31 mars 2010

Le site de Trever et Emily Talbert est rouvert !


Je m'en vais pour une fois, donner une information, ce qui n'est pas dans mes habitudes. Quand j'ai des informations, je n'en fais pas un sujet de billet, mais un message sur mon groupe.

Non, je vais faire mieux mieux que de vous donner une information, je vais vous donner une bonne nouvelle !

Après un long temps d'attente, le site de Trever et d'Emily Talbert est de nouveau ouvert !

Comme je ne veux pas que vous perdiez plus de temps, vous pourrez toujours revenir après, allez vite ici :

http://www.talbertpipes.pair.com/

C'est une ouverture en plusieurs temps, puisque les Goblins seront présentées la semaine prochaine, et les Talbert Briar la semaine suivante - mais vous allez déjà pouvoir vous précipiter sur les Ligne Bretagne, sur les bourre-pipes en bois rares, travaillés de superbe manière, les bijoux, les stylos ...

Vous voyez, vous avez de quoi faire - et personnellement, si je n'étais pas dans une grosse dèche, il y a deux bourre-pipes qui auraient déjà trouvés preneurs.

Je ne pouvais pas passer à côté de cela, parce que les Talbert sont arrivés en France, en Bretagne, l'année même où j'ouvrais le premier forum des Fumeurs de Pipe - méfiez-vous des imitations. Trever a été le second pipier à rejoindre notre groupe. En 2006, il avait créé la Pipe du Groupe, une magnifique poker, je fumais encore tout à l'heure mon exemplaire.

Hélas, si Trever disait que "c'est en France que les choses se passent", s'il était un fervent admirateur d'Alain Albuisson, et d'autres, je dois dire, à grand regret, qu'on ne lui a pas fait la place qu'il méritait chez nous. Une bonne place, celle qu'il méritait. On ne l'a pas invité à la table. Il aura fallu attendre un concours pour que l'on s'aperçoive, à Saint-Claude, des talents outre-atlantique. On prépare des coups, pour cette année. Mais jamais on a eu la bonne idée d'inviter Trever. De le recevoir.De travailler avec lui. On a annoncé sa présence à une manifestation sur la pipe, qui se voulait mondiale. Malheureusement, il n'était pas au courant, et comme les autres, au vu de la somme demandée, il a préféré rester chez lui.

Je dois aussi avouer une grande bêtise, la même peut-être : quand Trever était en France, je ne suis jamais allé le voir. Et quand j'ai eu la chance de rencontrer Trever et Emily à Rheinbach, j'ai cru qu'une occasion de se revoir se reproduirait, et je n'ai pas profité de l'occasion comme je l'aurais du.

Pour diverses raisons, Trever et Emily ont du faire leurs bagages, et même cela n'a pas été simple. Nous attendions la remise en route.

Trever a lancé plusieurs modes, et de cela nous devons lui être gré :

il a été le premier à proposer des pipes faites à partir d'ébauchons percés, qu'il retravaillait, et de quelle manière ! A l'époque, on pouvait faire cela sans que de bons esprits se bouchent le nez en se posant la question de la provenance de telles pipes. C'est ainsi que moi et d'autres ont pu découvrir ce qui furent nos premières pipes d'artisans. J'en ai acheté plusieurs, donné une, revendu une autre, que je regrette encore. Il me reste néanmoins 4 Ligne Bretagne, et une Ligne Bretagne Collector. Ces pipes font toujours partie de mon cheptel, Les 4 LB sont mes premières pipes des quatre premiers jours de la semaine. La Collector, j'ai encore tendance à la reprendre un peu n'importe quand.

Puis, Trever avait racheté le stock de Patrice Sébilo, qui, à l'instar de son prédecesseur, Paul martel, proposait des pipes en morta, du chêne semi-fossilisé. Je crois bien que c'est lui qui, en proposant de superbes modèles, comme les Betafish, a popularisé ce matériau. Et popularisé n'est pas peu dire, regardez ici :

http://www.fumeursdepipe.net/Morta.htm

Il faudra bientôt créer une page pour citer les pipiers qui ne travaillent pas le morta.

