22 février 2011

Pipes de Groupe



A peine l'année finie, et les derniers envois de Pipe du Groupe 2010 faits, qu'il faut vite penser à la suivante.
L'année dernière, sur une proposition d'Erwin Van Hove, c'est Hermann Hennen qui nous avait proposé cinq modèles différents, trois en bruyère et deux en morta. Les modèles en morta ont remporté la palme. Et ce sont 91 pipes qui ont été commandées.

Bien sûr, on peut se poser la question : pour un groupe, pour une pipe de groupe, pourquoi ne pas s'en tenir à une forme unique ? Cela était possible, lors des premières éditions. Mais c'est très vite devenu problématique, non pas pour ceux qui commandent ou pas, selon leurs goûts et leurs envies, mais pour le pipier.

Refaire 30 fois la même pipe, ça n’est déjà pas palpitant. 40 fois ça commence à être fatiguant. Au-delà de 50, on passe largement le seuil du pénible. Le pipier fait des cauchemars. Il rêve qu’il est attaqué par 72 billiard bent, par exemple. Ou que 67 poker s’amusent à lui marteler les doigts de pieds. Il dépérit, mange peu, consomme énormément de café. S’ensuit une perte de poids, les mains qui tremblent, d’où blessures à répétitions, poches sous les yeux. Il a vite des tics nerveux. Quand ses vieux clients le contactent pour lui demander, pas de chance, la même forme que celle sur laquelle il travaille depuis trois mois, il éructe, pousse quelques grognements inarticulés, et raccroche. Il a perdu un client qui va se plaindre sur les autres forums.
Bref, à partir d’un certain nombre de demandes, proposer plusieurs formes est la meilleure solution. Certains pipiers préfèrent en faire dix d’un coup, puis passer à une autre forme. Ca donne un peu d’air.

Le tout est de proposer quelques formes, quelques finitions possibles – mais à ne pas en abuser, et un ou deux matériaux différents pour les tuyaux. Si on propose plus, on s’expose à des complications à tous les étages.

-Untel va commander telle forme, dans telle finition. Pas de chance, la finition en question n’est pas proposée pour cette forme, mais pour une autre.

-Untel aimerait bien savoir s’il ne serait pas possible d’ajouter une bague, d’ailleurs il a des idées. Il apprécierait du cocobolo, ou alors du palmier nain.

-Untel, c’est la teinte qui le gêne. Possible de l’avoir en rouge ?

Une fois passés ces premiers écueils, le pipier reçoit donc un fichier fait avec amour : la liste des membres, avec leur nom, la forme demandée, la finition, le tuyau. Liste qui n’est pas finie, puisque des retardataires vont venir s’y ajouter en cours de route. Il va donc falloir qu’il fasse le tri dans tout ça, en espérant qu’un membre qui avait commandé un tuyau en ébonite ne fasse pas une crise en voyant qu’il a un tuyau en cumberland, si par hasard il s’embrouille un peu.

Il se met au travail. Il est un peu rassuré, parce que le responsable du forum lui a bien précisé que, s’il est bien que les pipes arrivent pour l’année en cours, il comprend fort bien que son travail habituel ne doit pas être relégué aux oubliettes.

Pendant ce temps-là, ceux qui ont joyeusement passé la commande de leur pipe commencent à s’impatienter. Ils se posent des questions. Certains trouvent même le temps long. Comment se fait-il qu’ils n’aient pas de nouvelles de leur pipe ? C’est à croire qu’ils ont avalé un calendrier. Avec une extrême régularité, ils prennent le clavier pour signaler que le temps passe.

Enfin, ça y est ! Elles sont faites ! Ne reste plus qu’à demander les sommes restantes à ceux qui ont passé commande. Et c’est là, dans les cas, rares, où des personnes ne seraient plus intéressées, pour de bonnes ou de moins bonnes raisons, qu’il est important d’avoir des pipes du groupe qui font envie – et d’avoir donné une date limite de commande.

Dans le cas d’Hermann Hennen, trois personnes se sont désistées. Les trois pipes ont été proposées sur le groupe et ont trouvé preneurs en vingt minutes. Je dois même ajouter qu’Hermann s’étant rendu compte qu’il en avait deux de trop, les a proposées, elles aussi sont parties dans la journée.

Outre les personnes qui se désistent, il y a celles qui consultent leurs mails une fois par mois. Le cas est rare, mais constaté. Il faut aussi être bien clair sur la question d’argent. Evitez de tomber sur des types qui veulent être payés en dollars mais demandent une rallonge parce que le dollar a baissé par rapport à l’euro. Evitez absolument d’avoir à demander 3  ou 4 versement distincts.

