce dernier.
C’est grave docteur ?

Un pipomane.

David Enrique a dit…

...et tu as raison, Guillaume. Oui, je me contenterai de confirmer les mots de Chris Askwith : merci pour le soutien que tu apportes aux pipiers de tous horizons.

A propos du calendrier, je suis d'accord avec toi. Il y a de magnifiques photos de superbes pipes. D'ailleurs, c'est comme les anciens magazines de P&T, j'aimerais les avoir tous un jour. Car cela fait partie de ces objets usuels qui ont une âme et que l'on regarde, des années plus tard, avec plus de plaisir encore que le jour où on l'a ouvert la première fois.