J'ai eu la chance de posséder deux Talbert Briar, ces pipes sont maintenant entre de bonnes mains.

Et j'ai encore une Goblin, verte bien sur, avec des griffes, et tout.

Et une morta sablée.

Je suis donc bien placé pour annoncer cette bonne nouvelle : Trever et Emily peuvent enfin travailler, de nouveau, et leur esprit curieux, inventif et artistique est toujours présent, et n'a pas fini de nous surprendre.

19 mars 2010

Didier, du Caïd vend ses pipes




C'est souvent pour de mauvaises raisons que l'on est amené à vendre ses pipes. Bien sur, il y a les pipes dont on se sépare sans regrets, convaincus qu'on ne pourra faire un plus long chemin ensemble, on espère même qu'elle plaira autant à son nouveau propriétaire - mais quand c'est fini, c'est fini.

Et puis il y a celles que l'on est obligé de vendre, mais j'ai déjà abordé la question.

Pour une fois, je vais vous parler d'un cas : Didier, gérant du magasin le Caïd à Paris, s'était amusé - si j'ose dire, vu le travail que cela lui a demandé - à tailler, et oui, c'est le mot, quelques pipes. D'abord lors de son apprentissage avec Pierre Morel chez Chacom, puis pour le plaisir de recréer des formes vues ailleurs, ou pour réaliser un perçage courbe, qui est d'ailleurs un modèle du genre.

Nous avons été nombreux, connaissances et clients, à baver devant ces modèles et à lui demander, de façon plus ou moins insistante, pourquoi il ne voulait pas les vendre. Une de ses clientes, qui lui faisait des demandes répétées, a fini par lui proposer une telle somme que Didier, pour une fois, avait accepté. Mais comme nous n'avons pas les moyens de cette dame, qui malheureusement pour nous, fumeurs de pipe célibataires, est mariée, nous nous contentions de regarder ces pipes.

Didier est un cas, en ce sens qu'il a donc fait ces pipes, mais qu'il ne les a pas fumées. Ce qui est déjà regrettable en soi. C'était pour lui des modèles de son savoir-faire, qu'il préférait laisser exposés.

Voilà donc un pipier qui doit revendre des pipes qu'il gardait soigneusement de côté. Pourquoi ? Et bien, je sais bien qu'il est de bon ton d'avoir l'air d'être au courant, pour faire montre d'une sympathie à arracher des larmes aux crocodiles, mais voilà, Didier m'a demandé de ne pas rentrer dans les détails. Et il me semble d'ailleurs que le jour où il désirera que ces détails soient connus, il est assez grand pour les donner lui-même. Je vais donc résumer : Didier est dans une situation difficile. Et il se trouve qu'il a un besoin urgent, et sérieux, de fonds. Non, Didier n'est pas joueur. Non, il n'a pas braqué une banque. Ni même le musée de Saint-Claude.

Mais il doit se résoudre à vendre ces pipes. Il y a, il y aura du coup, je l'espère, quelques pipes en moins exposées dans les vitrines du Caïd. Mais le fait est là : soit Didier vend sa moto, qui lui est bien utile, soit il vend ses pipes. Nous sommes tombés d'accord pour penser que pour lui, fabriquer une pipe est beaucoup plus simple que fabriquer une moto.

Alors voilà, elles sont là :

http://www.fumeursdepipe.net/ventedidier.htm

Je sais, les images ne sont pas parfaites, mais il fallait faire vite.

Vous pouvez les regarder, avoir un coup de coeur, faire des propositions.

Il suffit de contacter Didier, mais je l'ai vu au magasin tout à l'heure : outre ses soucis du moment, Didier a beaucoup de travail. Donc, si vous lui écrivez, on espère que ce sera pour une bonne raison.

