26 décembre 2005

Laissez les vivre !



Il est parfois fatiguant de se répéter. Je connais quelqu'un qui dit et répète qu'il n'est pas collectionneur.Il a 150 pipes, et se limite à ce nombre.

Mais voilà, cela n'empêche pas ceux qui ne l'apprécient pas de l'appeler "le collectionneur". Pas de vive voix, non. Ils utilisent pour cela un forum et un blog.

Et voilà l'une des pommes de discorde.

C'est une Peterson. Les mots "grâce, légèreté, dentelle" ne sont pas les premiers qui viennent pour décrire ce modèle.

Mais voilà, tant qu'à ne pas être d'accord avec ce "collectionneur", on va trouver à cette pipe toutes les qualités, jusqu' au "marquage parfait".... Non, non, je ne plaisante pas, pour ces personnes qui croient jouer les gens qui ont les pieds sur terre, les personnes de bon sens, un "marquage parfait" est une qualité indispensable pour une pipe.

Et ça continue : "J'aime, dans cette robustesse et cette rusticité, quelque chose qui se rapproche de la terre, de la lande, du rocher." Du rocher, c'est vrai. Je suis d'accord. Il y a quelque chose du roc dans cette pipe.

"Une sorte de compagne idéale pour une balade ventée et méditative sur la côte sauvage de Belle-Ile." Là, voilà, déjà c'est un peu restrictif. Evidemment, Belle-Ile, la côté sauvage, on voit un type, le visagé frappé par les embruns, qui continue, vaille que vaille, à tirer sur sa Peterson, celle qui a un système que c'en est un régal. Bon, évidemment, pour ceux qui se contentent de la Motte-Beuveron, tant pis, ils n'ont qu'à fumer une autre pipe. Et en plus, on apprend par la même occasion que le type en question médite. Sur quoi ? Sur rien, mais c'est mieux pour la photo.

"Une pipe que l'on mettrait dans une poche; mais attention, pas dans la même que celle qui abrite le Laguiole, pour éviter les chocs et les griffures." Ben oui, ça semble évident, mais pour ceux qui ne le sauraient pas, il faut éviter de mettre sa pipe dans une poche qui contient déjà un bourre-pipe tchèque, un trousseau de clef, de la menue monnaie, etc... L'homme, le vrai, le campagnard, le marin, lui, n'hésite pas : il met sa Peterson dans sa poche - un peu marre peut-être d'avaler du jus de pipe, il attend d'arriver au tabac du coin pour se payer un bon vieux paquet de clopes ?

Mais attention, pas dans la même poche que le couteau de l'homme, j'ai nommé le Laguiole. Pas celui donné par le grand-père, non, celui qu'on a acheté dans cette galerie bien parisienne, c'est plus cher, mais on est sur que c'est un Laguiole : c'est comme le Port-Salut, c'est écrit dessus.

On finit par une note plus "mode" : "Une bruyère plus "jean et Converse" que costard-cravate étriqué." Parce que pour l'homme, un costard-cravate, c'est forcément étriqué. Bon, cela dit, il faut bien croire l'auteur de ces lignes : en costard-cravate, il est surement étriqué. Mais là nous entrons dans un autre monde, beaucoup plus in, beaucoup plus mode : le converse.

Ne me demandez pas, je ne sais pas ce que c'est. De même que le jean, j'en ai vu bien sur, mais je n'en porte jamais. Dans ma famille, même les agriculteurs n'auraient jamais porté un jean. Ou devrais-je écrire "djinn" ? Eh oui, le jean, ce tissu employé au départ pour fabriquer de la toile de tente, transformé en pantalon, ç'a été, comme le dirent ses créateurs une idée de djinn, de génie arabe.

Mais bon, voilà donc notre homme, bien dans sa peau, décontracté dans son jean, à l'aise dans son converse - et dans converse il y a verse - qui nous explique en prime comment s'habiller quand on fume une Peterson aussi moche.

Alors voilà, cet homme pense qu'il est supérieur au "collectionneur".

En un sens, il a raison. Il est au moins plus courageux.

Se ballader avec une pipe comme ça dans la rue, faut oser.

Et faut aimer. Mais il aime, il a donc le droit de taper sur ceux qui ne sont pas de son avis.

Et pourtant, sa devise, c'est "Tolérance et respect".

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,

Vous arrive-t-il d'être content? Vous arrive-t-il de faire partager autre chose que votre ire ? Que votre aigreur ?

J'aime votre prose, mais pas ce qu'elle dit.

C'est paradoxal.

Nicolas

Bidouille a dit…

Oh, vouloir déjouer les pistes en signant d'un autre prénom que le sien, comme c'est bête :-)

Je crois d'autre part qu'il serait urgent d'acheter un dictionnaire : ire et aigreur n'ont rien à voir là-dedans.

Ca s'appelle de l'ironie, parfois facile je ne dis pas, mais il en est avec qui c'est tellement facile, pourquoi s'en priver ?

Je préfère être ironique que pontifiant.

En plus, poser la question de savoir s'il m'arrive d'être content ;-)

Mais très souvent, il suffit de savoir lire.

Des interventions comme celle-la, c'est un régal : voila ma journée sauvée :-)

Merci !