Je pense aussi que le pipier, s’il préfère faire les envois lui-même, doit se donner comme ligne de conduite : un paiement, un envoi. Ca évite les soucis. Le pipier devra éviter aussi toute demande du genre : oh, le logo du groupe, j’ai comme une coquetterie là-dessus, ce serait possible de l’avoir sur le tuyau, mais pas sur la tige ? Ceci mérite quelques explications. Dans le cas d’une pipe de groupe, il est convenu que le pipier fait un prix d’ami. C’est l’usage. Et pourtant, il ne va pas moins avoir de travail pour autant. Il est d’usage aussi que chaque groupe ait un logo, apposé pour l’occasion sur chaque pipe. Evidemment, dans le cas de petits malins qui voudraient revendre cette pipe avec bénéfice, plus tard, le marquage du groupe est encombrant.
Je dois dire que fort heureusement, je n’ai jamais eu affaire à de tels problèmes.

Vient ensuite la dernière phase : le pipier envoie toutes les pipes, réunies dans un gros carton. Pour Hermann, ça a été un emballage de la célèbre marque Karcher. Plus de 9 kilos de pipes …

Là c’est au tour de la personne qui va se charger d’envoyer les pipes de commencer à faire chauffer l’expresso …

Heureusement, Hermann avait fort soigneusement emballé et étiqueté tout cela.

Nous pouvons aussi nous vanter d’avoir eu beaucoup de chance. Hermann exige une certaine qualité de morta. Il semblerait que le groupe ait porté un gros coup à son stock, puisqu’il vient d’envoyer à la Compagnie des Pipes ses cinq dernières pipes en morta. Dernières, parce que tant qu’il n’aura pas retrouvé une qualité équivalente, il n’en proposera plus.

Et dernière anecdote : comme je lui parlais du logo du groupe, que David Enrique allait lui envoyer, Hermann a pensé qu’on ne voulait pas qu’il mette son marquage à lui sur nos pipes !

Nous avons eu l’explication après l’ouverture du gros carton. En fermant les yeux et en imaginant que ma main est innocente, j’ai choisi ma pipe. Au bout de quelques minutes, j’ai cherché son marquage. Tiens, y’en a pas ! Une autre ? Pareil. Une autre encore ? Idem.

Question posée à Hermann, explication donnée, je me rends compte qu’Hermann est vraiment, très, très gentil. Si j’étais pipier et que j’avais l’impression qu’on me demande de ne pas signer mon travail, ça ne se passerait pas aussi bien. Hermann a même proposé qu’on lui renvoie le gros carton, qu’il procède au marquage, et qu’il nous le renvoie … Je n’ai pas eu le cœur de le faire. D’abord parce que le grand souci, c’est le bon acheminement de toutes les pipes. Vous êtes déjà très rassuré quand le gros carton arrive chez vous. Vous n’imaginez pas un instant le renvoyer, pour qu’il risque d’être « égaré » (c’est comme ça qu’ils disent à la Poste, c’est un vocabulaire particulier, comme dans chaque branche de métier).

Et puis, le travail d’Hermann me semble suffisamment reconnaissable. J’ai pensé que si l’un d’entre nous tenait au marquage, absolument, il renverrait sa pipe pour ce faire.

Par la force des choses, je me suis retrouvé propriétaire cette année, non pas d’une, ni de deux, mais de trois PdG !

Enfin, par la force des choses, pas entièrement. J’avais bien sur commandé une morta. Un membre du groupe, Pascal, que je remercie encore, m’a fait cadeau d’une des deux bruyères qu’il avait commandé. Et un monsieur mal élevé n’a pas répondu à mes mails – et comme j’avais payé la somme due à Hermann, une poker morta est venue rejoindre ses copines.

La première morta est épatante avec les latakia. La bruyère s’est révélée avec les virginies. La troisième morta met plus de temps, elle est plus timide que la première.

Le succès d’Hermann est mérité, vraiment. Il s’est fait connaitre en France, un peu plus qu’il ne l’était. Et je connais un américain et un coréen qui sont ravis de la leur.

Et nous voici maintenant en 2011. Cette fois, c’est Flavio qui a pris les choses en main. Flavio aime beaucoup les Ardor. Encore une marque dont on a beaucoup parlé à un moment, et moins depuis quelques temps. J’en ai une, depuis bientôt 8 ans. Elle m’avait tapé dans l’œil. Je la voulais pour mon anniversaire, mais il y avait un souci de carte bleue sur ce site américain … C’est grâce à Erwin que j’ai pu la recevoir chez moi. J’ai eu des propositions pour cette pipe. Je la fume le mardi. Je ne me vois pas m’en séparer.

Damiano Rovera nous a donc proposé quelques formes. Je crois que le oui est acquis. A suivre …