01 mars 2010

La Compagnie des Pipes

Il me fallait bien en parler ici, je n’avais pas eu le temps de le faire plus tôt. Si elle est parfois compliquée, l’aventure est amusante. Je ne sais combien de temps elle durera d’ailleurs. Mais j’ai lu ici et là des propos de gens vraiment mal informés, et il me semble qu’il me faut aussi préciser deux ou trois choses.

J’en profite pour inviter Gilles, qui voulait apporter sa réponse à un anonyme du genre fielleux. Vous me direz, inviter quelqu’un à écrire sur son blog, attention. Il y a eu des précédents fâcheux. Mais avec Gilles je suis bien tranquille. C’est un garçon sérieux. Il ne s’exprime pas en termes « pipicaca ». Vous pourrez le lire plus bas.

Voilà donc quelques mois que, lors du retour du Pipe-Show de Rheinbach, nous évoquons avec Gilles l’idée d’un site de vente. En effet, malgré toutes les assurances possibles, beaucoup craignent encore d’acheter une pipe sur un site web étranger. La sécurité des opérations, le risque de voir son colis perdu, le paiement qui peut sembler compliqué, tout cela rebute. Et si nous proposions un site français, qui proposerait de payer par CB, par Paypal bien sur parce que c’est obligatoire, et même par chèque ?

Le nom « la Compagnie des Pipes », c’est moi qui l’ai trouvé. Avant toute chose, je pense déjà au site, à la façon dont il va être présenté. Laurent, dit Kalabash, grâce à qui nous avons pu faire le voyage, trouverait très joli d’ajouter « Voyage en terres de bruyère » ? Banco !

A en lire certains, on aurait pu penser que l’affaire était faite, que d’ors et déjà nous pouvions compter sur des rentes, et que nous allions arrondir nos fins de mois avec une grande facilité. Mieux que le loto, mieux que la cagnotte, plus facile que de jouer au PMU, la vente en ligne de pipes. J’aurais bien aimé, mais ce n’est pas aussi simple.

Tout d’abord, il faut créer sa société. Gilles me conseille le statut d’auto-entrepreneur, qui sera le plus simple à monter. Très bien. Il faut dire que l’on nous explique partout qu’être auto-entrepreneur, c’est d’une simplicité enfantine. Après quelques lectures pour creuser la question, je me sens confirmé dans l’idée que c’est fastoche, qu’il suffit d’aller sur le site des auto-entrepreneurs, et qu’en deux coups de cuillère à pot, ça va être réglé.

L’opération est presque simple : vous rentrez vos coordonnées, le nom de la société, etc. … Seule petite complication : comme ça se fait par internet, il vous faut tout de même scanner votre carte d’identité, et la joindre en signant et en assurant que le type à qui le photomaton à fait la tête d’un repris de justice, c’est vous. Une fois fait, vous attendez.

Trois semaines plus tard, vous recevez un mail qui vous signale que votre dossier est à refaire. Pourquoi ? Mais voyons, on vous avait bien dit haut et fort que l’inscription se faisait sur internet, mais on glisse sur le fait qu’une fois le dossier enregistré et envoyé via le site, il faut imprimer le tout et l’envoyer … par courrier. Rebelote.

Les jours passent.

Enfin, une réponse ! Chic ! Malheureusement, on vous signale que votre demande de créer une auto-entreprise est rejetée. C’est en voulant contacter les personnes qui pourraient vous expliquer le pourquoi du comment du parce que, que je me rends compte que le dossier rejeté … n’est pas le mien. Malaise de la personne au téléphone, qui me confirme que pour moi, c’est bon, mais qu’il y a du avoir une « inversion de dossier ». Les dossiers invertis, c’est terrible. Je renvois donc celui que l’on m’a adressé par erreur.

