En préambule, je dois d’abord présenter des excuses pour
être resté aussi longtemps absent de ces pages. J’ai été assez occupé ailleurs.
Et il faut dire aussi que je ne suis plus ce que j’étais. J’ai dû arrêter le
ju-jitsu et la capoeira. Fini, la course à pieds, le dimanche, sur les falaises
d’Etretat. Même plus le temps de faire du base-jump avec les potes.
Et pourtant, j’en ai des choses à raconter : la pipe du
groupe, la tombola, et toutes ces petites choses amusantes qui se passent dans
le petit monde de l’internet pipier.
Mais je me dois tout d’abord de donner un petit coup de
chapeau, et un clin d’œil, à David Enrique et Trever Talbert. Grâce à eux, la
page « Morta » du site a été remise à neuf. Enfin, grâce à eux, entre
autres, puisqu’il ne faudrait pas que j’oublie de remercier celui qui a sans
doute pensé qu’il avait encore un moyen de me contrarier, alors qu’il n’a fait
que m’ôter une petite épine du pied.
Résumons : il y a 9 ans, j’ouvre le site Fumeurs de
Pipe, avec une page sur le morta. A l’époque, ça restait rare, mais je tenais à
en parler, Trever en proposait, et ça faisait beaucoup parler. J’avais donc
récupéré deux photos, prises par un membre du groupe de discussion. Ce membre
ne s’était pas manifesté à l’époque pour faire montre d’une quelconque
contrariété. Ses photos représentaient les blocs de morta conservés par Trever
dans son atelier. Blocs qu’il avait récupéré suite à son rachat de l’atelier de
Patrice Sébilo, qui lui-même devait les tenir de Paul Martel, son prédécesseur.
C’étaient des photos de vacances, qui montraient bien ce qu’elles voulaient
montrer, mais n’étaient pas des chefs-d’œuvre. Ca n’est d’ailleurs pas ce qu’on
leur demandait.
Toujours est-il qu’il m’était venu une ou deux fois à l’idée
de remplacer ces photos, mais le manque de temps aidant, elles étaient restées
affichées. Leur auteur, qui avait claqué la porte avec fracas, et était revenu,
avant que je ne supprime son inscription, avait fondé un autre forum, où enfin
on ne lui apportait pas la contradiction. Forum qu’il a abandonné, sans même un
petit mot d’adieu. Mais malgré le temps qui passait, jamais il n’avait émis la
moindre réserve quant à leur présence sur le site.
Or, un beau jour, mon téléphone sonne. Un numéro s’affiche,
que je ne reconnais pas. (je me méfie toujours, c’est soit pour me proposer la
pose de fenêtres à double vitrage, soit c’est mon banquier). Je m’apprête à ne
pas décrocher, mais, très vite, la sonnerie s’arrête. Puis, de suite, nouvel
appel, avec cette fois un numéro caché. Par curiosité, je décroche, et la
personne, l’auteur de ces photos donc, se présente et me demande, jovialement,
comment ça va ? Je dois dire que je suis surpris du culot. Cette personne
tient à mon sujet des propos si peu amènes que je ne m’attends pas à ce qu’il me
parle avec un grand sourire - ne manque plus que la claque dans le dos. Puis
son ton devient un peu plus sérieux, il me demande d’enlever un article de lui,
qui avait paru dans la défunte revue PipeMag, et ces photos, qui, me dit-il
avec cette fois moins d’assurance dans la voix, ont été placées là sans l’accord
de leur auteur. Sans l’accord de leur auteur, qui était tout à fait au courant,
me semble … comment dire … un peu gros ? Mais comme il ne faut pas
contrarier certaines personnes, je réponds que je les supprimerai avec plaisir,
et je raccroche.