Enfin, quelques temps plus tard, ça y est ! Vous recevez l’acte de naissance de votre société, un papier de l’Insee. Pendant ce temps-là, vous n’êtes pas resté sans rien faire, vous en êtes à la version 12 bis de votre futur site internet, et vous en êtes déjà de pas mal de sous en achats de tente à lumière et de grosses ampoules pour faire des photos. Vous n’en admirez que plus le savoir-faire de sites comme Smokingpipes, ou les photos de Trever Talbert ou David Enrique. Vous baviez déjà en voyant leurs pipes, maintenant en plus vous vous demandez bien, nom d’un chien, comment ils arrivent à faire des photos comme ça !

Bien, votre société existe. Le site, en préparation, est montré à divers pipiers. Gilles passe beaucoup de temps à les contacter, à leur dire où nous en sommes, à les tenir au courant. Ne vous reste plus qu’à créer un compte bancaire.

Vous vous rendez donc une première fois à la Poste. Vous attendez. Une dame gentille vient voir ce que vous voulez, vous écoute, et vous demande si vous avez fait un prévisionnel. Vous ne savez pas ce qu’est un prévisionnel ? Moi non plus. En gros, on vous demande de dire, de prédire plutôt, combien vous allez engranger de pognon dans l’année qui vient. Je dis à la dame que je n’en sais rien, mais que si ça peut lui faire plaisir, je peux toujours inventer. Elle me conseille de m’adresser à un comptable. Voui, ça tombe bien, je suis en fonds en ce moment. Au revoir Madame.

Là aussi, c’est fort utile, je dirais même indispensable d’avoir un Gilles sous la main. Vous lui résumez l’affaire, partagé entre « catastrophé » et « dégoûté ». Aussitôt, Gilles vous retrouve l’article exact où il est mentionné que pour créer une auto-entreprise et lui adjoindre un compte en banque, nul besoin de prévisionnel. Vous repartez à la Poste.

Là, on vous demande un nouveau truc, un code machin je ne sais plus quoi. Vous retournez chez vous, renvoyez un mail à Gilles, qui renvoie l’article où il est précisé que dans le cas d’une auto-entreprise, on ne vous donne pas un code comme celui-là. Vous repartez à la Poste.

Vous trouvez ça long ? Moi aussi. A la Poste, trop de monde, vous reviendrez le lendemain. En passant devant l’agence d’une banque privée, vous vous dites que ça va être plus simple. Vous entrez, exposez votre cas. L’hôtesse vous prend un rendez-vous avec le directeur de l’agence. Elle doit débuter, ou ils veulent faire bonne impression. Malheureusement, le rendez-vous n’est que dans dix jours. C’est loin. Vous demandez quels papiers vous devez apporter, histoire de gagner du temps, la charmante répond que c’est le directeur qui me dira ça. Vous sentez que ça va être très, très long.

Vous rentrez chez vous, allez voir le site de la Poste, il y a un numéro, vous appelez, votre dossier est enregistré dix minutes plus tard, il n’y a plus qu’à le renvoyer signé. Vous attendez après avoir obtempéré.

Les jours passent. Entretemps, les pipiers ont leurs pipes prêtes. Les rares personnes au courant de l’affaire vous demandent d’un ton intrigué « Quand ? »…

Puis vous recevez trois enveloppes, d’un coup, dans votre boite. La première vous signale que vous allez recevoir votre carte bleue. La seconde vous donne le code de votre carte bleue. La troisième contient la carte bleue. Il ne vous reste qu’à mettre de l’argent sur votre compte, pour pouvoir retirer un peu d’argent et débloquer la carte. Et même, vous allez pouvoir ouvrir un compte Paypal.

Voilà, ça y est, vous êtes presque prêts. Les pipes sont arrivées. Comme votre installation photo est au rez-de-chaussée et vous à l’étage, et qu’il faut s’y reprendre à plusieurs fois, vous vous musclez les fesses.

Puis vient l’ouverture. Vous l’annoncez bien sûr aux pipiers, et bien sûr aux membres de votre forum, si vous en avez un. Je ne vous l’ai pas dit ? J’en ai un. Beaucoup, beaucoup de messages de félicitations. Beaucoup. On vous assure que les pipes sont belles et qu’elles partiront comme des petits pains. Voilà. Et là vous attendez.

Bien sûr, ouvrir un site de vente début février, alors que les impôts vont passer, et les vacances aussi … Et puis, vous vous rendez compte que vous n’auriez pas du afficher que prochainement, vous allez proposer des pipes de Pierre Morel. Pas une bonne idée, ça. Parce que du coup les gens attendent de voir, avant de se décider. Cela dit, c’est avec beaucoup d’émotion que vous emballez le premier colis, puis le second, etc. …

Outre les réactions de sympathie que cela a engendré, il y en a, cela n’est pas surprenant, qui le sont beaucoup moins. Pour tout dire, je les attendais. Il y en a qui ne vous déçoivent jamais. On signale qu’on peut aller ailleurs sans problème : je le sais bien, voilà plus de sept ans que je signale l’existence de sites de ventes à l’étranger, et leurs mises à jour – et je continuerai. On rappelle que sur d’autres sites de vente, les vendeurs sont compétents, et qu’en cas de soucis, on peut facilement s’arranger avec eux. Je le sais, sans cela je n’en parlerai plus. Je constate d’ailleurs que ces sites ne proposent pas du tout le même choix de pipes que nous. Ayant reçu une proposition d’un pipier qui voulait travailler avec nous, je lui ai répondu qu’étant donné qu’il avait déjà un distributeur en France, que je connais, nous allions d’abord en parler avec lui. On m’invente des collaborateurs. On me conseille tel ou tel pipier. Curieux comme ceux qui ne font rien en savent toujours plus long que les autres. Et vient la grande question : quid de mon honnêteté, là-dedans ? Car enfin, c’est vrai, comment concilier l’animation d’un forum, l’animation d’un site, l’animation d’un site de vente, tout en restant impartial ? Vous le sentez venir, le conflit d’intérêt ?

Cette question, je savais qu’elle serait mise sur la table, parce que je me l’étais déjà posée moi-même. Et que d’ailleurs elle s’est déjà posée. Il y a de cela quelques années, le créateur du Forum du Chien qui Fume – le deuxième forum sur la question – m’avait proposé de m’occuper de la partie forum, alors qu’il s’occuperait de la partie vente. De fermer donc Fumeurs de Pipe, et de venir, accompagné de mes fidèles membres, sur son forum. J’avais refusé, parce que je craignais justement qu’on en vienne à me demander de tancer ou de censurer tels et tels propos tenus sur les produits vendus. Je voulais garder ma liberté, et celle de mes membres. L’affaire en était restée là, et la partie vente a été fermée depuis longtemps. Or, il se trouve que depuis, j’ai eu maintes fois l’occasion d’être rassuré sur ce point.

Les membres de mon forum ont leur quant-à-soi, certains diraient même qu’ils sont de fortes têtes. Il y a des forums où, quand une question se pose, on répond qu’on attend de savoir ce qu’en pense le boss avant de réagir. Moi, c’est le contraire. Quand arrive une embrouille, il faut demander le calme. Oui. On peut toujours le demander, mais on se rend très vite compte que beaucoup ne vous écoutent pas. Quand doit s’organiser un dîner, et que vous demandez à ceux qui pourront venir de le signaler, vous pouvez être sûr que les réponses que vous obtiendrez viendront de ceux qui ne pourront pas venir. Les autres se signaleront plus tard. Dans d’autres fils de conversation, ou en privé. Tout cela est parfois compliqué, souvent réjouissant, mais comme je le disais, rassurant.