Mais il se trouve que j’ai une vie. Ca peut sembler bête
comme ça, mais je me dis que si quelqu’un a attendu huit ans, il pourra bien
attendre quelques jours. Et puis, je n’aime pas cette façon de procéder. Je me
livre donc à mes activités habituelles. Le lendemain, je ne sais plus trop,
mais là aussi, j’étais très occupé. Le surlendemain, je reçois un mail, sur un
ton glacé, cérémonieux, et limite menaçant. Le monsieur va me coller un
huissier sur le dos. Il transmet à son avocat. Copie jointe également à son
père, avocat spécialisé dans le domaine financier (je ne vois pas le rapport,
mais bon). Je sens bien que le monsieur
n’est pas content que je n’ai pas obéi à son claquement de doigt. Quand je
disais qu’il ne fallait pas le contrarier. Bon, étais-je obligé de lui répondre
en commençant par « Mon petit chou » ? Devais-je ajouter que
puisqu’il l’avait dit à son Papa, j’allais le dire à ma Maman ? Non.
Peut-être est-ce le changement si net du ton employé, entre le coup de fil « sympa »
et la menace écrite, qui m’a troublé ?
D’ailleurs, pour être sûr, j’ai transmis copie de ses mails
sur mon forum, en me disant que peut-être c’était moi qui me trompais ? Mais
il semble que non, il était tout à fait inutile de monter sur ces grands
chevaux. Je supprime donc ce qu’il faut supprimer, ce qui n’a pas demandé
beaucoup de temps. Et comme j’étais donc à la recherche de photos, j’écris sur
mon forum que je vais demander à David et à Trever s’ils n’auraient pas
quelques photos de morta qu’ils pourraient me refiler.
J’en trouve deux superbes sur le blog de David. Qui m’en
signale une autre. Je prends aussi. Puis, Trever m’écrit pour s’excuser, il
était malade – Trever et Emily soignent les gros rhumes au chouchen, voilà une
bonne médication. Trever me dit que bien sur je peux prendre les photos que je
veux, et que ça n’est pas la peine de demander.
Je voudrais mettre le doigt ici sur deux façons de faire. J’ai
déjà parlé de la première. Je vais aborder la seconde. Il est reconnu que les
photos que l’on peut voir sur les sites de David et de Trever sont au-dessus du
lot. C’est beau. C’est sobre. Et je n’ai jamais entendu quelqu’un se plaindre
que ce qu’il a reçu ne correspond pas à ce qu’il avait vu. Exercice pas facile,
que j’aimerais bien réussir aussi bien. Non seulement ces deux pipiers n’ont
pas hésité, je peux même dire qu’ils m’ont ouvert grand leurs portes. Il y a
des gens généreux, comme ça. Et surtout, on ne m’a posé aucune condition.
Aucune. Pas de truc du genre : je
veux bien te prêter mes chefs d’œuvre, mais j’aimerais assez que ma signature s’affiche
en-dessous, en lettres d’or si possible. Et même si ça peut clignoter, c’est un
plus. Du coup, j’ai signalé les auteurs des images. Ca, c’est parce que j’ai
une réputation de type contrariant à soutenir. Je dois préciser d’ailleurs que
jamais un pipier ne m’a demandé de signaler qu’il était l’auteur de ses photos.
Tout juste, quand ces photos sont de la main d’un ami, ou d’un vrai
photographe, m’ont-ils gentiment demandé de le signaler. Non, pour avoir quelqu’un
qui se plaint de la présence de ses photos sur mon site, et passe à la menace,
il fallait que ce soit des photos prises en vacances. Mais je ne veux dire pas
en dire du mal. Comme je l’écrivais plus haut, je tiens à remercier cette
personne : grâce à elle, j’ai enfin pu refaire cette page, et grâce aux
talents des photographes, elle est beaucoup plus belle à présent.
Si vous en voulez la preuve, il suffit de cliquer sur Morta.
Je vais essayer de revenir plus vite, en attendant, pour me
détendre, je vais écouter un peu de musique. Du Moussorgski. Une nuit sur le
Mont Chauve, ça s’appelle.