Les membres de Fumeurs de Pipe ne se croiront pas obligé d’aimer les pipes de la Compagnie des Pipes. Si quelque chose ne va pas, ils n’hésiteront pas à le faire savoir. Et puis pour tout dire, nous espérons bien ne pas nous en tenir aux membres de Fumeurs de Pipe pour seule clientèle. Ils sont très gentils, ils nous aiment bien, nous soutiennent, mais bon. Quand ils achètent une pipe, c’est pour la pipe, pas pour nos beaux yeux.

Certains gentils anonymes ont même, je ne dirais pas sous-entendu, le sous-entendu demande une certaine finesse, ont même déclaré que si j’ouvrais ce site de vente de pipe, c’est parce que je ne travaillais pas. Comprenez bien, ce type est un raté, il se refait une vie en vendant des pipes. Je peux confirmer à ce monsieur que je regrette de ne pas travailler plus souvent, en ce moment. Je peux le confirmer d’autant plus facilement que cela nous faciliterait bien les choses. Je ne sais pas comment ça se passe entre ce monsieur et son boucher, mais quand je vais acheter un steack, le boucher me demande des sous. Ce monsieur s’imagine sans doute que les pipiers vivent d’air pur et d’eau fraiche ? Eh bien non, le pipier n’est pas un mutant. Les pipes que nous proposons, nous les achetons. Une fois la pipe revendue, et enlevés les frais, nous gagnons un peu de sous. Un peu. Hors il se trouve que, pendant un bon moment, les sous supplémentaires serviront non pas à vivre, mais à acheter de nouvelles pipes. Car il nous faut éviter deux excès : trop de pipes en vente, et trop de pipes vendues. En ce moment, nous sommes dans le deuxième excès : sur douze pipes, neuf sont parties.

Il se trouve que si je gagnais correctement ma vie, je pourrais plus facilement racheter des pipes, et proposer d’autres pipiers. Mais bon, c’est comme ça, il va falloir y aller plus doucement que je ne le voudrais. Pour l’instant, ces ventes ne nous rapportent rien. Ce site n’est pas une bouée de sauvetage. Et je serais plus à l’aise financièrement si je n’avais pas investi, avec Gilles, une certaine somme au départ.

Non, le souci pour moi est tout autre. Je ne suis pas vendeur, au départ. Je suis fumeur. Un fumeur qui reçoit des pipes, qui l’épatent. Elles sont superbes. Ces pipes, je vais devoir les regarder sous tous les angles, pour en proposer des images qui les reflètent le mieux possible. Et ça, croyez-moi, c’est dur. J’ai donc pris en photos des pipes que nous savions, par notre expérience ou par expérience d’autres, belles, bien faites, soignées. Pas le genre de pipes dont même un responsable de blog se voit obligé d’admettre qu’effectivement, il y a des défauts …

Je dois donc les traiter avec amour. Je dois les caresser : je prends les photos dans un atelier, on a beau faire, la belle pose, celle où l’on voit bien le tuyau, où il ressort particulièrement nettement, eh bien je me rends toujours compte –après- que c’est fou ce qu’un tuyau peut attirer la poussière. Et une fois les images prises, je vais devoir les mesurer. C’est-à-dire les manipuler dans tous les sens. Puis vient le travail sur ordinateur. A chaque fois, je prends la pipe et la tient devant l’écran, voulant être certain que la photo ressemble le plus possible à la pipe. Une fois tout ceci fait, je m’empresse de ranger la pipe dans sa pochette, et la pochette dans mon armoire. Oui, c’est un dur métier …

Mais enfin voilà, pour rassurer ceux qui feignent de s’inquiéter de la qualité de notre site, nous sommes heureux et fiers de proposer des pipes de nouveaux venus comme Dirk Claessen et Paul Hubartt, et de pipiers confirmés comme Jürgen Moritz, Hermann Hennen, et Pierre Morel. Et d’autres arrivent. Maintenant, comme le rappelle un grand penseur, ce qui compte, c’est la qualité du service. Eh bien, mettez-nous à l’épreuve.

Bon, mes billets sur ce blog sont plus rares, mais plus long. Et pour ceux qui en auraient soupé de ma prose, le meilleur pour la fin, le mot de Gilles :

Monsieur l'anonyme

Je crois qu'il est temps de dissiper un malentendu... La Compagnie des Pipes n'est pas une œuvre philanthropique !!

Pour une simple et bonne raison, c'est que si elle veut parvenir à durer dans le temps, elle a besoin d'être au moins rentable. Donc, les recettes doivent couvrir les dépenses, voire un peu plus pour espérer augmenter et diversifier l'offre.

Il existe donc bel et bien une petite part de bénéfices qui, pour l'instant, est totalement réinvestie. Lorsque la CdP aura atteint un rythme de croisière, si elle y parvient car rien n'est acquis, il y aura peut-être un petit revenu complémentaire à espérer. Ce n'est absolument pas garanti et si cela doit se faire, où est le problème ?

L'idée est née lors du show de Rheinbach, les 8 et 9 août 2009. Dès le retour, le concept a été étudié et les premiers contacts pris. Ouverture 1er février 2010, après 6 mois de boulot. Oui, j'ai bien dit de boulot !!

Que pensiez-vous ? Que nous avons pu nous offrir les services d'une boîte informatique pour concevoir le site et le mettre en ligne ? Que dès le premier essai, la présentation et l'ergonomie était satisfaisante ?

Que croyiez-vous encore ? Que les pipiers nous ont donné un blanc-seing, sans explications et sans négociations ? Certains l'ont fait, oui, et je ne peux que les remercier pour ce témoignage de confiance et d'amitié. Mais il a bien fallu élaborer un concept, l'expliquer et convaincre des pipiers, qui n'ont pas précisément besoin de nous, de se joindre à une aventure incertaine.

Un site francophone, ouais intéressant mais faut voir... Pour ceux qui se font encore des illusions, après des mois de contacts et d'explications fournies, j'ai aujourd'hui une idée très précise de l'image de la France auprès de nos voisins ou de l'autre côté de l'Atlantique, du moins en ce qui concerne la crédibilité sur le marché de la pipe. Peanuts !! Suffit pas de vouloir lancer un site pour trouver des partenaires... faut vraiment s'investir pour expliquer, encore et encore, et pour convaincre.

Je ne m'étalerai pas sur le dossier administratif, sur les tracasseries douanières...

Enfin, vous pensiez que tout ça c'est fait gratuitement, sans mettre la main à la poche ?

La marchandise et les fournitures seraient donc gratuites, les frais et les charges inexistants ?

Dans le meilleur des cas, je dis bien dans le meilleur des cas, la CdP rapportera peut-être dans l'avenir un petit revenu complémentaire, sans aucune commune mesure avec le travail consenti.

Nous savions que ce ne serait pas facile et nous n'avons pas été déçus !! Et le plus difficile ne fait que commencer car maintenant il faut être à la hauteur des espérances... Tout ça pour dire que si vous voulez éprouver votre passion, tester votre engagement et votre volonté, faîtes le... Monsieur l'anonyme.

Pour finir, concernant l'indépendance de FumeursdePipe, quelque chose a-t’ il changé depuis le lancement de la Compagnie des Pipes ? N'y parle-t ‘on plus des autres sites, commerciaux ou non ? N'y parle-t' on plus des pipiers, qu'ils soient présents ou non à la CdP ? Les mises à jour, quelles qu'elles soient, ne sont-elles plus annoncées ?

Par ailleurs, lorsque Nick Miller, un des piliers d’IPC, à lancé Quality Briar, personne n'a crié au scandale... A justes raisons. Mais c'est vrai, il ne s'agissait pas d'une vaine et inintéressante rivalité franco-française.

La Compagnie des Pipes n'est pas une œuvre philanthropique, c'est un luxe qu'elle ne peut s'offrir, mais peut-être une entreprise où les mots respect, confiance et amitié ont un sens...

Gilles